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Xavier de Maistre

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Xavier de Maistre.

Xavier de Maistre (1763-1852) est un écrivain, peintre et militaire savoyard, frère de l’homme politique et philosophe contre-révolutionnaire Joseph de Maistre.

Voyage autour de ma chambre, 1794

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Qu'il est glorieux d'ouvrir une nouvelle carrière, et de paraître tout à coup dans le monde savant, un livre de découvertes à la main, comme une comėte inattendue étincèle dans l'espace.
  • Voyage autour de ma chambre, Xavier de Maistre, éd. Joseph de Maistre, 1794, chap. I, p. 3


Le plaisir qu'on trouve à voyager dans sa chambre est à l'abri de la jalousie inquiéte des hommes, il est indépendant de la fortune.
  • Voyage autour de ma chambre, Xavier de Maistre, éd. Joseph de Maistre, 1794, chap. I, p. 4


Il n'en est pas de plus attrayante, selon moi, que de suivre ses idées à la piste, comme le chasseur poursuit le gibier, sans affecter de tenir aucune route [...].
  • Voyage autour de ma chambre, Xavier de Maistre, éd. Joseph de Maistre, 1794, chap. IV, p. 14


C'est un excellent meuble qu'un fauteuil, il est sur-tout de la dernière utilité pour tout homme méditatif. Dans les longues soirées d'hiver, il est quelquefois doux, et toujours prudent de s'y étendre mollement, loin du fracas des assemblées nombreuses.
  • Voyage autour de ma chambre, Xavier de Maistre, éd. Joseph de Maistre, 1794, chap. IV, p. 15


Un lit nous voit naître et nous voit mourir: c'est le théatre variable où le genre humain joue, tour à tour, des drames intéressans, des farces risibles et des tragédies épouvantables. — C'est un berceau garni de fleurs; — c'est le trône de l'amour; — c'est un sépulcre.
  • Voyage autour de ma chambre, Xavier de Maistre, éd. Joseph de Maistre, 1794, chap. V, p. 19-20


Je me suis apperçu par diverses observations, que l'homme est composé d'une ame et d'une bête. — Ces deux êtres sont absolument distincts, mais tellement emboîtés l'un dans l'autre, ou l'un sur l'autre, qu'il faut que l'ame ait une certaine supériorité sur la bête pour être en état d'en faire la distinction.

Je tiens d'un vieux professeur, (c'est du plus loin qu'il me souvienne) que Platon appellait la matière l'autre. C'est fort bien, mais j'aimerais mieux donner ce nom par excellence à la bête qui est jointe à notre ame. C'est réellement cette substance qui est l'autre, et qui nous lutine d'une manière si étrange. On s'apperçoit bien en gros que l'homme est double, mais c'est, dit-on, parcequ'il est composé d'une ame et d'un corps; et l'on accuse ce corps de je ne sais combien de choses, bien mal-à -propos assurément, puisqu'il est aussi incapable de sentir que de penser. C'est à la bête qu'il faut s'en prendre, à cet être sensible, parfaitement distinct de l'ame, véritable individu, qui a son existence séparée, ses goûts, ses inclinations, sa volonté, et qui n'est au-dessus des autres animaux, que parce qu'il est mieux élevé, et pourvu d'organes plus parfaits. Messieurs et Mesdames, soyez fiers de votre intelligence tant qu'il vous plaira; mais défiez-vous beaucoup de l'autre, sur-tout quand vous êtes ensemble.

J'ai fait je ne sais combien d'expériences sur l'union de ces deux créatures hétérogènes. Par exemple, j'ai reconnu clairement que l'amé peut se faire obéir par la bête, et que, par un fâcheux retour, celle-ci oblige très-souvent l'ame d'agir contre son gré. Dans les règles, l'une a le pouvoir législatif, et l'autre le pouvoir exécutif; mais ces deux pouvoirs se contrarient souvent. — Le grand art d'un homme de génie est de savoir bien éléver sa bête, afin qu'elle puisse aller seule, tandis que l'ame, délivrée de cette pénible accointance peut s'élever jusqu'au ciel.
  • Voyage autour de ma chambre, Xavier de Maistre, éd. Joseph de Maistre, 1794, chap. VI, p. 22-25


[...] la discussion réveille l'objection, — et tout finit par le doute.
  • Voyage autour de ma chambre, Xavier de Maistre, éd. Joseph de Maistre, 1794, chap. XXV, p. 91


Hélas! il est si rare que la laideur se reconnaisse et casse le miroir! en vain les glaces se multiplient autour de nous, et réfléchissent avec une exactitude géométrique la lumière et la vérité, au moment où les rayons vont pénétrer dans notre œil, et nous peindre tels que nous sommes, l'amour-propre glisse son prisme trompeur entre nous et notre image, et nous présente une divinité.
  • Voyage autour de ma chambre, Xavier de Maistre, éd. Joseph de Maistre, 1794, chap. XXVII, p. 100


Enfin, les perceptions de l'esprit, les sensations du cœr, les souvenirs même des sens sont pour l'homme des sources inépuisables de plaisirs et de bonheur.
  • Voyage autour de ma chambre, Xavier de Maistre, éd. Joseph de Maistre, 1794, chap. XL, p. 162-63


Les vêtemens [sic] ont tant d'influence sur l'esprit des hommes, qu'il est des valétudinaires qui se trouvent beaucoup mieux lorsqu'ils se voyent en habit neuf et en perruque bien poudrée: on en voit qui trompent ainsi le public et eux-mêmes par une parure soutenue ; — ils meurent un beau matin tout coëffés, et leur mort frappe tout le monde.
  • Voyage autour de ma chambre, Xavier de Maistre, éd. Joseph de Maistre, 1794, chap. XLI, p. 166


Expédition nocturne autour de ma chambre, 1825

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Malheur à celui qui ne peut être seul un jour de sa vie sans éprouver le tourment de l’ennui, et qui préfère, s’il le faut, converser avec des sots plutôt qu’avec lui-même !


Spectateur éphémère d’un spectacle éternel, l’homme lève un instant les yeux vers le ciel, et les referme pour toujours ; mais, pendant cet instant rapide qui lui est accordé, de tous les points du ciel et depuis les bornes de l’univers, un rayon consolateur part de chaque monde et vient frapper ses regards, pour lui annoncer qu’il existe un rapport entre l’immensité et lui, et qu’il est associé à l’éternité.
  • « Expédition nocturne autour de ma chambre » (1825), chap. XIII, dans Œuvres complètes, Xavier de Maistre, éd. Charpentier, 1840, p. 151 (texte intégral sur Wikisource)


En effet, la plupart de nos plaisirs n’étant autre chose qu’un jeu de l’imagination, il est essentiel de lui présenter une pâture innocente pour la détourner des objets auxquels nous devons renoncer, à peu près comme l’on présente des joujoux aux enfants lorsqu’on leur refuse des bonbons.
  • « Expédition nocturne autour de ma chambre » (1825), chap. XXVIII, dans Œuvres complètes, Xavier de Maistre, éd. Charpentier, 1840, p. 184 (texte intégral sur Wikisource)


O Temps ! divinité terrible ! ce n’est pas ta faux cruelle qui m’épouvante ; je ne crains que tes hideux enfants, l’Indifférence et l’oubli, qui font une longue mort de ces trois quarts de notre existence.
  • « Expédition nocturne autour de ma chambre » (1825), chap. XXVI, dans Œuvres complètes, Xavier de Maistre, éd. Charpentier, 1840, p. 181 (texte intégral sur Wikisource)


Les deux étranges machines, m’écriai-je alors, que la tête et le cœur de l’homme! Emporté tour à tour par ces deux mobiles de ses actions dans deux directions contraires, la dernière qu’il suit lui semble toujours la meilleure! O folie de l’enthousiasme et du sentiment! dit la froide raison; ô faiblesse et incertitude de la raison! dit le sentiment. Qui pourra jamais, qui osera décider entre eux?
  • « Expédition nocturne autour de ma chambre » (1825), chap. XXIX, dans Œuvres complètes, Xavier de Maistre, éd. Charpentier, 1840, p. 186-87 (texte intégral sur Wikisource)


Le gouvernement est-il bon? la patrie est dans toute sa force; devient-il vicieux? la patrie est malade; change-t-il? elle meurt. C’est alors une nouvelle patrie, et chacun est le maître de l’adopter ou d’en choisir une autre.
  • « Expédition nocturne autour de ma chambre » (1825), chap. XXXII, dans Œuvres complètes, Xavier de Maistre, éd. Charpentier, 1840, p. 203-204 (texte intégral sur Wikisource)


[…] les souvenirs du bonheur passé sont les rides de l’âme !
  • « Expédition nocturne autour de ma chambre » (1825), chap. XXXVIII, dans Œuvres complètes, Xavier de Maistre, éd. Charpentier, 1840, p. 217 (texte intégral sur Wikisource)


[…] à force d’être malheureux on finit par devenir ridicule.
  • « Expédition nocturne autour de ma chambre » (1825), chap. XXXVIII, dans Œuvres complètes, Xavier de Maistre, éd. Charpentier, 1840, p. 218 (texte intégral sur Wikisource)


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