Vieillesse
La vieillesse est l'âge ultime de l'être humain, qui succède à l'âge mûr, appelé aussi par euphémisme « troisième âge » (on nomme parfois quatrième âge le moment où l'on devient dépendant, qui correspondait dans la décennie 1990 au moment où on bénéficiait de l'aide physique de ses enfants nouvellement retraités).
Antiquité, Moyen-Age
[modifier]- Traité des devoirs (44 av. J.C.), Cicéron (trad. Gallon La-Bastide), éd. Victor Lecou, 1850, p. 104
- Citation choisie pour le 25 février 2011.
Renaissance
[modifier]Mes yeux, soyez certains
Que le temps passe et que l'heure s'approche
Qui ferme le passage aux tristes larmes.
- Poésies (1503-1560), Michel-Ange (trad. Michel Orcel), éd. Imprimerie Nationale, 1993, p. LXIX
Ici je suis reclus de même que la moelle
Dans son écorce, plein de misère et seul,
Comme l'est un esprit lié dans une ampoule;
(…)
On voit près de mon seuil des crottes de géant,
Car ceux, autant qu'ils sont, qui prennent une purge
Ou mangent du raisin, ne vont ailleurs chier.
(…)
J'ai l'œil battu, poché, couleur de prune,
Les dents comme des touches d'instrument :
Ma voix sonne et s'arrête en les branlant.
(…)
Je suis perdu si je ne meurs très vite.
- Poésies (1503-1560), Michel-Ange (trad. Michel Orcel), éd. Imprimerie Nationale, 1993, p. LXXIX
Je n'ai plus que les os un squelette je semble
Décharné, dénervé, démusclé, dépoulpé,
Que le trait de la Mort sans pardon a frappé,
Je n'ose voir mes bras que de peur je tremble.
- Ronsard par lui-même, Gilbert Gadoffre, éd. Seuil, coll. « Ecrivains de toujours », 1960, p. 177
Quand vous serez bien vieille, au soir à la chandelle,
Assise auprès du feu, dévidant et filant,
Direz, chantant mes vers, en vous émerveillant,
- « Sonnets pour Hélène », dans Les œuvres de Pierre de Ronsard (1578), Pierre de Ronsard, éd. Buon, 1609, poème XLII, p. 281 (texte intégral sur Wikisource)
- Essais, Livre III (1588), Michel de Montaigne, éd. Flammarion, 1979, p. 33
- Citation choisie pour le 26 avril 2011.
XVIIè siècle
[modifier]Pour moy, ie cede aux ans ; Et ma teste chenuë,
M’apprend qu’il faut quitter les hommes, et le jour,
Mon sang se refroidit. Ma force diminuë ;
Et ie serois sans feu, si j’estois sans Amour.
- Les Œuvres de Maynard, La belle Vieille ODE, François Maynard, éd. A. Courbé (Paris), 1646, p. 260, v. 57-60
Saint Evremond
[modifier]- « A M. le Maréchal de Créqui » (1671), dans Œuvres mêlées de Saint Evremond, Saint-Evremond, éd. Les Grands Classiques Illustrés, ~1935?, p. 274
- Citation choisie pour le 8 décembre 2011.
- « A M. le Maréchal de Créqui » (1671), dans Œuvres mêlées de Saint Evremond, Saint-Evremond, éd. Les Grands Classiques Illustrés, ~1935?, p. 277
Corneille
[modifier]N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?
Et ne suis-je blanchi dans les travaux guerriers
Que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers ?
Mon bras, qu'avec respect toute l'Espagne admire,
Mon bras, qui tant de fois a sauvé cet empire,
Tant de fois affermi le trône de son roi,
Trahit donc ma querelle, et ne fait rien pour moi ?
Ô cruel souvenir de ma gloire passée !
Œuvre de tant de jours en un jour effacée !
Nouvelle dignité, fatale à mon bonheur !
Précipice élevé d'où tombe mon honneur !
Faut-il de votre éclat voir triompher le Comte,
Et mourir sans vengeance, ou vivre dans la honte ?
Comte, sois de mon prince à présent gouverneur :
Ce haut rang n'admet point un homme sans honneur ;
Et ton jaloux orgueil, par cet affront insigne,
Malgré le choix du Roi, m'en a su rendre indigne.
Et toi, de mes exploits glorieux instrument,
Mais d'un corps tout de glace inutile ornement,
Fer, jadis tant à craindre et qui, dans cette offense,
M'as servi de parade, et non pas de défense,
Va, quitte désormais le dernier des humains,
Passe, pour me venger, en de meilleures mains.
- Monologue de Don Diègue après l'insulte du Comte
- Le Cid, Pierre Corneille, éd. Larousse, 2007, acte I, scène 4, p. 20 vers 237-260 (texte intégral sur Wikisource)
- Réflexions ou Sentences et Maximes morales, François de La Rochefoucauld, éd. Claude Barbin (Paris), 1665, p. , max. 422
- Citation choisie pour le 20 juin 2018.
Je voudrais bien, au moins, ménager de ne pas aller plus loin, de ne point avancer dans ce chemin des infirmités, des douleurs, des pertes de mémoire, des défigurements qui sont près de m’outrager ; et j’entends une voix qui dit : « Il faut marcher malgré vous, ou bien, si vous ne voulez pas, il faut mourir », qui est une autre extrémité à qui la nature répugne. Voilà pourtant le sort de tout ce qui avance un peu trop.
- 29 novembre 1689, tome 3
- Madame de Sévigné, Geneviève Haroche-Bouzinac, éd. Flammarion, 2023, p. 420
XVIIIè siècle
[modifier]Etienne Pavillon
[modifier]Il n'est pas vrai que la vieillesse
Ramène chez nous le bon sens :
Ce que l'on y voit de sagesse
N'est que l'effet de la faiblesse,
Qui rend les désirs impuissants.
En vain elle paraît renoncer aux délices,
Qui firent autrefois son crime et son erreur ;
Rendez à tous ses sens leur première vigueur,
Vous verrez aussitôt revivre tous ses vices.
- Œuvres, Etienne Pavillon, éd. Henri du Sauzée, 1720, p. 232-233
- Œuvres de Madame la Marquise de Lambert, Anne-Thérèse, marquise de Lambert, éd. Ganeau, 1748, t. I, p. 63
XIXè siècle
[modifier]- Pensées (~1780-1824), Joseph Joubert, éd. Librairie Vve Le Normant, 1850, t. 1, p. 216 (texte intégral sur Wikisource)
- Citation choisie pour le 25 juin 2011.
- Pensées (~1780-1824), Joseph Joubert, éd. Librairie Vve Le Normant, 1850, t. 1, p. 219 (texte intégral sur Wikisource)
- Pensées (~1780-1824), Joseph Joubert, éd. Librairie Vve Le Normant, 1850, t. 1, p. 222 (texte intégral sur Wikisource)
- Pensées (~1780-1824), Joseph Joubert, éd. Librairie Vve Le Normant, 1850, t. 2, p. 133 (texte intégral sur Wikisource)
- « Le Chevalier de Méré ou De l’honnête homme au XVIIe siècle », Sainte-Beuve, Revue des Deux Mondes, vol. T. 21 1848 (texte intégral sur Wikisource) (lire en ligne)
Lamartine
[modifier]On voudrait revenir à la page où l'on aime,
Et la page où l'on meurt est déjà sous nos doigts !
- « Vers sur un album », dans Œuvres complètes, Alphonse de Lamartine, éd. Gosselin, Furne, Pagnerre, 1847, t. 2 (« Poésies diverses »), livre troisième, poème II (« Milly ou la terre natale »), p. 367 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
Gérard de Nerval, Les Filles du feu, 1834
[modifier]- Les Filles du feu (1834), Gérard de Nerval, éd. Maxi-Livres, coll. « Maxi-Poche Classiques Français », 1997 (ISBN 2-8771-4348-1), partie Sylvie — Souvenir du valois, VI. Othys, p. 123
Le vieillard, qui revient vers la source première,
Entre aux jours éternels et sort des jours changeants;
Et l’on voit de la flamme aux yeux des jeunes gens,
Mais dans l’œil du vieillard on voit de la lumière.
- La Légende des siècles, Booz endormi, Victor Hugo, éd. Garnier-Flammarion, 1967, t. 1, p. 97, v. 21-24
L'apollon de Pont-Audemer
Plus tard, soit que le sort, l'épargne ou le désigne,
On le verra, bon vieux, barbe blanche, œil terni,
S'éteindre doucement, comme un jour qui finit.
Ou bien, humble héros, martyr de la consigne,
Au fond d'une tranchée obscure ou d'un talus
Rouler, le crâne ouvert par quelque éclat d'obus.
- 9 sept. 1864
- Œuvres poétiques, Paul Verlaine, éd. Jean de Bonnot, 1975, t. 7, p. 215, vers 9-14
Et sur la lame j’ai poursuivi les Sirènes
Émergeant à mi-corps, poissonneuses et nues ;
Mais la vieillesse aussi pour elles est venue,
Sournoise, qu’elle guette, ou brusque, quelle assaille ;
Le sourire se clôt et la croupe s’écaille,
La blanche chair se hâle aux morsures du vent ;
L’écume aux cheveux roux mêle des cheveux blancs.
- « Eglogue marine », dans Les jeux rustiques et divins, Henri de Régnier, éd. Mercure de France, 1897, p. 150
Grave et sobre, au milieu des rustiques pensées,
Il a vécu son heure et vieilli solitaire.
Son pas est lourd ; son dos se courbe vers la terre ;
Il surveille la meule et visite les ruches.
Car sa main s’engourdit et son pied las trébuche.
- « Epitaphe pastorale », dans Les jeux rustiques et divins, Henri de Régnier, éd. Mercure de France, 1897, p. 168
- Corinne ou l'Italie (1807), Madame de Staël, éd. Gallimard, coll. « Folio Classique », 1985 (ISBN 978-2-07-037632-2), Livre XIX, chapitre 4, p. 545
- Le portrait de Dorian Gray (1891), Oscar Wilde (trad. Eugène Tardieu et Georges Maurevert), éd. Albert Savine, 1895, p. 306 (texte intégral sur Wikisource)
XXè siècle
[modifier]- Yougoslavie, années 1950
- Œuvres, Nicolas Bouvier, éd. Gallimard, 2004 (ISBN 9 782070 770946), partie L’usage du monde, p. 134
- Journal d'un vieux dégueulasse (1982), Charles Bukowski, éd. Grasset & Fasquelle, coll. « Le Livre de Poche », 1967 (ISBN 978-2-253-03621-0), La grande défonce, p. 209
- Dans la bouche d'un chef d'entreprise largement sexagénaire
- Le monde des merveilles (1975), Robertson Davies (trad. Lisa Rosenbaum), éd. Payot, 1999, p. 411
- Réflexions sur la vieillesse et la mort, Marcel Jouhandeau, éd. Bernard Grasset, 1956, p. 94 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
- Réflexions sur la vieillesse et la mort, Marcel Jouhandeau, éd. Bernard Grasset, 1956, p. 123 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
- Meurtriers sans visage (1991), Henning Mankell (trad. Philippe Bouquet), éd. Points Seuil, 1994 (ISBN 2-267-01605-2), p. 14
Le Président
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- À Chalamont.
Paul Valéry, Œuvres II, 1941
[modifier]- Œuvres II (1941), Paul Valéry, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1960, chap. Moralités, p. 541
XXIè siècle
[modifier]- (es) En la vejez todo es triste y ridículo: hasta el miedo de morir.
- (es) Diario de la guerra del cerdo, Adolfo Bioy Casares (trad. Wikiquote), éd. Émece, 2003 (ISBN 9500424452), p. 69
- Le Jeu de l'ange, Carlos Ruiz Zafón (trad. François Maspero), éd. Robert Laffont, 2009, p. 260
Jean-Pierre Dufreigne
[modifier]- L’affaire Dieu, Jean-Pierre Dufreigne, éd. Plon, 2008, p. 166
- Juste un regard (2004), Harlan Coben (trad. Roxanne Azimi), éd. Pocket (n°12897), 2007 (ISBN 978-2-266-15972-2), chap. 23, p. 234
- Juste un regard (2004), Harlan Coben (trad. Roxanne Azimi), éd. Pocket (n°12897), 2007 (ISBN 978-2-266-15972-2), chap. 23, p. 235
Benoîte Groult, La Touche étoile
[modifier]- La Touche étoile, Benoîte Groult, éd. Le Livre de Poche, 2006, p. 10
- La Touche étoile, Benoîte Groult, éd. Le Livre de Poche, 2006, p. 13
- La Touche étoile, Benoîte Groult, éd. Le Livre de Poche, 2006, p. 29
- La Touche étoile, Benoîte Groult, éd. Le Livre de Poche, 2006, p. 120
- La Touche étoile, Benoîte Groult, éd. Le Livre de Poche, 2006, p. 138-139
- La Touche étoile, Benoîte Groult, éd. Le Livre de Poche, 2006, p. 188
Claude Luezior, Soleil levant
[modifier]- Soleil levant, Claude Luezior, éd. L'Harmattan, 2009, p. 43
ISBN=978-2-296-10013-8
Voir aussi
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