René Boylesve
Apparence
René Boylesve, pseudonyme de René Tardiveau, est un écrivain français, né à Descartes (Indre-et-Loire) le 14 avril 1867 et mort à Paris le 14 janvier 1926.
C'était une si grande émotion quand elle arrivait que nous ne savions que dire ni l'un ni l'autre. Nous passions quelques secondes à nous regarder ; nous avions l'air tout ébahis, et nos yeux se demandaient : « Est-ce possible ? » Il y avait un mouvement naturel et que tout nous portait à accomplir, c'était d'ouvrir nos bras et de nous y précipiter. Mais, nous ne le faisions pas. Tous les élans de la tendresse physique inconsciente étaient arrêtés par l'extraordinaire volupté de nous voir côte à côte et de sentir que nous ne pouvions pas parler, et de nous surprendre des larmes montantes à cause de notre amour. Oh ! je fais appel à tous les amants : j'ai goûté toutes sortes d'ivresses ; mais je n'ai rien éprouvé qui approchât de la seule présence de cette jeune fille dans ma chambre, muette, abritée de mes caresses, et me donnant seulement son beau regard humide où il était visible qu'elle se vouait à mon adoration.
- Sainte-Marie des Fleurs, René Boylesve, éd. Ollendorff, 1897, p. 94
Je vous ai désirée un soir
[modifier] Par suite de quelles circonstances réunies, et chacune sans doute impondérable, cette ligne d'un corsage féminin plus imposée qu'offerte à ma vue, durant un office religieux, anima-t-elle mes sens jusque là si tranquilles ?… Mais d'où vient la forme qui touche ?
- Je vous ai désirée un soir, René Boylesve, éd. Fayard, Le livre de demain, 1924, p. 51
Ma sérénité, ma docilité, ma régularité, ma piété tombèrent là, à cette heure et à cet endroit précis. …
- Je vous ai désirée un soir, René Boylesve, éd. Fayard, Le livre de demain, 1924, p. 52
Elle court avec moi jusqu'au divan de perse bleue fatigué, et là, m'écrase contre cette poitrine qui, aujourd'hui, pour moi, a lutté victorieusement contre la cause de Dieu.
- Je vous ai désirée un soir, René Boylesve, éd. Fayard, Le livre de demain, 1924, p. 55
… j'avais découvert le talisman qui m'a consolé de toutes les déconvenues pendant le reste de ma vie " : " une interprétation à la fois amère et souriante de tous les agissements des hommes me parut, dès seize ans, être la définitive sagesse.
- Je vous ai désirée un soir, René Boylesve, éd. Fayard, Le livre de demain, 1924, p. 59
Des femmes qui avaient mis de légers châles et des foulards à l’approche du soir, les enlevaient, se dégageaient le cou, du mouvement onduleux et câlin d’une chatte, enfin tendaient véritablement aux baisers aériens leurs joues, peut-être leurs lèvres.
- Le Parfum des îles Borromées, René Boylesve, éd. Ollendorff, 1902, p. 3
Je me souviens qu'un matin d'avril ou de mai mon père me fit monter avec lui dans sa voiture pour aller à la campagne chez ma tante Planté. La remise et l'écurie donnaient sur une ruelle étroite et assez mal entretenue où l'on se heurtait à des charrettes à bras, à des tonneaux et aux appareils de M. Fesquet qui était bouilleur de cru. Il n'y avait donc rien d'attrayant en cet endroit, sauf peut-être une branche d'acacia fleuri dépassant le mur de Mme Auxenfants, et la légèreté du ciel de Touraine. Cependant, au moment où le cabriolet s'ébranla dans cette vilaine ruelle, j'eus une singulière émotion heureuse.
- L'Enfant à la balustrade, René Boylesve, éd. Calmann-Lévy, 1903, p. 1