René Frégni
Apparence
René Frégni (né le 8 juillet 1947 à Marseille) est un écrivain français.
La Fiancée des corbeaux, 2011
[modifier]Si un jour Tony se fait buter, c'est qu'une femme très belle passait près de lui à la même seconde que le tueur.
- La Fiancée des corbeaux, René Frégni, éd. Gallimard, 2011 (ISBN 978-2-07-013221-8), p. 31
La trace que je laisse n'a pas plus d'importance que la bave argentée d'un escargot. J'aime la blancheur de mon cahier, l'odeur du café dans un bol rouge et la lumière des saisons qui glisse derrière mes vitres comme si l'homme n'avait rien dérangé.
- La Fiancée des corbeaux, René Frégni, éd. Gallimard, 2011 (ISBN 978-2-07-013221-8), p. 65
J'ai ouvert les volets sur un paysage unique. La neige avait cessé de tomber. Le soleil surgissait des collines blanches. Nous avions sous les yeux la plus vaste joaillerie du monde. Des milliers d'hectares de pierres précieuses étincelaient. Les arbres étaient couverts de diamants, les champs et les talus, le toit de chaque maison, de chaque grange, des épées de verre entouraient la toiture du hangar. Les montagnes scintillaient au loin sous une brume rose.
- La Fiancée des corbeaux, René Frégni, éd. Gallimard, 2011 (ISBN 978-2-07-013221-8), p. 76
Le printemps est un barbare qui déchire les robes, s'engouffre dans les villes, saccage les citadelles de la raison. Le printemps est une cathédrale de feuillage et de désir qui surgit dans les ruines de l'hiver.
- La Fiancée des corbeaux, René Frégni, éd. Gallimard, 2011 (ISBN 978-2-07-013221-8), p. 113
Avec la pointe de mon stylo je gratte la surface des choses pour sentir en moi la petite bosse du mot juste qui palpite.
- La Fiancée des corbeaux, René Frégni, éd. Gallimard, 2011 (ISBN 978-2-07-013221-8), p. 118
La nuit vient de tomber. J'ai attendu immobile pendant des heures, comme mon père le faisait le dimanche, seul dans un poste de chasse dissimulé sous les branches. Guettait-il les oiseaux de passage ou les mots qui viennent de très loin planer sur nos consciences ?
- La Fiancée des corbeaux, René Frégni, éd. Gallimard, 2011 (ISBN 978-2-07-013221-8), p. 119
J'ai remis en place toutes les tuiles qui avaient glissé. D'autres hommes faisaient comme moi, sur d'autres toitures. Nous étions, de loin en loin, des paysans courbés sur nos petites parcelles de terre cuite dressées contre le ciel.
- La Fiancée des corbeaux, René Frégni, éd. Gallimard, 2011 (ISBN 978-2-07-013221-8), p. 120
Tous les matins, dans tous les bistrots du monde, des pairies d'Islande aux confins de la Terre de Feu, de la Sibérie la plus orientale à Manosque, le football embrase le cœur de milliards d'hommes qui s'éveillent.
- La Fiancée des corbeaux, René Frégni, éd. Gallimard, 2011 (ISBN 978-2-07-013221-8), p. 134
Personne ne vient jusque-là. Les chiens noirs restent couchés sur le goudron tiède de la route. Ils soulèvent à peine la tête et se rendorment. On se gare et on continue à pied.
- La Fiancée des corbeaux, René Frégni, éd. Gallimard, 2011 (ISBN 978-2-07-013221-8), p. 139
Il avait été nommé pour son premier poste dans un village des Alpes, près de Gap. Un jour il avait écrit le mot "Dictée" sur le tableau noir puis il avait enjambé la fenêtre et s'était enfui dans la forêt, laissant toute la classe bouche ouverte.
- La Fiancée des corbeaux, René Frégni, éd. Gallimard, 2011 (ISBN 978-2-07-013221-8), p. 148