De la Terre à la Lune, trajet direct en 97 heures 20 minutes est un roman d'anticipation de Jules Verne, paru en 1865. Il relate comment, après la fin de la guerre de Sécession, une association d'artilleurs et de scientifiques liés à l'industrie militaire tente d'envoyer sur la Lune un obus habité par trois hommes et deux chiens. De la Terre à la Lune forme la première partie d'un diptyque, qui se clôt avec Autour de la Lune, paru quatre ans plus tard. Plusieurs personnages de ces romans sont remis en scène dans Sans dessus dessous, publié vingt ans plus tard, sans grand succès, puis redécouvert en 1975.
Or, quand un Américain a une idée, il cherche un second Américain qui la partage. Sont-ils trois, ils élisent un président et deux secrétaires. Quatre, ils nomment un archiviste, et le bureau fonctionne. Cinq, ils se convoquent en assemblée générale, et le club est constitué. Ainsi arriva-t-il à Baltimore. Le premier qui inventa un nouveau canon s’associa avec le premier qui le fondit et le premier qui le fora. Tel fut le noyau du Gun-Club. Un mois après sa formation, il comptait dix-huit cent trente-trois membres effectifs et trente mille cinq cent soixante-quinze membres correspondants.
De la Terre à la Lune, Jules Verne, éd. Hetzel, coll. « Voyages extraordinaires », 1865, chapitre I, p. 2 (lire en ligne)
Il est évident que l’unique préoccupation de cette société savante fut la destruction de l’humanité dans un but philanthropique, et le perfectionnement des armes de guerre, considérées comme instruments de civilisation.
Au sujet du Gun Club.
De la Terre à la Lune, Jules Verne, éd. Hetzel, coll. « Voyages extraordinaires », 1865, chapitre I, p. 4 (lire en ligne)
Il y a dans l’air mille raisons de se battre et l’on ne se bat pas ! On économise des bras et des jambes, et cela au profit de gens qui n’en savent que faire !
J. T. Maston.
De la Terre à la Lune, Jules Verne, éd. Hetzel, coll. « Voyages extraordinaires », 1865, chapitre I, p. 6 (lire en ligne)
Il n’est aucun de vous, braves collègues, qui n’ait vu la Lune, ou tout au moins, qui n’en ait entendu parler. Ne vous étonnez pas si je viens vous entretenir ici de l’astre des nuits. Il nous est peut-être réservé d’être les Colombs de ce monde inconnu. Comprenez-moi, secondez-moi de tout votre pouvoir, je vous mènerai à sa conquête, et son nom se joindra à ceux des trente-six États qui forment ce grand pays de l’Union !
Impey Barbicane.
De la Terre à la Lune, Jules Verne, éd. Hetzel, coll. « Voyages extraordinaires », 1865, chapitre II, p. 12 (lire en ligne)
Il semblait que la blonde Phœbé appartînt à ces audacieux conquérants et fît déjà partie du territoire de l’Union. Et pourtant il n’était question que de lui envoyer un projectile, façon assez brutale d’entrer en relation, même avec un satellite, mais fort en usage parmi les nations civilisées.
Phœbé est l'un des noms latins pouvant désigner la déesse de la Lune.
De la Terre à la Lune, Jules Verne, éd. Hetzel, coll. « Voyages extraordinaires », 1865, chapitre III, p. 17 (lire en ligne)
Parmi ces cinq mille nébuleuses, il en est une que les hommes ont nommée la Voie lactée[28], et qui renferme dix-huit millions d’étoiles, dont chacune est devenue le centre d’un monde solaire.
De la Terre à la Lune, Jules Verne, éd. Hetzel, coll. « Voyages extraordinaires », 1865, chapitre V, p. 26 (lire en ligne)
Les premiers peuples vouèrent un culte particulier à cette chaste déesse. Les Égyptiens l’appelaient Isis ; les Phéniciens la nommaient Astarté ; les Grecs l’adorèrent sous le nom de Phœbé, fille de Latone et de Jupiter, et ils expliquaient ses éclipses par les visites mystérieuses de Diane au bel Endymion. À en croire la légende mythologique, le lion de Némée parcourut les campagnes de la Lune avant son apparition sur la Terre, et le poète Agésianax, cité par Plutarque, célébra dans ses vers ces doux yeux, ce nez charmant et cette bouche aimable, formés par les parties lumineuses de l’adorable Séléné.
Passage du chapitre "Le roman de la Lune" qui retrace les représentations et recherches sur l'astre lunaire depuis l'Antiquité.
De la Terre à la Lune, Jules Verne, éd. Hetzel, coll. « Voyages extraordinaires », 1865, chapitre V, p. 27 (lire en ligne)
Mes chers collègues, reprit ce dernier, je serai bref ; je laisserai de côté le boulet physique, le boulet qui tue, pour n’envisager que le boulet mathématique, le boulet moral. Le boulet est pour moi la plus éclatante manifestation de la puissance humaine ; c’est en lui qu’elle se résume tout entière ; c’est en le créant que l’homme s’est le plus rapproché du Créateur !
J. T. Maston.
De la Terre à la Lune, Jules Verne, éd. Hetzel, coll. « Voyages extraordinaires », 1865, chapitre VII, p. 37 (lire en ligne)
Les navires, armés de pièces formidables, marchaient au feu sous l’abri de leur invulnérable carapace. Les Merrimac, les Monitor, les Ram-Tennessee, les Weehawken lançaient des projectiles énormes, après s’être cuirassés contre les projectiles des autres. Ils faisaient à autrui ce qu’ils ne voulaient pas qu’on leur fît, principe immoral sur lequel repose tout l’art de la guerre.
De la Terre à la Lune, Jules Verne, éd. Hetzel, coll. « Voyages extraordinaires », 1865, chapitre X, p. 58 (lire en ligne)
Il paria :
1º Que les fonds nécessaires à l’entreprise du Gun-Club ne seraient pas faits, ci : 1000 dollars
2º Que l’opération de la fonte d’un canon de neuf cents pieds était impraticable et ne réussirait pas, ci : 2000 $
3º Qu’il serait impossible de charger la Columbiad, et que le pyroxyle prendrait feu de lui-même sous la pression du projectile, ci : 3000 $
4º Que la Columbiad éclaterait au premier coup, ci : 4000 $
5º Que le boulet n’irait pas seulement à six milles et retomberait quelques secondes après avoir été lancé, ci : 5000 $
On le voit c’était une somme importante que risquait le capitaine dans son invincible entêtement. Il ne s’agissait pas moins de quinze mille dollars.
Malgré l’importance du pari, le 19 mai, il reçut un pli cacheté, d’un laconisme superbe et conçu en ces termes :
« Baltimore, 18 octobre.
« Tenu.
« Barbicane.»
Les paris du capitaine Nicholl contre Impey Barbicane.
De la Terre à la Lune, Jules Verne, éd. Hetzel, coll. « Voyages extraordinaires », 1865, chapitre X, p. 61-62 (lire en ligne)
Midi sonna. Un coup de canon éclata soudain et jeta son éclair fauve dans les airs. Douze cents trous de coulée s’ouvrirent à la fois, et douze cents serpents de feu rampèrent vers le puits central, en déroulant leurs anneaux incandescents. Là ils se précipitèrent, avec un fracas épouvantable, à une profondeur de neuf cents pieds. C’était un émouvant et magnifique spectacle. Le sol tremblait, pendant que ces flots de fonte, lançant vers le ciel des tourbillons de fumée, volatilisaient en même temps l’humidité du moule et la rejetaient par les évents du revêtement de pierre sous la forme d’impénétrables vapeurs. Ces nuages factices déroulaient leurs spirales épaisses en montant vers le zénith jusqu’à une hauteur de cinq cents toises. Quelque sauvage, errant au-delà des limites de l’horizon, eût pu croire à la formation d’un nouveau cratère au sein de la Floride, et cependant ce n’était là ni une éruption, ni une trombe, ni un orage, ni une lutte d’éléments, ni un de ces phénomènes terribles que la nature est capable de produire ! Non ! l’homme seul avait créé ces vapeurs rougeâtres, ces flammes gigantesques dignes d’un volcan, ces trépidations bruyantes semblables aux secousses d’un tremblement de terre, ces mugissements rivaux des ouragans et des tempêtes, et c’était sa main qui précipitait, dans un abîme creusé par elle, tout un Niagara de métal en fusion.
La "fête de la fonte", opération de fonte du canon qui tirera l'obus vers la Lune.
De la Terre à la Lune, Jules Verne, éd. Hetzel, coll. « Voyages extraordinaires », 1865, chapitre XV, p. 91 (lire en ligne)
C’était, en somme, un bohémien du pays des monts et merveilles, aventureux, mais non pas aventurier, un casse-cou, un Phaéton menant à fond de train le char du Soleil, un Icare avec des ailes de rechange.
Au sujet de Michel Ardan.
De la Terre à la Lune, Jules Verne, éd. Hetzel, coll. « Voyages extraordinaires », 1865, chapitre XVIII, p. 105 (lire en ligne)
La distance est un vain mot, la distance n’existe pas !
Michel Ardan.
De la Terre à la Lune, Jules Verne, éd. Hetzel, coll. « Voyages extraordinaires », 1865, chapitre XIX, p. 111 (lire en ligne)
Je ne sais pas si les mondes sont habités, et, comme je ne le sais pas, je vais y voir !
Michel Ardan.
De la Terre à la Lune, Jules Verne, éd. Hetzel, coll. « Voyages extraordinaires », 1865, chapitre XIX, p. 115 (lire en ligne)