Écrivain
Un écrivain compose des écrits de création, d'information ou d'éducation qui sont quelquefois publiés par une maison d’édition.
En réalité, l'art de l'écrivain consiste surtout à nous faire oublier qu'il emploie des mots. L'harmonie qu'il cherche est une certaine correspondance entre les allées et les venues de son esprit et celles de son discours, correspondance si parfaite que, portées par la phrase, les ondulations de sa pensée se communiquent à la nôtre et qu'alors chacun des mots, pris individuellement, ne comptent plus : il n'y a plus rien que le sens mouvant qui traverse les mots, plus rien que deux esprits qui semblent vibrer directement, sans intermédiaire, à l'unisson l'un de l'autre.
- Les Grands Cimetières sous la lune, dans Essais et écrits de combat, I, Georges Bernanos, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1971, p. 353-354
L'écrivain, c'est celui qui ne gagne aucune place — pas même la dernière. Celui qui se tient comme ça, debout, dans un rang de chaises vides. À nommer le feu d'une voix glacée.
- La Part manquante (1989), Christian Bobin, éd. Gallimard, coll. « nrf », 2007 (ISBN 978-2-07-071538-1), p. 99
Écrire c'est faire retentir sur la neige chaque pas de l'ange. Écrire c'est par instants se retourner, et voir l'éclair de la hache haut levée, d'un seul coup la fin de l'énigme.
- La Part manquante (1989), Christian Bobin, éd. Gallimard, coll. « nrf », 2007 (ISBN 978-2-07-071538-1), p. 101
Roberto Bolaño
[modifier]- Il s’agit des écrivains actuels d’Amérique latine que l’auteur oppose à ceux de la génération précédente, plus engagés
- Le Gaucho insupportable, Roberto Bolaño (trad. Robert Amutio), éd. Christian Bourgois, 2008 (ISBN 9 782267 019766), partie Les Mythes de Cthulhu, p. 183
Jean de Bonnefon
[modifier]J'ai écrit, au début de ma vie, parce que la profession des lettres m'a semblé être la plus libérale et la plus indépendante du monde.
J'ai continué, sans cesser, le dur et cher métier parce que l'indépendance est un objet de perpétuel combat. J'ai continué parce que la bonté des lecteurs donne courage et force.
Puis… dans l'écriture « le travail est un but non un moyen ».
- « Notre enquête — Pourquoi écrivez-vous ? », Jean de Bonnefon, Littérature, nº 11, Décembre 1920, p. 22
Ray Bradbury
[modifier]- Fahrenheit 451 (1953), Ray Bradbury (trad. Jacques Chambon et Henri Robillot), éd. Denoël, coll. « Folio/SF », 2000 (ISBN 2-07-041573-2), partie Le tamis et le sable, p. 115
- Citation choisie pour le 13 août 2019.
- Dans Annexes.
- Ma confession, Albert Caraco, éd. L'Âge d'Homme, 1975, p. 13
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 315
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 631
Maxime du Camp
[modifier]- Souvenirs d'un demi-siècle, Maxime du Camp, éd. Hachette, 1949, p. 10
Né au milieu des manuscrits de mon père, dans une maison où les succès du romancier et de l'auteur dramatique apportaient l'aisance, avec le va-et-vient continuel des journalistes, des artistes, des éditeurs et des directeurs, il m'eût été bien difficile de rêver une carrière autre.
Écrire m'est un plaisir.
À côté de l'existence commune l'homme de lettres s'extériorise par imagination, des deux vies la seconde est préférable à la première.
Le rêve surpasse la réalité.
- « Notre enquête — Pourquoi écrivez-vous ? », Paul Féval, Littérature, nº 10, Décembre 1919, p. 22
- La Décomposition, Anne F. Garréta, éd. Grasset (Le Livre de Poche), 1999, p. 143
Vous pourrez classer les écrivains selon que leur réponse à votre enquête commencera par « afin de », « pour » ou par « parce que ».
Il y aura ceux pour qui la littérature est surtout un but, et ceux pour qui surtout un moyen.
Quant à moi, j'écris parce que j'ai une bonne plume, et pour être lu par vous…
- « Notre enquête — Pourquoi écrivez-vous ? », André Gide, Littérature, nº 10, Décembre 1919, p. 24
- En lisant en écrivant, Julien Gracq, éd. José Corti, 1981, p. 159
- Écriture : Mémoires d'un métier, Stephen King (trad. William Olivier Desmond), éd. Le Livre de Poche, 2003 (ISBN 2-253-15145-9), p. 170
- Écriture : Mémoires d'un métier, Stephen King (trad. William Olivier Desmond), éd. Le Livre de Poche, 2003 (ISBN 2-253-15145-9), p. 222
- Écriture : Mémoires d'un métier, Stephen King (trad. William Olivier Desmond), éd. Le Livre de Poche, 2003 (ISBN 2-253-15145-9), p. 122
Georges Leconte
[modifier]- George Lecomte, Président de la Société des Gens de Lettres, donne suite à une enquête concernant son statut d'écrivain menée par le mensuel surréaliste Littérature, ce sur plusieurs numéros.
- « Notre enquête — Pourquoi écrivez-vous ? », George Lecomte, Littérature, nº 10, Décembre 1919, p. 23
- Langage tangage ou Ce que les mots me disent, éd. Gallimard (ISBN 2-07-074211-3), p. 139 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
H. R. Lenormand
[modifier]J'écris, comme tout écrivain, pour affirmer des tendances intimes refoulées dans la vie réelle. Je crois que l'œuvre d'art pourrait être définie une compensation du réel. Nos instincts révolutionnaires et sexuels, nos instincts de domination et de connaissance ne peuvent se satisfaire pleinement au cours de la vie. Leur refoulement produit une sublimation qui donne naissance à l'œuvre d'imagination. Celle-ci n'est donc que l'épanouissement de vélléités contrariées. Elle peut, dans les cas de refoulement excessifs, aboutir à une contradiction complète et magnifique de l'existence effective de l'écrivain.
Les atrocités sans frein des ouvrages du Marquis de Sade peuvent s'expliquer par le fait qu'il écrivit surtout en prison. L'outrance de ses inventions me ferait plutôt croire à la non-réalisation de ses tendances érotiques. C'est une revanche du rêve sur la réalité.
En ce qui me concerne, il n'y a pas lieu de douter que certaines de mes pièces, Poussière, les Possédés, Terres chaudes, entre autres, sont une tentative de compensations d'instincts révolutionnaires entravés et de désirs de voyages incomplètement satisfaits.
- H. R. Lenormand donne suite à une enquête concernant son statut d'écrivain menée par le mensuel surréaliste Littérature, ce sur plusieurs numéros.
- « Notre enquête — Pourquoi écrivez-vous ? », H. R. Lenormand, Littérature, nº 11, Décembre 1920, p. 24
Imbécile ! criait-il à son image dans le miroir. Tu voulais écrire, tu essayais d’écrire. Qu’est-ce que tu avais dans le ventre ? Quelques notions enfantines, quelques sentiments encore imprécis, beaucoup de beauté mal digérée, une énorme ignorance, un cœur plein d’amour à en éclater, une ambition aussi grande que ton amour, que ton ignorance. Et tu voulais écrire ! mais tu commences aujourd'hui seulement à acquérir en toi ce qu’il faut pour ça ! Tu voulais créer de la beauté ! et tu ne savais rien de ce qui fait la beauté ! Tu voulais parler de la vie, et tu ignorais tout ce qui fait l'essence même de la vie ! Tu voulais parler de l’univers et des problèmes de l’existence, quand l’univers n’était pour toi qu’un rébus chinois ! Mais courage, Martin, mon vieux ! Il y a de l’espoir, cette fois, bien que tu sois encore très ignorant. Un beau jour, avec de la chance, tu sauras à peu près tout ce qu’on peut savoir. Ce jour là tu écriras.
- Martin Eden (1909), Jack London (trad. Claude Cendrée), éd. L'Accolade Éditions, 2016 (ISBN 979-10-95428-17-6), p. 152
— Mais… si toutes les portes sont fermées ainsi que vous le démontrez, comment les grands écrivains ont-ils fait pour arriver ?…
— En accomplissant l’impossible, répondit-il. Ils ont fait des choses si merveilleuses, si inouïes, qu'à leur flamme les portes d’airains ont fondu. Ils sont arrivés par miracle, à mille contre un. Ils sont arrivés, parce qu’ils étaient pareils aux « géants balafrés » de Carlyle, que rien ne peut abattre. Et voilà ce qu'il faut que j’accomplisse : l'impossible.
- Martin Eden (1909), Jack London (trad. Claude Cendrée), éd. L'Accolade Éditions, 2016 (ISBN 979-10-95428-17-6), p. 365
Giovanni Macchia
[modifier]- « L'Homme de la mort — La présence du prédécesseur », Giovanni Macchia, Chateaubriand — Revue Littéraire Europe (ISSN 0014-2751), nº 775-776, Novembre-décembre 1993, p. 9
- « L'Homme de la mort — La présence du prédécesseur », Giovanni Macchia, Chateaubriand — Revue Littéraire Europe (ISSN 0014-2751), nº 775-776, Novembre-décembre 1993, p. 9
- « L'Homme de la mort — Mythification de l'écrivain », Giovanni Macchia, Chateaubriand — Revue Littéraire Europe (ISSN 0014-2751), nº 775-776, Novembre-décembre 1993, p. 10
- Les Passions schismatiques, Gabriel Matzneff, éd. Stock, 1977, p. 13
- Les Passions schismatiques, Gabriel Matzneff, éd. Stock, 1977, p. 14
- Les Passions schismatiques, Gabriel Matzneff, éd. Stock, 1977, p. 14-15
- Il est question d’Henry Miller
- Henry et June — Les cahiers secrets (1986), Anaïs Nin (trad. Béatrice Commengé), éd. Stock, 2007 (ISBN 978-2-234-05990-0), Août (1932), p. 261
- Henry et June — Les cahiers secrets (1986), Anaïs Nin (trad. Béatrice Commengé), éd. Stock, 2007 (ISBN 978-2-234-05990-0), Août (1932), p. 280
Peut-être Bach et Mozart composaient-ils des cantates et des airs d'opéra pour exprimer leur joie. Peut-être les peintres peignent-ils parce que le monde est beau. Je crois que les écrivains écrivent parce qu'ils éprouvent du chagrin. Je crois qu'il y a des livres parce qu'il y a du mal dans le monde et dans le cœur des hommes. Personne n'écrirait s'il n'y avait pas d'histoire. Et le moteur de l'histoire, c'est le mal.
- C'était bien (2003), Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2005 (ISBN 2-07-031653-X), p. 70
Le XVIIe est un siècle d'écrivains. le XVIIIe est un siècle d'intellectuels.
- Discours de réception du prix Nobel de littérature
- Orhan Pamuk, 7 décembre 2006, à Stockholm, dans Le Monde.
- Comme un roman, Daniel Pennac, éd. NRF Gallimard, 1992, p. 175
- Mon roman et moi, Bernard Pingaud, éd. Joëlle Losfeld, 2003, p. 92
- Citation choisie pour le 13 juin 2017.
- L'aube le soir ou la nuit, Yasmina Reza, éd. Flammarion, 2007 (ISBN 9782081209169), p. 9
Personne ne peut vous apporter conseil ou aide, personne. Il n'est qu'un seul chemin. Entrez en vous-même, cherchez le besoin qui vous fait écrire : examinez s'il pousse ses racines au plus profond du cœur. Confessez-vous à vous-même : mourriez-vous s'il vous était défendu d'écrire ? Ceci surtout : demandez-vous à l'heure la plus silencieuse de votre nuit : « Suis-je vraiment contraint d'écrire ? »
- Lettres à un jeune poète, Rainer Maria Rilke (trad. Bernard Grasset et Rainer Biemel), éd. Grasset, coll. « Les Cahiers Rouges », 2016 (ISBN 978-2-246-63971-8), p. 23
- Les Lumières et les Salons — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992 (ISBN 2-7056-6178-6), partie Diderot, 20 janvier 1851. Causeries du lundi, t. III, p. 54
- La Proie du néant, notes d'un pessimiste, Edmond Thiaudière, éd. Paul Ollendorff, 1886, chap. L'Art et la Science, p. 167
- Citation choisie pour le 24 décembre 2010.
- Sur les ossements des morts, Olga Tokarczuk, éd. Libretto, 2014 (ISBN 978-2-36914-115-0), chap. 4 (« Neuf cent quatre-vingt-dix-neuf morts »), p. 64