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Alejandra Pizarnik

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Alejandra Pizarnik

Alejandra Pizarnik (Avellaneda, Argentine le 29 avril 1936 – Buenos Aires, le 25 septembre 1972) est une poétesse argentine née au sein d’une famille d'immigrants juifs d'Europe centrale.

Citations

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Œuvre poétique

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les jours te rongent
les nuits t’accusent
la vie te fait tant tant de mal
désespérée, où vas-tu ?
désespérée, c’est tout !

  • L’Amoureuse


Je pourrais être si heureuse cette nuit !
Il y a encore des rêves en retard.
Et tant de livres ! Et tant de lumières !
Et mes brèves années ! Pourquoi pas ?
La mort est lointaine. Elle ne me regarde pas.
Tant de vie Seigneur !
Pourquoi faire tant de vie ?

  • Nuit
  • « La dernière innocence », dans Œuvre poétique, Alejandra Pizarnik (trad. Silvia Baron Supervielle), éd. Actes Sud, 2005  (ISBN 2-7427-5870-4), p. 29-30


Je ne sais de l’enfance
qu’une peur lumineuse
et une main qui me tire
vers mon autre rive.
Mon enfance et son parfum
d’oiseau caressé.

  • Temps
  • « Les aventures perdues », dans Œuvre poétique, Alejandra Pizarnik (trad. Silvia Baron Supervielle), éd. Actes Sud, 2005  (ISBN 2-7427-5870-4), p. 44


Ce n’est pas la solitude avec des ailes
mais le silence de la prisonnière,
mais la musique des oiseaux et du vent,
mais le monde fâché de mon rire
ou les gardiens de l’enfer
qui déchirent mes lettres.

J’ai appelé, j’ai appelé.
J’ai appelé vers jamais.

  • Pèlerinage
  • « Les aventures perdues », dans Œuvre poétique, Alejandra Pizarnik (trad. Silvia Baron Supervielle), éd. Actes Sud, 2005  (ISBN 2-7427-5870-4), p. 57


Seigneur
La cage s’est faite oiseau
et a dévoré mes espérances

  • Le réveil
  • « Les aventures perdues », dans Œuvre poétique, Alejandra Pizarnik (trad. Silvia Baron Supervielle), éd. Actes Sud, 2005  (ISBN 2-7427-5870-4), p. 61


J’ai sauté de moi jusqu’à l’aube.
J’ai laissé mon corps près de la clarté
et j’ai chanté la tristesse de ce qui naît.


Elle saute, chemise en flamme,
d’étoile en étoile,
d’ombre en ombre.
Elle meurt de mort lointaine
l’amoureuse du vent.

  • « Arbre de Diane », dans Œuvre poétique, Alejandra Pizarnik (trad. Claude Couffon), éd. Actes Sud, 2005  (ISBN 2-7427-5870-4), p. 77


Le poème que je ne dis,
celui-là que je ne mérite.
Peur d’être deux
sur la route du miroir :
quelqu’un qui dort en moi
me mange et me boit.

  • « Arbre de Diane », dans Œuvre poétique, Alejandra Pizarnik (trad. Claude Couffon), éd. Actes Sud, 2005  (ISBN 2-7427-5870-4), p. 84


semblable au poème informé
du silence des choses
tu parles pour ne pas me voir

  • « Arbre de Diane », dans Œuvre poétique, Alejandra Pizarnik (trad. Claude Couffon), éd. Actes Sud, 2005  (ISBN 2-7427-5870-4), p. 88


Ce chant qui se repent, vigie derrière mes poèmes :
ce chant me dément, me bâillonne.

  • « Arbre de Diane », dans Œuvre poétique, Alejandra Pizarnik (trad. Claude Couffon), éd. Actes Sud, 2005  (ISBN 2-7427-5870-4), p. 108


silence
je m’unis au silence
je me suis unie au silence
et je me laisse modeler
je me laisse boire
je me laisse dire

  • « Autres poèmes », dans Œuvre poétique, Alejandra Pizarnik (trad. Claude Couffon), éd. Actes Sud, 2005  (ISBN 2-7427-5870-4), p. 111


Tu choisis l’endroit de la blessure
où nous parlons notre silence.
Tu fais de ma vie
cette cérémonie trop pure.

  • Poème
  • « Les travaux et les nuits », dans Œuvre poétique, Alejandra Pizarnik (trad. Sylvia Baron Supervielle), éd. Actes Sud, 2005  (ISBN 2-7427-5870-4), p. 121


Toute la nuit je fais la nuit. Toute la nuit j’écris. Mot à mot j’écris la nuit.
  • Lanterne sourde
  • « Extraction de la pierre de folie », dans Œuvre poétique, Alejandra Pizarnik (trad. Sylvia Baron Supervielle), éd. Actes Sud, 2005  (ISBN 2-7427-5870-4), p. 175


Toute la nuit je fais la nuit. Toute la nuit tu m’abandonnes lentement comme l’eau tombe lentement. Toute la nuit j’écris pour chercher qui me cherche. Mot à mot j’écris la nuit.
  • Sous la nuit (1972)
  • « Textes de l’ombre et derniers poèmes », dans Œuvre poétique, Alejandra Pizarnik (trad. Sylvia Baron Supervielle), éd. Actes Sud, 2005  (ISBN 2-7427-5870-4), p. 315


Journaux 1959-1971

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Une poésie qui dise l’indicible – un silence. Une page blanche.
  • 8 février 1959
  • Journaux 1959-1971, Alejandra Pizarnik (trad. Anne Picard), éd. J. Corti, 2010  (ISBN 978-2-7143-1028-6), p. 22


Je devrais peindre. La littérature est temps. La peinture est espace. Je hais le temps et voudrais l’abolir. Non, finalement, même la peinture ne me convient pas. Je veux pouvoir m’exprimer à travers un art qui soit comme un hurlement dans l’obscurité, terriblement bref et intense comme la mort.
  • 24 juin 1959
  • Journaux 1959-1971, Alejandra Pizarnik (trad. Anne Picard), éd. J. Corti, 2010  (ISBN 978-2-7143-1028-6), p. 28


Le danger de ma poésie est une tendance à la dissection des mots : je les fixe à l’intérieur du poème presque en les vissant. Chaque mot se pétrifie. Cela est dû, en partie, à ma crainte de tomber dans la plainte tragique. Mais aussi à la crainte que suscitent les mots en moi. Je n’ai pas confiance non plus en ma capacité de créer une architecture poétique. D’où la brièveté de mes poèmes.
  • 28 décembre 1959
  • Journaux 1959-1971, Alejandra Pizarnik (trad. Anne Picard), éd. J. Corti, 2010  (ISBN 978-2-7143-1028-6), p. 42


Ne pas oublier de se suicider. Ou trouver au moins une manière de se défaire du je, une manière de ne pas souffrir. De ne pas sentir. De ne pas sentir surtout.
  • 30 octobre 1962
  • Journaux 1959-1971, Alejandra Pizarnik (trad. Anne Picard), éd. J. Corti, 2010  (ISBN 978-2-7143-1028-6), p. 147


Silvina Ocampo
Je ne trouve pas la plume adéquate pour écrire. Celle de S. résiste. Elle est dure, âpre. J’ai juste besoin d’une plume parfaite. La trouverais-je un jour ? Je ne crois pas. Les instants suspendus. Les actes hors du temps. S. est mon obsession. À présent que j’envisage la possibilité de cesser de lui écrire, je reconnais que je n’ai jamais été seule.
  • 8 décembre 1964
  • Journaux 1959-1971, Alejandra Pizarnik (trad. Anne Picard), éd. J. Corti, 2010  (ISBN 978-2-7143-1028-6), p. 240-241


Ecrire, c’est donner du sens à la souffrance. J’ai déjà tellement souffert qu’on m’a déjà chassée de l’autre monde. Écrire, c’est vouloir donner un sens à notre souffrance.
  • Novembre 1971
  • Journaux 1959-1971, Alejandra Pizarnik (trad. Anne Picard et), éd. J. Corti, 2010  (ISBN 978-2-7143-1028-6), p. 356


Cahier jaune

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La certitude pour toujours d’être de trop à l’endroit où les autres respirent. De moi je dois dire que je suis impatiente qu’on me donne un dénouement moins tragique que le silence. Joie féroce quand je rencontre une image qui m’évoque. À partir de ma respiration désolante je dis : qu’il y ait du langage là où il doit y avoir du silence.
  • En l’honneur d’une perte


Approximations

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Tu écris des poèmes
parce que tu as besoin
d’un lieu
où sera ce qui n’est pas

  • Approximations, Alejandra Pizarnik (trad. Étienne Dobenesque), éd. Ypsilon, 2015  (ISBN 978-2-35654-061-4), p. 25


Ta manière de te faire taire dans le poème.
Tu m’ouvres comme une fleur
(sans doute une fleur pauvre, lamentable)
qui n’attendait plus la terrible délicatesse
du printemps. Tu m’ouvres, je m’ouvre,
je deviens d’eau dans ton poème d’eau
qui émane toute la nuit des prophéties.

  • (es)

    Tu modo de silenciarte en el poema.
    Me abrís como una flor
    (sin duda una flor pobre, lamentable)
    que ya no esperaba la terrible delicadeza
    de la primavera. Me abrís, me abro,
    me vuelvo de agua en tu poema de agua
    que emana toda la noche profecías.

  • À un poème au sujet de l’eau, de Silvina Ocampo / A un poema acerca del agua, de Silvina Ocampo
  • Approximations, Alejandra Pizarnik (trad. Étienne Dobenesque), éd. Ypsilon, 2015  (ISBN 978-2-35654-061-4), p. 57


Citations sur

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Voir aussi

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Vous pouvez également consulter les articles suivants sur les autres projets Wikimédia :

  • Mariana Di Ció, Une calligraphie des ombres : les manuscrits d'Alejandra Pizarnik, Presses universitaires de Vincennes, 2014 (ISBN 9782842924027) [lire en ligne]