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La Tunisie, officiellement la République tunisienne, est un pays d'Afrique du Nord, dont le territoire est bordé par la mer Méditerranée au nord et à l'est, par la Libye au sud-est et par Algérie à l'ouest. La Tunisie se distingue par ses côtes méditerranéennes, ses villes historiques telles que Tunis et Carthage, et son riche patrimoine culturel qui mêle influences arabes, berbères et méditerranéennes.
Le Roi, en fuyant, avoit laissé tomber son bonnet, qui fut trouvé sur le champ de bataille ; il étoit de velours écarlate et garni d’une fourrure de petit-gris : la ville de Damiette fut rendue après avoir resté onze mois et sept jours entre les mains des Français. Moyennant la reddition de cette place, le Roi, la Reine, son frère et les seigneurs qui étoient avec lui, recouvrèrent la liberté. À peine ce prince fut-il retourné dans sa patrie, qu’il leva une nouvelle armée, passa en Afrique et mit le siège devant Tunis ; mais sa mort délivra les Tunisiens du danger qu’ils couroient : un certain Ismaël-Erreian, habitant de cette ville, fit pendant le siège ce quatrain :
Français, ignores-tu que Tunis est la sœur du Caire ? Songe au sort qui t’attend ; tu trouveras devant cette ville le tombeau, au lieu de la maison de Lokman ; et les deux terribles anges Munkir et Nakir remplaceront l’eunuque Sahib.
Manuscrits Arabes relatifs au règne de Saint-Louis, Ishaki (trad. texte établi par Claude-Bernard Petitot), éd. Kessinger Publishing, 1824, Histoire des dynasties qui ont régné en Égypte, p. 50-56
Les attaques commencent le 12 janvier [1944]. Trois semaines après, les Français ont conquis une zone profonde de 20 kilomètres, enlevé sur leur front la première position allemande, percé la seconde, fait 1 200 prisonniers, le tout sur un terrain extrêmement tourmenté et où l'ennemi engage contre les nôtres plus du tiers des forces qu'il oppose à la Ve armée. L'affaire est couronnée — on peut le dire — par l'enlèvement du Belvédère, massif organisé qui est la clef de la ligne « Gustav ». Sur cette position, plusieurs fois prise, perdue, reprise, le 4e Régiment de tirailleurs tunisiens accomplit un des faits d'armes les plus brillants de la guerre au prix de pertes énormes.
Mémoires de guerre, L'unité, 1942-1944, Charles de Gaulle, éd. éd. Plon (vol. 2), 1960, p. 267
Julie Le Gac, Vaincre sans gloire, le corps expéditionnaire français en Italie, 2013
Les crimes de 1944 en Ciociaria, autrement appelés Maroquinades, désignent une partie des violences (homicides, viols, pillages) commises contre la population civile italienne entre avril et juin 1944 par des éléments marocains, appelés Goumiers, du corps expéditionnaire français en Italie (CEF) de l'Armée d'Afrique qui servaient sous les ordres du général Juin lors de la bataille de Monte Cassino, en Italie. Considéré comme un crime de guerre, cet épisode est désigné en italien sous le nom de marocchinate — littéralement « maroquinades ». Il s'inscrit dans le cadre d'exactions commencées dès la fin 1943. Durant toute la campagne d'Italie, 207 soldats du CEF ont été traduits devant les tribunaux militaires français pour violences sexuelles et sur ce total, 39 ont été acquittés.
« Au total, 156 soldats ont été condamnés (87 Marocains, 51 Algériens, 12 Français, 3 Tunisiens et 3 Malgaches) dont 3 fusillés. Parmi les 156 condamnés, on compte un seul goumier marocain. À ces condamnés s'ajoutent « 28 tirailleurs pris en flagrant délit de viol ou de pillage à main armée » qui ont été exécutés sur le champ. Le nombre de victimes de viols durant la campagne d'Italie est difficile à estimer avec précision et fait l'objet de débats parmi les historiens, les gouvernements et les associations, les estimations variant entre 200 et 12 000 environ. »
Vaincre sans gloire, le corps expéditionnaire français en Italie, Julie Le Gac, éd. Les Belles-Lettres / ministère de la défense-DMPA, 2013, p. 428
De tous les états barbaresques qui ont été pendant longtemps des voisins si incommodes pour le midi de l’Europe, la régence de Tunis est celui qui offre les plus grands et les plus nombreux souvenirs : ce fut là que s’éleva Carthage, et ce fut de là que partirent plus tard les Arabes pour envahir l’Espagne, la Sicile et les parties les plus méridionales de la Gaule et de l’Italie. Enfin un souvenir particulier à la France, un souvenir à la fois national et religieux, se rattache pour nous à cette terre : saint Louis y mourut. Malgré tant de titres qui la désignent à notre sympathie, la régence de Tunis n’est encore cependant que peu fréquentée. Les voyageurs n’en visitent guère que la capitale, point d’arrivée de deux lignes de bateaux à vapeur, partant l’une de Marseille et l’autre de Gênes. Un séjour de cinq ans dans la régence m’a permis d’en parcourir l’intérieur dans tous les sens, et je puis dire que le beylik tunisien est la contrée du globe que je connais le mieux. Après avoir parlé avec quelque étendue de Tripoli, pittoresque marché qui unit le bassin de la Méditerranée à l’Afrique centrale ; je crois donc utile de réunir ici quelques données sur un pays qui l’avoisine, et avec lequel la France a des rapports beaucoup plus intimes, soit directement, soit indirectement par l’Algérie.
La Régence de Tunis, Le Gouvernement des beys et la Société tunisienne, Edmond Pellissier de Reynaud, éd. Revue des Deux Mondes, 1859, t. 3, p. 930-964 (lire en ligne)
Jules Duval, La Question du Maroc et les Intérêts européens en Afrique, 1859
Dans la Tripolitaine, l’Arabe a tout absorbé ; en Tunisie, le Berbère reparaît ; en Algérie, la proportion entre les deux est égale ; au Maroc, le Berbère domine, et l’Arabe lui-même a subi l’influence du milieu ambiant : il s’est fait à demi berbère par les mœurs d’abord, et souvent par le sang. Les tribus distribuées le long de la frontière algérienne sont à peu près les seules qui campent à la façon nomade des tribus arabes de l’Algérie. Partout ailleurs elles se sont plus ou moins fixées au sol par le lien de l’habitation ou du travail agricole.
La Question du Maroc et les Intérêts européens en Afrique, Jules Duval, éd. Revue des Deux Mondes, 1859, p. 935 (lire en ligne)
Les Tunisiens sont cependant moins cruels et plus civilisés que les peuples d’Alger. Ils ont recueilli les Maures d’Andalousie, qui habitent le village de Tub-Urbo, à six lieues de Tunis, sur la Medjerda. Le bey actuel est un homme habile : il cherche à se tirer de la dépendance d’Alger, à laquelle Tunis est soumise depuis la conquête qu’en firent les Algériens en 1757. Ce prince parle italien, cause avec esprit et entend mieux la politique de l’Europe que la plupart des Orientaux. On sait au reste que Tunis fut attaquée par Saint Louis en 1270 et prise par Charles Quint en 1535. Comme la mort de Saint Louis se lie à l’histoire de Carthage, j’en parlerai ailleurs.
Un de ces souks à un caractère si bizarre, que le souvenir en reste extravagant et persistant comme celui d’un songe. C’est le souk des parfums. En d’étroites cases pareilles, si étroites qu’elles font penser aux cellules d’une ruche, alignés d’un bout à l’autre et sur les deux côtés d’une galerie un peu sombre, des hommes au teint transparent, presque tous jeunes, couverts de vêtements clairs, et assis comme des bouddhas, gardent une rigidité saisissante dans un cadre de longs cierges suspendus, formant autour de leur tête et de leurs épaules un dessin mystique et régulier. Les cierges d’en haut, plus courts, s’arrondissent sur le turban ; d’autres, plus longs viennent aux épaules ; les grands tombent le long des bras. Et, cependant, la forme symétrique de cette étrange décoration varie un peu de boutique en boutique. Les vendeurs, pâles, sans gestes, sans paroles, semblent eux-mêmes des hommes de cire en une chapelle de cire. Autour de leurs genoux, de leurs pieds, à la portée des mains si un acheteur se présente, tous les parfums imaginables sont enfermés en de toutes petites boites, en de toutes petites fioles, en de tout petits sacs.
Le troisième type qui a envahi la population de Bizerte et celle du cap Bon, el qui s'infiltre en masses plus ou moins appréciables dans celles du Sahel, de Sfax et de Sousse, et même un peu de l'ile de Djerba, appartient au groupe, — réfractaire à la civilisation, — que l'on peut appeler Ibère ou Berbère proprement dit. Enfin la presqu'ile du cap Bon renferme encore d'assez nombreuses agglomérations de Maures andalous. Ce ne sont pas les seuls éléments de la population côtière. Les corsaires turcs ont introduit dans le pays de nombreux esclaves. Les supplices auxquels l'intolérance musulmane soumettait ces malheureux, déterminaient de nombreuses conversions à l'Islam. Beaucoup de sang européen coule dans les veines des bourgeois des principales villes, et surtout de Tunis. Des noms de familles musulmanes, tels que Franciz (français), Ingliz (anglais), Maltiz (maltais), Genouiz (gênois), Christou (chrétien), Blanco (blanc), Entiti (l'entêté), etc. Indiquent suffisamment leurs origines des rives du nord de la Méditerranée. L'élément turc a également jeté dans le pays — avec les janissaires ou par les mariages — de fréquents éléments de l'Europe orientale, principalement de la presqu'ile des Balkans et de la Grèce. Il était, en outre, de bon ton, chez les gens riches, de faire venir pour les épouser des esclaves blanches de Stamboul. Le manque d'argent a mis fin à ces importations. De ces mélangés est résulté, chez les Tunisiens d'une certaine classe, une grande affinité pour les femmes européennes. Les mariages avec chrétiennes ne sont pas rares. Il y aurait là une tendance à favoriser très largement. Ça peut être le seul mode d'assimilation susceptible de réussir. Cette influence longtemps continuée, a développé, chez le Tunisien, un certain gout pour l’instruction. Son aversion pour le progrès est moindre que chez les autres musulmans.
Tunisie d’antan 1886-1896,, Dr Bertholon (texte établi par Mohamed Faouzi Ben Slimene), éd. Simpact, 2008, La Population et les races en Tunisie, p. 71
Avant l’apparition des grands fondateurs, le terrain a d’abord été déblayé par une race moins fameuse, mais très résistante, car elle subsiste encore, alors que tous ses vainqueurs ont successivement disparu : ce sont les Berbères, peuple attachant et singulier, mais difficile à caractériser. Est-il nomade ou sédentaire ? sauvage ou civilisé ? Il peut être, à quelques lieues de distance, l’un ou l’autre : Berbères, les Kabyles laborieux de l’Algérie ; Berbères, les Touaregs du désert ; Berbères, les marins des îles Kerkennah, ou les paisibles jardiniers de Sfax et de Djerba.
Nos Devanciers en Tunisie, Anonyme, éd. Revue des Deux Mondes, 1898, t. 146, p. 131-151 (lire en ligne)
« Et maintenant que s’achèvent dans ma pensée tous ces voyages jeunes, ma vieillesse commencée entrevoit de retourner vers l’un de ces là-bas pour revoir, avant la fin, un peu de ce que j’ai tant aimé. La Tunisie, peut-être ? En attendant de réaliser ce rêve, qui peut ne rester qu’un rêve, c’est dans l’étude de mes vieilles grammaires arabes que je retrouve mes beaux passés enrichis d’Islam. »