Socrate
Apparence
Socrate (en grec ancien Σωκράτης / Sōkrátēs) est un philosophe grec du Ve siècle av. J.-C. (-470 à -399). Il est considéré comme l’un des inventeurs de la philosophie morale et politique. Socrate n’a laissé aucun écrit, mais sa pensée et réputation se sont transmises par des témoignages indirects. Ses disciples Platon et Xénophon ont notablement œuvré à maintenir l'image de leur maître, qui est mis en scène dans leurs œuvres respectives. ce que tu fais me te touche, ce que je fais te touche...
Propos prêtés à Socrate
[modifier]Chez Platon
[modifier]Je me faisais du moins, tout en m'en allant, ces réflexions : « Voilà un homme qui est moins sage que moi. Il est possible en effet que nous ne sachions, ni l'autre, rien de beau ni de bon. Mais lui, il croit qu'il en sait, alors qu'il n'en sait pas, tandis que moi, tout de même que, en fait, je ne sais pas, pas davantage je ne crois que je sais ! J'ai l'air, en tout cas, d'être plus sage que celui-là, au moins sur un petit point, celui-ci précisément : que ce que je ne savais pas, je ne croyais pas non plus le savoir ! »
- Apologie de Socrate, 21d. Socrate vérifie l'oracle de Delphes (qui avait déclaré que nul n'était plus sage que Socrate) en interrogeant un homme politique.
- (grc) Apologie de Socrate. Criton. Phédon., Platon (trad. Léon Robin et Joseph Moreau), éd. Gallimard, coll. « Folio », 1968, 21d, p. 26-27
Mais ou bien je ne suis pas un corrupteur, ou bien, si je suis un corrupteur, c'est sans le vouloir, de sorte que, dans l'un et l'autre cas, c'est une fausseté que tu dis ! Or, si je corromps sans le vouloir, on n'a pas, d'après la loi, à traduire ici les auteurs de telles fautes, qui sont involontaires ; mais c'est en particulier qu'on doit les prendre, pour les instruire en leur faisant des remontrances. En effet, c'est bien clair, il me suffira d'avoir été instruit pour cesser de faire ce qu'en vérité je fais sans le vouloir. Quant à toi, tu as évité de te mettre en rapport avec moi et de m'instruire, tu n'y as pas mis de bonne volonté ; au contraire, tu me traduis ici, où c'est la loi de traduire ceux qui ont besoin d'être corrigés, mais non ceux qui ont besoin d'être instruits !
- Apologie de Socrate, 26a. Socrate répond à Mélétos, l'un de ses accusateurs, qui lui reprochait de corrompre la jeunesse.
- (grc) Apologie de Socrate. Criton. Phédon., Platon (trad. Léon Robin et Joseph Moreau), éd. Gallimard, coll. « Folio », 1968, 26a, p. 36
Craindre la mort, ce n'est rien d'autre en effet, Juges, que de passer pour sage alors qu'on ne l'est point, que de passer en effet pour savoir ce que l'on ne sait pas. Car de la mort, nul n'a de savoir, pas même si ce n'est pas précisément pour l'homme le plus grand des biens ; mais on la craint, comme si l'on savait parfaitement qu'il n'y a pas de plus grand mal ! Et cela, comment n'y pas voir cette ignorance justement qui est répréhensible, celle qui consiste à s'imaginer savoir ce qu'on ne sait pas ?
- Apologie de Socrate, 29a-b.
- (grc) Apologie de Socrate. Criton. Phédon., Platon (trad. Léon Robin et Joseph Moreau), éd. Gallimard, coll. « Folio », 1968, 29a-b, p. 43
Criton, dit-il, à Asclépios nous sommes redevables d'un coq ! Vous autres, acquittez ma dette ! n'y manquez pas !
- Dernières paroles de Socrate dans le Phédon, 118a.
- (grc) Apologie de Socrate. Criton. Phédon., Platon (trad. Léon Robin et Joseph Moreau), éd. Gallimard, coll. « Folio », 1968, 118a, p. 227
Chez Diogène Laërce
[modifier]Voyant Antisthène tourner son manteau de manière à mettre les trous en évidence, Socrate lui cria : « J’aperçois ta vanité à travers les trous de ton manteau. »
- Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, Diogène Laërce, éd. Charpentier, 1847, t. II, chap. V, p. 80
Autres citations rapportées
[modifier]Il y a des hommes qui peuvent plus facilement compter leurs moutons que savoir qui sont leurs amis.
Employez votre temps à vous améliorer grâce aux écrits des autres, ainsi vous apprendrez facilement ce qui leur a demandé beaucoup de travail.
- L'art de ne pas travailler, Ernie Zelinski, éd. Eyrolles, 2006 (ISBN 2-7081-3634-8), p. 169
Citations à propos de Socrate dans l'Antiquité
[modifier]Je maintiens donc que Socrate est on ne peut plus pareil à ces silènes qui se dressent dans les ateliers de sculpteurs, et que les artisans représentent avec un syrinx ou un aulos à la main ; si on les ouvre par le milieu, on s'aperçoit qu'ils contiennent en leur intérieur des figurines de dieux.
- Éloge de Socrate par Alcibiade ivre. La comparaison avec les silènes revient plusieurs fois dans la suite de ses propos. Les discours de Socrate sont eux-mêmes comparés aux statuettes de silènes en 221d et suivants.
- (grc) Le Banquet, Platon (trad. Luc Brisson), éd. Garnier frères, coll. « GF-Flammarion », 2001, 215a-b, p. 165
Lorsque les communications étaient coupées en quelque point, ce qui arrive en campagne, et que nous devions rester sans manger, nul autre ne le valait en endurance pour supporter cette épreuve. En revanche, quand nous étions bien ravitaillés, il n'avait pas son pareil pour en profiter, notamment pour boire. Il n'y était pas porté, mais, si on le forçait, il buvait plus que tout le monde, et le plus étonnant, c'est que personne n'a vu Socrate ivre.
- (grc) Éloge de Socrate par Alcibiade ivre ; à propos du comportement de Socrate soldat pendant l'expédition de Potidée.
- (grc) Le Banquet, Platon (trad. Luc Brisson), éd. Garnier frères, coll. « GF-Flammarion », 2001, 219e-220a, p. 172-173
Citations à propos de Socrate après l'Antiquité
[modifier]Mais, pour autant que la lutte était dirigée contre l'esprit dionysien de l'art antérieur, nous reconnaissons en Socrate l'adversaire de Dionysos, le nouvel Orphée qui se lève contre Dionysos et, quoique certain d'être déchiré par les Ménades du tribunal athénien, force cependant le dieu tout-puissant à prendre la fuite ; et celui-ci, comme au temps qu'il fuyait devant le roi d'Édonide Lycurgue, se réfugia dans les profondeurs de la mer, c'est-à-dire sous les flots mystiques d'un culte secret qui devait peu à peu envahir le monde entier.
- Le socratisme comme conception opposée au dionysisme de la tragédie grecque. Nietzsche fait allusion au poète Orphée mort démembré par les Ménades adoratrices de Dionysos.
- (de) La Naissance de la tragédie, Friedrich Nietzsche (trad. Jean Marnold et Jacques Morland, traduction revue par Angèle Kremer-Marietti), éd. Librairie générale française, coll. « Le Livre de poche », 1994, 13, p. 108-109
Socrate mourant devint l'idéal nouveau, insoupçonné jusque-là, de la noble jeunesse grecque : avant tous, Platon, le type de l'adolescent hellénique, s'est prosterné devant cette image avec toute la passion de son âme rêveuse.
- (de) La Naissance de la tragédie, Friedrich Nietzsche (trad. Jean Marnold et Jacques Morland, traduction revue par Angèle Kremer-Marietti), éd. Librairie générale française, coll. « Le Livre de poche », 1994, 13, p. 112
On a souvent comparé Socrate et Jésus. Entre autres analogies, il est bien vrai qu'ils ont eu une influence historique immense, alors qu'ils ont exercé leur activité dans un espace et un temps minuscules par rapport à l'histoire du monde : une petite cité ou un tout petit pays, et qu'ils n'ont eu qu'un très petit nombre de disciples. Tous deux n'ont rien écrit, mais nous possédons sur eux des témoignages « oculaires » : sur Socrate, les Mémorables de Xénophon, les dialogues de Platon, sur Jésus, les Évangiles ; et pourtant, il est très difficile pour nous de définir avec exactitude ce que furent le Jésus historique et le Socrate historique.
- (fr) Qu'est-ce que la philosophie antique ?, Pierre Hadot, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1995, p. 46-47