Victoire Tuaillon
Victoire Tuaillon, née le à Paris, est une journaliste et autrice française.
Citations
[modifier]Les Couilles sur la table, 2019
[modifier]En grammaire, on apprend que le masculin l'emporte sur le féminin. Que le masculin est le genre noble ou le genre neutre. Pourtant, comme l'ont montré de chercheures, il n'en a pas toujours été ainsi. Il existait en effet jusqu'au XVIIe siècle plusieurs règles en concurrence, avant que la langue française ne subisse une entreprise de masculinisation par des grammariens misogynes.
- Les couilles sur la table, Victoire Tuaillon, éd. Binge Audio Éditions, 2019 (ISBN 978-2-4912-6000-2), p. 30
S'intéresser aux masculinités, retourner le regard, c'est donc aussi remettre en question notre économie, nos institutions politiques, judiciaires, médicales, autrement dit, nos structures de pouvoir.
- Les couilles sur la table, Victoire Tuaillon, éd. Binge Audio Éditions, 2019 (ISBN 978-2-4912-6000-2), p. 13
La masculinité comme la féminité ont le naturel de l'évidence, et l'évidence du naturel.
- Les couilles sur la table, Victoire Tuaillon, éd. Binge Audio Éditions, 2019 (ISBN 978-2-4912-6000-2), p. 25
La musculinité, tout comme la féminité, est avant tout une construction - sociale, culturelle, historique. Il ne s'agit pas d'ignorer le corps ou la biologie.
- Les couilles sur la table, Victoire Tuaillon, éd. Binge Audio Éditions, 2019 (ISBN 978-2-4912-6000-2), p. 25
Notre socialisation ne s'arrête jamais : toute notre vie, nous changeons d'opinions, de vision de nous-mêmes, en fonction d'innombrables influences extérieures.
- Les couilles sur la table, Victoire Tuaillon, éd. Binge Audio Éditions, 2019 (ISBN 978-2-4912-6000-2), p. 25
Le comportement différencié des parents sur leurs enfants en fonction de leur genre est l'un des premiers facteurs qui contraint ces enfants à adopter les codes de ce genre.
- Les couilles sur la table, Victoire Tuaillon, éd. Binge Audio Éditions, 2019 (ISBN 978-2-4912-6000-2), p. 29
À la différenciation des genres se superpose une hiérarchisation. Dans la quasi-totalité des sociétés connues, ce qui est masculin est considéré comme supérieur au féminin. Cette dichotomie imprègne toute notre manière de voir le monde, tous nos systèmes de représentation.
- Les couilles sur la table, Victoire Tuaillon, éd. Binge Audio Éditions, 2019 (ISBN 978-2-4912-6000-2), p. 30
La science est la science, avec ses biais inévitables car les scientifiques sont aussi des humains. Mais se précipiter pour en tirer des conclusions sur comment devrait être organisée la société, comment on devrait gérer nos vies, ce n'est pas de la science: de la philosophie, de la morale, de la politique. La science ne nous dit pas ce qui est bien ou mal; elle ne peut pas nous servir de guide.
- Les couilles sur la table, Victoire Tuaillon, éd. Binge Audio Éditions, 2019 (ISBN 978-2-4912-6000-2), p. 44
Propos publics
[modifier]Quand je suis entrée à l’école de journalisme de Sciences Po, ma principale angoisse c’était de financer mes études : j’étais boursière et je n’arrivais plus à travailler à côté. Et il se trouve qu’à Sciences Po il y a un partenariat avec France Télévisions qui sélectionne trois étudiant·es chaque année pour les prendre en apprentissage. Quand j’ai su que ça existait j’ai tout fait pour l’avoir : ça m’a sauvée, financièrement.
- « Entretien avec Victoire Tuaillon », Victoire Tuaillon, propos recueillis par Thomas Guillaud-Bataille, Arte Radio, 14 janvier 2020 (lire en ligne)
Je crois que la question qui m’anime depuis très longtemps, c’est : “comment on fait pour vivre ensemble, et que tout le monde se sente libre d’être qui il est ? ”
- « Entretien avec Victoire Tuaillon », Victoire Tuaillon, propos recueillis par Thomas Guillaud-Bataille, Arte Radio, 14 janvier 2020 (lire en ligne)
Il n’y a pas un milieu professionnel qui échappe au sexisme, et il prend des formes spécifiques à chaque métier. La voix c’est un bon exemple : on a l’impression qu’une voix plus grave fait plus sérieux, plus crédible… pourquoi ? Parce que c’est la voix des hommes. Donc, de fait, on demande aux femmes de viriliser leur voix.
- « Entretien avec Victoire Tuaillon », Victoire Tuaillon, propos recueillis par Thomas Guillaud-Bataille, Arte Radio, 14 janvier 2020 (lire en ligne)
Dans presque toutes les rédactions de médias, plus on monte dans la hiérarchie, moins on trouve de femmes. Les directeurs de rédaction sont des hommes, dans sept cas sur dix. Les femmes sont toujours payées 12% de moins que leurs confrères. Ça se voit aussi dans les spécialités des journalistes : les sujets “maternité”, “famille”, “éducation”, “santé” sont le plus souvent confiés à des journalistes femmes. Les sujets considérés comme plus importants, comme le journalisme de guerre, les gros faits divers, la politique ou l’économie, avaient plus tendance à être confiés à des hommes. J’observais aussi les différences dans les exigences d’apparence physique. Par exemple on peut voir des hommes âgés, obèses ou laids à l’antenne ; jamais de femmes dans la même situation.
- « Entretien avec Victoire Tuaillon », Victoire Tuaillon, propos recueillis par Thomas Guillaud-Bataille, Arte Radio, 14 janvier 2020 (lire en ligne)
En deux semaines on a fait le générique, les visuels, et on a enregistré notre premier épisode. Un mois plus tard éclatait l’affaire Weinstein et le mouvement #MeToo.
- Au sujet du lancement du podcast Les Couilles sur la table.
- « Entretien avec Victoire Tuaillon », Victoire Tuaillon, propos recueillis par Thomas Guillaud-Bataille, Arte Radio, 14 janvier 2020 (lire en ligne)
À l’école de journalisme, je lisais Acrimed, Charlie Hebdo, des articles de critiques des médias, j’avais lu Pierre Bourdieu Sur la Télévision, Les nouveaux chiens de garde de Serge Halimi : une des critiques récurrentes visait la soi-disant objectivité journalistique. Je m’interrogeais là-dessus.
- « Entretien avec Victoire Tuaillon », Victoire Tuaillon, propos recueillis par Thomas Guillaud-Bataille, Arte Radio, 14 janvier 2020 (lire en ligne)
Une des pratiques que j’ai adoptées et qui vient du journalisme militant, c’est « Check your privilege » : dire de quels privilèges on bénéficie et dire d’où on parle. Avoir conscience de ça pour espérer avoir moins de biais que les journalistes qui ne font pas ce travail là de questionner leur position.
- « Entretien avec Victoire Tuaillon », Victoire Tuaillon, propos recueillis par Thomas Guillaud-Bataille, Arte Radio, 14 janvier 2020 (lire en ligne)
Je ne me considère pas comme une militante féministe. Je suis journaliste, et je suis une journaliste engagée. Et j’estime que puisque je suis payée, et que j’ai été payée à lire des tas d’ouvrages, à m’intéresser à ce qui se passe dans le monde, à chercher l’information, les bonnes personnes et les bons textes, je dois mettre le résultat de ce travail au service du public. Donc je me demande sans cesse ce dont le public a besoin, quelles nouvelles idées en circulation il est important de leur faire entendre.
- « Entretien avec Victoire Tuaillon », Victoire Tuaillon, propos recueillis par Thomas Guillaud-Bataille, Arte Radio, 14 janvier 2020 (lire en ligne)
Ce qui m’intéresse c’est de comprendre un peu mieux le monde dans lequel on est. Et l’idée au fond, c’est plus on comprend le monde, et mieux on vit ensemble. C’est un peu hérité des Lumières : la connaissance qui peut libérer et permettre des rapports plus justes avec les autres.
- « Entretien avec Victoire Tuaillon », Victoire Tuaillon, propos recueillis par Thomas Guillaud-Bataille, Arte Radio, 14 janvier 2020 (lire en ligne)
