Visage
Chanson
[modifier]C'est la fleur de l'âge au beau milieu des orties
Une fleur sans âge un peu fanée mais jolie
C'est la fleur de l'âge dans son cortège d'inepties
Juste un beau visage qui a traversé la vie
- La Fleur de l'âge, Tristan Nihouarn, Matmatah, album La Cerise (2007 chez Barclay).
Littérature
[modifier]- Yougoslavie, années 1950
- Œuvres, Nicolas Bouvier, éd. Gallimard, 2004 (ISBN 9 782070 770946), partie L’usage du monde, p. 134
- Œuvres, Nicolas Bouvier, éd. Gallimard, 2004 (ISBN 9 782070 770946), partie L’usage du monde, p. 341
- Œuvres, Nicolas Bouvier, éd. Gallimard, 2004 (ISBN 9 782070 770946), partie L’île sans mémoire, p. 665
- Œuvres, Nicolas Bouvier, éd. Gallimard, 2004 (ISBN 9 782070 770946), partie L’île sans mémoire, p. 665
Est-ce tout ? Est-ce bien tout ce que je ressentais devant un visage ? Je savais pertinemment que non. Pour que l'univers, à partir de rien, de la matière la plus informe, après tant d'aveugles tâtonnements, ait abouti à un visage, sans cesse renouvelé, chaque fois singulier, il avait bien fallu qu'il y eût un secret caché quelque part. Pour que le visage soit devenu ce réceptacle où se concentrent tous les sons et tous les sens essentiels, il fallait bien qu'à l'origine ait surgi un incommensurable besoin de voir, d'ouïr, de sentir et de dire, et surtout de réunir le tout sous un seul masque sans lequel le voir, l'ouïr, le sentir et le dire ne seraient que des débris. Et à ce masque vient s'accrocher de temps à autre la beauté, ce qu'on appelle « la beauté » pour exercer son pouvoir.
Dao-Sheng enfin avance, sans oser la dévisager. Il présente son bol, attend qu’on le remplisse. Au moment de dire merci, il dirige son regard vers elle et voit, si proche, le visage qu’il a porté en lui durant de si longues années ! Cet éclair lui suffit pour retrouver l’image qu’il chérit. A travers la pâleur, à travers la tristesse, à travers les sourcils légèrement tombants et les joues à peine distendues, il retrouve toute la pureté de lignes de son visage et toute la simplicité de son regard qui jadis lui avait brisé le cœur.
- L'éternité n'est pas de trop (2002), François Cheng, éd. Albin Michel, 2021 (ISBN 978-2-226-12702-0), p. 49
Le visage est ce trésor unique que chacun offre au monde. C'est bien en terme d'offrande, ou d'ouverture, qu'il convient de parler du visage. Car le mystère et la beauté d'un visage, en fin de compte, ne peuvent être appréhendés et révélés que par d'autres regards, ou par une lumière autre. À ce propos, admirons ce beau mot de visage en français. Il suggère un paysage qui se livre et se déploie, et, en lien avec ce déploiement, l'idée d'un vis-à-vis.
- Cinq méditations sur la beauté (2006), François Cheng, éd. Albin Michel, 2017 (ISBN 978-2-226-40042-0), p. 63, 64
Par-delà les paysages et les corps, l’art occidental est parmi tous les arts du monde celui qui a le plus dévisagé le visage, le plus scruté toutes les facettes de son mystère. Mystère de sa beauté émouvante, mystère non moins hallucinant de sa capacité à glisser vers les hideuses grimaces. Entre beauté et hideur se concentre sur un visage toute une gamme d’expressions à travers lesquelles la vie irrévélée cherche à se dire : tendresse, ravissement, jubilation, élan et quête, extase, solitude, mélancolie, colère, désolation, désespoir… Parmi tous ceux qui ont sondé ce mystère, Rembrandt, qui vient après les grands Renaissants, est certainement digne d’occuper la place la plus éminente.
- Cinq méditations sur la beauté (2006), François Cheng, éd. Albin Michel, 2017 (ISBN 978-2-226-40042-0), p. 140
Lorsqu'on regarde un artiste faire un portrait, on voit qu'il commence par dessiner un ensemble de contours, pour que le visage « prenne chair » dans un espace. Vient le moment magique où, au moyen de quelques traits, il fait apparaître les yeux. Alors une percée se fait, et on plonge dans une profondeur insaisissable. Ce que les deux perles reflètent et diffusent est un véritable monde comparable à un ciel marin de Bretagne, inépuisable jeu d'ombre et de lumière. S'y joue un secret sans cesse révélé qui dépasse la dimension de la chair, au sens organique du mot.
Ainsi puis-je me rappeler que Desnos avait les yeux exorbités. Deux huîtres dans leur coquille qui reflétaient, dans leur passivité glauque et rauque, le mouvement de la mer. Au bord, au commencement, de sa mer, il y avait une plage, de sable le jour, de chair la nuit. Sur la lande près de la plage, dans un verger trop fleuri, une fille s’était laissée choir à terre et m’avait demandé de passer l’après-midi entier à lui presser des géraniums entre les seins.
- « La Période des sommeils », René Crevel, This Quarter vol. 5, nº 1, Septembre 1932, p. 1
- La Sagesse de l'amour, Alain Finkielkraut, éd. Gallimard, 1984 (ISBN 2-07-032469-9), partie II, chap. La souffrance, p. 71 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
Ce n'était pas les traits réguliers et fins de son visage qui en faisaient surtout la beauté. C'était son teint d'un rose mat, puéril et chaud en même temps, qui lui donnait une sorte d'ingénuité ardente, de passion qui s'ignorait elle-même.
Et puis ses yeux d'un gris profond et tendre comme du velours. Il y avait en eux une telle amitié pour l'univers que moi-même en fus ému. Et je ne sais pourquoi je n'osai obéir à mon premier mouvement qui avait été de la souiller.
- Les Cœurs purs, Joseph Kessel, éd. Gallimard, 1934, p. 130
- Citation choisie pour le 4 octobre 2016.
Le sang de l'agneau
- Le Musée noir, André Pieyre de Mandiargues, éd. Gallimard, 1946 (ISBN 2-07-071990-1), Le sang de l'agneau, p. 17
Mo Yan
[modifier]- L'auteur est chinois
- Beaux seins, belles fesses (2001), Mo Yan (trad. N. et L. Dutrait), éd. Seuil, coll. « Points », 2004 (ISBN 9 782020 799096), chap. 51, p. 774
Vladimir Nabokov, Le Mot, 1923
[modifier]- À propos d'un ange.
- « Le Mot », Vladimir Nabokov (trad. Bernard Kreise), Le Magazine Littéraire, nº 495, Mars 2010, p. 11
- L'enchanteur (1939), Vladimir Nabokov (trad. Gilles Barbedette), éd. Seuil (Points), 1986, p. 32-33
Gérard de Nerval, Les Filles du feu, 1834
[modifier]Sylvie
- Les Filles du feu (1834), Gérard de Nerval, éd. Maxi-Livres, coll. « Maxi-Poche Classiques Français », 1997 (ISBN 2-8771-4348-1), partie Sylvie — Souvenir du valois, VI. Othys, p. 123
Alain Vircondelet, Charles de Foucauld, 1997
[modifier]Le visage de Foucauld dans ces années-là change de traits. Il s'effile encore, ne possède plus cet air à peine poupin et jovial qu'un cliché de 1900 révèle, un collier de barbe, la moustache dévorent son visage, où n'habitent plus que ses yeux, brillants, vifs et mobiles, insoutenables à ceux qui mentent et trichent. C'est un visage qui absorbe, appelle et interroge. Un regard qui, sans qu'on ne lui demande rien, renvoie à sa propre interrogation, un regard qui confesse.
- Charles de Foucauld, Alain Vircondelet, éd. Les éditions du Rocher, 1997 (ISBN 9782268026619), p. 251, 252
- Les Vagues (1931), Virginia Woolf (trad. Michel Cusin), éd. Gallimard, 2012 (ISBN 978-2-07-044168-6), p. 65