Citations relatives au bushido
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Voici un aperçu de la loi du bushido telle qu'elle est exprimée, notamment vers la fin du XVIIe siècle[1] :
Le vrai courage consiste à vivre quand il est juste de vivre, à mourir quand il est juste de mourir.
(Hagakure, Yamamoto Jôchô.)
Nakoso Oshikere
, devise utilisée par l'écrivain Ryōtarō Shiba pour expliciter et résumer le bushido. Elle peut être comprise de deux façons quasiment identiques : « Ne commets rien qui ne te fasse honte » et « Chéris ton nom ».
Si quelqu'un brandit son épée à tout va, personne n'osera l'approcher et il se retrouvera dépourvu d'allié. D'un autre côté, s'il garde toujours sa lame au fourreau, elle va perdre de son tranchant et accumuler la rouille : les gens assumeront que c'est un faible.
(Hagakure, Yamamoto Jôchô.)
Il est regrettable de laisser passer le moment où l'on aurait dû périr. En tout premier lieu, un homme dont la profession est celle du maniement des armes devrait penser et agir non seulement pour sa gloire personnelle, mais aussi pour le bien de ses descendants. Ainsi se doit-il garder de déshonorer son nom en chérissant la vie excessivement… Quant il s'agit de mourir au combat, l'idéal élevé consiste à se sacrifier au nom de l'Empereur ou pour l'accomplissement du plan d'un commandant militaire. C'est cela qui sera source de fierté pour la descendance d'un samouraï.
(Shiba Yoshimasa, 1350-1410.)
Un homme qui ne cesse de calculer est un poltron. Je dis cela parce que les supputations ont toujours un lien avec les idées de profit et de perte ; l'individu qui les fait est tout le temps préoccupé par des notions de gain ou de perte. Mourir est une perte, vivre est un gain et c'est ainsi que l'on décide souvent de ne pas mourir. C'est de la lâcheté. De même, un homme qui a reçu une bonne éducation peut camoufler, avec son intelligence et son éloquence, sa poltronnerie ou sa cupidité qui sont sa véritable nature. Bien des gens ne s'en rendent pas compte.
(Hagakure, Yamamoto Jôchô.)
Ne pas se briser (orezu), ne pas se tordre (magarazu), être fort tranchant (yokukireru).
(Proverbe japonais, servant de définition basique pour un bon sabre.)
Il était une fois un homme qui se rendait avec ses pages au temple Jisso'in, à Kawakami. L'un de ses pages qui était ivre déclencha une querelle avec l'un des bateliers du ferry les transportant. Une fois le bateau accosté, il dégaina son sabre et attaqua l'homme, qui le sonna à coups de rames, puis ses collègues s'assemblèrent pour le lyncher. Le patron du page fit comme si de rien n'était et s'éloigna. Un autre page se précipita au secours de son ami, présenta ses excuses aux bateliers, puis le ramena à la maison de leur maître. Cette nuit là, le maître confisqua les épées du page. En tout premier lieu, ce maître était dans le tort pour ne pas avoir rabroué son page ivre et pris le contrôle de la situation avant qu'elle ne dégénère. De plus, après que le page eut été mis au sol, il n'y avait plus aucune raison de présenter des excuses aux bateliers, en dépit du fait que le page était en faute… en arrivant à ce point-là, le maître aurait dû présenter ses excuses au page et à ce batelier pour ce qu'il s'apprêtait à faire, puis les pourfendre tous deux d'un seul coup. Ce monsieur-là était un couard en son cœur.
(Hagakure, Yamamoto Jôchô.)
Ne jamais rechercher les mets les plus fins dans le but de contenter son corps.
(La Voie à suivre seul, Miyamoto Musashi.)
Le sabre est un miroir parfait, si quelqu'un le porte laissez suivre le (Bu)shidō, la voie du gentilhomme. Prisez la loyauté et la modération, purifiez-vous d'abord avant de vous défendre.
(Kyōchin Meichi Shidō Gonge ; Setsugi Gōshin Jōko Antai.)
Un samouraï se conduira en fils et en sujet fidèle. Il ne quittera pas son souverain, quand bien même le nombre de ses sujets passerait de cent à dix, de dix à un.
(Hagakure, Yamamoto Jôchô.)
Mes idéaux ne sont pas les vôtres ; mes désirs ne sont pas les vôtres. Soit. Mais pourquoi est-ce que les stratèges devraient-ils utiliser du riz et du sel pour faire la guerre ? Ceci cause de graves ennuis, non seulement à nous [les nobles et généraux], mais aussi aux paysans. Les fermiers sont des Sujets de l'Empereur, ils ne devraient pas êtres agressés et sabrés sans raison.
(Uesugi Kenshin envoyant un défi à Takeda Shingen, notez que Kenshin s'accorde ici avec le pendant « moral » des théories de Sun-zi qui tend à épargner les « faux frais » en matière de guerre.)
Article Premier : Il est interdit de s'écarter du [Bu]shidō, la voie propre à l'Humanité.
(Kyōkuchō Hattō, (局中法度), règlement interne du Shinsengumi.)
Dans le monde entier, il n'y a point de nation où l'on craint moins la Mort […] les Japonais ont un tempérament plus guerrier et courageux que les Coréens, les Chinois, les gens de
Ternate (Indonésie) où tout autre nation aux alentours des Philippines.
(Saint François Xavier, à propos du Japon.)
Tout homme devrait se sentir honteux de n'avoir jamais risqué sa vie dans l'accomplissement de son devoir, quel que soit son rang ou statut social.
(Nabeshima Naoshige, l'une des principales sources d'inspiration du Hagakure.)
… Quant aux samouraïs, ils inventent toutes sortes d'armes. Ils doivent connaître les caractéristiques de chaque espèce d'arme. C'est la façon de vivre d'un bushi. Si un samouraï n'est pas familier avec les armes ou ignore les caractéristiques propres à chacune, cela ne serait-il pas insensé ?
(Le Traité des Cinq Éléments, Chapitre de la terre, Miyamoto Musashi.)
Les guerres se gagnent avec des sabres et des lances, pas avec du riz et du sel.
(Uesugi Kenshin, à Takeda Shingen, dans une lettre, en lui faisant présent de provisions de sel lors d'une période de disette au sein du clan Takeda.)
À l'âge de cinq ans, le père de Yamamoto Kichizaemon lui ordonna de prendre un sabre et de tuer un chien avec. À l'âge de 15 ans, il lui fût ordonné d'exécuter des criminels. Autrefois, il n'y avait rien d'inhabituel à ce qu'un guerrier se voit ordonné de décapiter entre 14 et 15 ans. Le seigneur Kastushige apprit à tuer sous la direction de son père, le seigneur Naoshige, tandis qu'il était encore très jeune. Après avoir pratiqué un peu, il pouvait occire une dizaine d'hommes à la suite. Autrefois, c'était la coutume, en particulier parmi les gens puissants et influents, mais désormais, plus personne n'apprend à tuer dès son jeune âge. Voilà qui est manquer de prévoyance.
(Hagakure, Yamamoto Jôchô) (Note : en effet, dès le début de l'époque Edo, les daimyos commencèrent à cesser de faire tameshigiri eux-mêmes et confiaient la chose à des spécialistes, souvent des samouraïs de faible rang, néanmoins on a gardé des traces historiques de tameshigiri effectués par des daimyos de la fin de l'époque Sengoku, tels que Hosokawa Tadaoki ou Date Masamune, d'où la nostalgie guerrière du temps passé, présente dans Hagakure.)
La voie du samouraï réside dans le désespoir : dix hommes ou davantage ne sauraient parvenir à tuer un tel homme.
(Nabeshima Naoshige.)
En temps de guerre, le témoignage de sa loyauté consistera à se porter s'il le faut au-devant des flèches ennemies sans faire cas de sa vie.
(Hagakure, Yamamoto Jôchô.)
Se consacrer entièrement à la Voie, sans même craindre la Mort.
(La Voie à suivre seul, Miyamoto Musashi.)
[ Les
nihonto ] sont de loin supérieurs aux lames espagnoles si célèbres en Europe. On peut sans peine couper un clou sans nuire au tranchant et, comme le prétendent les Japonais, fendre un homme de haut en bas d’un seul coup.
(Carl Peter Thunberg, Reise durch einen Theil von Europa, Afrika und Asien, hauptsächlich in Japan, in den Jahren 1770 bis 1779, Berlin, Hande und Spener ; observation reprise dans la 6e édition de l’Encyclopaedia Britannica, 1823.)
… S'il perd le combat et s'il est obligé de livrer sa tête […] il mourra en souriant, sans aucune vile allure.
(Hagakure, Yamamoto Jôchô.)
Ceux qui s'accrochent à la Vie périssent, ceux qui au contraire embrassent la Mort vivent.
(Uesugi Kenshin, à l'adresse de ses vassaux.)
… Il est dit aussi que l'usage des armes pour tuer — du moins quand c'est inévitable — fait aussi partie de la Voie de la Nature. Qu'est-ce que cela veut dire ? Les fleurs s'épanouissent et la verdure prolifère quand souffle la brise printanière ; mais à l'apparition des gelées d'automne, invariablement, les feuilles tombent et les arbres s'étiolent. Cela aussi est la loi de la Nature. Il peut donc se présenter un moment où il faut abattre ce qui doit l'être : certains profitent des évènements pour commettre le Mal. Quand ce mal se manifeste, il faut le combattre. C'est pourquoi il est dit aussi que l'usage des armes fait également partie de la Voie de la Nature.
(Satsujinken, Yagyū Munenori.)
… Même à jeun le samouraï porte haut le cure-dent (bushi wa kuwanedo taka yoji).
(expression de l'ère Meiji, signifiant qu'un samouraï se comporte dignement et stoïquement même dans la pauvreté, elle coïncide avec l'abolition des privilèges de la caste samouraï ainsi que de nombre de promesses qui leurs avaient étés faites et les problèmes financiers qui en ont découlé pour la plupart d'entre eux.)
… Ne jamais se relâcher à aucun moment de la journée.
(Le Traité des Cinq Éléments, le Chapitre du Vide, Miyamoto Musashi.)
Bushido signifie la volonté déterminée de mourir. Quand tu te retrouveras au carrefour des voies
et que tu devras choisir la route, n'hésite pas : choisis la voie de la mort.
Ne pose pour cela aucune raison particulière et que ton esprit soit ferme et prêt.
Quelqu'un pourra dire que si tu meurs sans avoir atteint aucun objectif,
ta mort n'aura pas de sens : ce sera comme la mort d'un chien.
Mais quand tu te trouves au carrefour, tu ne dois pas penser à atteindre un objectif :
ce n'est pas le moment de faire des plans.
Tous préfèrent la vie à la mort et si nous nous raisonnons ou si nous faisons des projets nous choisirons la route de la vie.
Mais si tu manques le but et si tu restes en vie, en réalité tu seras un couard.
Ceci est une considération importante.
Si tu meurs sans atteindre un objectif, ta mort pourra être la mort d'un chien, la mort de la folie, mais il n'y aura aucune tache sur ton honneur.
Dans le Bushido, l'honneur vient en premier.
Par conséquent, que l'idée de la mort soit imprimée dans ton esprit chaque matin et chaque soir.
Quand ta détermination de mourir en quelque moment que ce soit aura trouvé une demeure stable dans ton âme, tu auras atteint le sommet de l'instruction du bushido.
(Hagakure, Yamamoto Jôchô.)
Dans le Vide (
sunyata) il y a le bien, mais pas le mal.
(Le Livre des Cinq Roues, Chapitre du Vide, Miyamoto Musashi.)
- ↑ Bushido Shoshinshu de Taira Shigesuke autour de 1700.