Vocabulaire
Apparence
Film
[modifier]Hôtel du Nord
[modifier]M. Edmond : Tu pourrais pas changer de vocabulaire !
Mme Raymonde : Vocabulaire… Le seul mot d’argot que j’entrave mal…
- Louis Jouvet et Arletty, Hôtel du Nord (1938), écrit par Henri Jeanson
Ecrits
[modifier]Nicolas Bouvier
[modifier]Je parlais de la grossièreté du vocabulaire érotique occidental, qu'en plus on utilise pour insulter les gens. Au Japon on ne peut pas insulter une personne en la traitant de "cul" parce que le cul c'est o-shiri, l'honorable fondement. Toutes les parties du corps sont jugées honorables, bonnes, utiles. Les parties sexuelles masculines et féminines sont précédées du "o" de dignité.
- Œuvres, Nicolas Bouvier, éd. Gallimard, 2004 (ISBN 9 782070 770946), partie Routes et déroutes, p. 1293
Jean Clair, Dialogue avec les morts, 2011
[modifier]On dit souvent que beaucoup de jeunes aujourd'hui ont un vocabulaire qui ne dépasse guère cinq à six cents mots. […]
Ce sont les orphelins des mots, les déshérités du langage, les zombis de la survivance, les nouveaux barbares d'un monde non seulement devenu muet, pire encore, assommé sous les haut-parleurs, et privé de raison en l'absence d'une grammaire, changé enfin en un pandémonium de fous et de damnés. Ils sont en exil dans leur propre pays.
Jean-Luc Marion
[modifier]Non seulement nous n'avons plus de concept de l'amour, mais nous n'avons même plus de mot pour le dire. "Amour" ? Cela sonne comme le mot le plus prostitué - à strictement parler le mot de la prostitution ; d'ailleurs, nous en reprenons spontanément le lexique : on le "fait" comme on fait la guerre ou des affaires, et il ne s'agit plus que de déterminer avec quels "partenaires", à quel prix, pour quel profit, à quel rythme et combien de temps on le "fait". Quand à le dire, le penser ou le célébrer - silence dans les rangs [...] Déclarer "je t'aime" sonne, dans le meilleur des cas, comme un obscénité ou une dérision, au point que, dans la bonne société, celle des instruits, plus personne n'ose sérieusement proférer un tel non-sens.
- Le phénomène érotique, Jean-Luc Marion, éd. Grasset, coll. « Philosophie », 2003, p. 12-13
Je m'aperçois à l'instant qu'à l'adjectif lisse ne correspond aucun substantif. Pas étonnant : le vocabulaire du bonheur et du plaisir a toujours été le plus pauvre, et ce dans toutes les langues.
- Le Sabotage amoureux (1993), Amélie Nothomb, éd. Albin Michel, 2011 (ISBN 978-2-253-13945-4), p. 70