Jacques Sargos
Jacques Sargos, né le à Bordeaux, est un écrivain, historien de l’art, marchand d’art, collectionneur et éditeur français.
Citations
[modifier]Les Landes : naissance du paysage, 1989
[modifier]Les paysages aussi sont mortels. Il y a cent cinquante ans, un désert régnait où s'étend aujourd'hui la forêt de Gascogne. Un désert immense de bruyères et d'ajoncs, dont les horizons vides s'élargissaient à l'infini, sans ombres ni reliefs pour arrêter leur glissement sous le ciel.
Cette solitude couchée contre l'Atlantique, ce plateau de sable entre Garonne, Armagnac, Chalosse et Adour, c'étaient les Landes. Les intimes disaient simplement la lande, un peu comme on dirait la mer.
- Les Landes : naissance du paysage, Jacques Sargos, éd. L’Horizon chimérique, 1989 (ISBN 9782402453783), p. 7 (lire en ligne)
Solférino n'est pas une bataille italienne, mais une victoire landaise, une victoire sur le marais et sur la solitude.
- Les Landes : naissance du paysage, Jacques Sargos, éd. L’Horizon chimérique, 1989 (ISBN 9782402453783), p. 10 (lire en ligne)
Que de choses avaient changé en si peu d'années ! Les paysages, d'abord, avaient subi une rare et radicale métamorphose. La lande s'était évanouie. Des arbres, des millions d'arbres, voilaient maintenant son immensité de leur masse opaque, et brisaient cette union de la terre et du ciel qu'était l'ancien horizon landais.
- Les Landes : naissance du paysage, Jacques Sargos, éd. L’Horizon chimérique, 1989 (ISBN 9782402453783), p. 12 (lire en ligne)
L'Administration n'entend décidément rien à la géographie. Tout eût été plus simple si […] on avait regroupé les parties landaises de la Gironde, des Landes et du Lot-et-Garonne en un seul et harmonieux département, que l'on aurait baptisé l'Eyre. […] Les landes ont continué d'être dispersées entre trois départements, comme les membres déchirés d'un même corps. Du coup, la confusion demeura ; qui était landais, qui ne l'était point? Avec cette muraille invisible que forment des pointillés sur une carte administrative, nul n'était sûr que les bergers girondins - malgré leurs échasses et les gravures de Gustave de Galard - eussent encore droit au label. En revanche, les Chalossais, ces gens des collines, se prirent pour des Landais, eux qui jamais n'ont goûté à la fièvre des marais, eux qui n'ont pas joui du privilège d'être traités de sauvages !
- Les Landes : naissance du paysage, Jacques Sargos, éd. L’Horizon chimérique, 1989 (ISBN 9782402453783), p. 25 (lire en ligne)
Les Landes se démarquaient des contrées voisines avec une évidence presque théâtrale. A qui voulait en savoir la raison, il suffisait de se baisser et de ramasser à pleines poignées cette substance philosophale à quoi tient l'essentiel de notre destinée : le sable. Le sable est tout, dans cette province. Sur deux cents kilomètres de plages, comme à l'étal d'une vitrine, il parade et exhibe sa blondeur aristocratique, sa finesse de sucre glacé.
- Les Landes : naissance du paysage, Jacques Sargos, éd. L’Horizon chimérique, 1989 (ISBN 9782402453783), p. 25 (lire en ligne)
Histoire de la forêt landaise, 1997
[modifier]Bientôt la ligne de clivage entre Landais et non-Landais ne passa plus comme elle l’avait toujours fait entre la plaine et les coteaux, le sable noir et la glèbe fertile, elle épousa simplement le pointillé des cartes départementales. Alors que les paysans du sud de l'Adour se transformaient en Landais, les habitants de Salles ou de Saint-Symphorien devinrent des individus sans nom, de pâles Girondins.
- Histoire de la forêt landaise, Jacques Sargos, éd. L’Horizon chimérique, 1997, p. 40
