Properce
Properce, de son nom latin Sextus Propertius, est un poète latin né aux alentours de 47 av. J.-C. en Ombrie, sans doute à proximité de la ville actuelle d'Assise, et mort vers 16/15 av. J.-C. Il est l'auteur d'élégies amoureuses réparties en plusieurs livres.
Élégies
[modifier]Cynthie la première me prit, pour mon malheur, de ses doux yeux, moi que n'avaient encore touché nuls désirs. Alors il me fit baisser mon regard au ferme dédain, l'Amour qui pressa ma tête de ses pieds appuyés, jusqu'à ce qu'il m'apprît à détester les jeunes femmes vertueuses, l'effronté, et à vivre sans règle.
- (la)
Cynthia prima suis miserum me cepit ocellis
contactum nullis ante cupidinibus.
Tum mihi constantis deiecit lumina fastus
et caput impositis pressit Amor pedibus,
donec me docuit castas odisse puellas
improbus, et nullo uiuere consilio.
- Début de la première élégie du premier livre.
- (la) Élégies, Properce (trad. Simone Viarre), éd. Les Belles Lettres, coll. « Collection des universités de France », 2, I, 1, p. 2005, vers 1-6
Si elle plaît à un seul, une jeune femme est assez parée.
- (la)
Uni si qua placet, culta puella sat est.
- (la) Élégies, Properce (trad. Simone Viarre), éd. Les Belles Lettres, coll. « Collection des universités de France », 2005, I, 2, p. 4-5, vers 26
Ta noblesse ne pourra te secourir en amour : l'Amour ne sait pas céder devant d'antiques portraits.
- (la)
Nec tibi nobilitas poterit succurrerre amanti :
nescit Amor priscis cedere imaginibus.
- La mention des portraits est une allusion à la coutume des nobles consistant à faire porter en public des effigies de leurs ancêtres lors des grands événements civiques.
- (la) Élégies, Properce (trad. Simone Viarre), éd. Les Belles Lettres, coll. « Collection des universités de France », 2005, I, 5, p. 8
Ah ! périsse celui qui peut aimer avec indifférence !
- (la)
Ah pereat, si quis lentus amare potest !
- (la) Élégies, Properce (trad. Simone Viarre), éd. Les Belles Lettres, coll. « Collection des universités de France », 2005, I, 6, p. 9, vers 12
Tandis, Ponticus, que tu chantes la Thèbes de Cadmus et les tristes armes du combat fraternel et - puissé-je avoir autant de chance ! - que tu rivalises avec Homère qui est le premier (pourvu que les destins soient favorables à tes poèmes !), nous, comme à l'habitude, nous menons nos amours et cherchons quelque parade contre une dure maîtresse ; et je dois servir moins mon inspiration que ma douleur ; je dois me plaindre des durs moments de ma jeunesse. C'est la façon dont se passe ma vie, c'est ma gloire, c'est de là que je désire voir le renom de mes vers.
- (la)
Dum tibi Cadmeae dicuntur, Pontice, Thebae
armaque fraternae tristia militiae,
atque, ita sim felix, primo contendis Homero
(sint modo fata tuis mollia carminibus !),
nos, ut consuemus, nostros agitamus amores,
atque aliquid duram quaerimus in dominam ;
nec tantum ingenio quantum seruire dolori
cogor et qetatis tempora dura queri.
Hic mihi conteritur uitae modus, haec mea fama est,
hinc cupio nomen carminis ire mei.
- Début de l'élégie 7 du livre I. Ponticus composait des épopées (notamment sur l'expédition des sept chefs contre Thèbes, d'où l'allusion à la guerre fratricide entre Étéocle et Polynice.)
- (la) Élégies, Properce (trad. Simone Viarre), éd. Les Belles Lettres, coll. « Collection des universités de France », 2005, I, 7, p. 10-11, vers 1-10
Quel grand amour s'est enfui en si peu de temps !
- (la)
Quantus in exiguo tempore fugit amor !
- (la) Élégies, Properce (trad. Simone Viarre), éd. Les Belles Lettres, coll. « Collection des universités de France », 2005, I, 12, p. 17, vers 12
Aussit, tant qu'il est permis, jouissons entre nous de nous aimer : jamais l'amour n'est assez long.
- (la)
Quare, dum licet, inter nos laetemur amantes :
non satis est ullo tempore longus amor.
- (la) Élégies, Properce (trad. Simone Viarre), éd. Les Belles Lettres, coll. « Collection des universités de France », 2005, I, 19, p. 26, vers 25-26
Vous cherchez à savoir pourquoi j'écris si souvent de mes amours et d'où me vient aux lèvres un livre de mollesse ; ce n'est pas Calliope, ce n'est pas Apollon qui me chantent ces vers : ma maîtresse elle-même fait mon inspiration. Si je l'ai vue s'avancer brillante dans un tissu de Cos, je tirerai tout un volume du tissu de Cos ; si j'ai vu ses cheveux épars errer sur son front, elle va en se réjouissant, fière de ce que je loue sa chevelure ; si elle frappe le chant sur la lyre de ses doigts d'ivoire, nous admirons comment sa main habile presse la lyre ; si elle abaisse ses paupières qui luttent contre le sommeil, en poète je trouve mille idées nouvelles ; si elle lutte nue avec moi, son vêtement arraché, alors vraiment nous composons de longues Iliades ; quoi qu'elle fasse ou qu'elle dise, d'un rien naît une très grande histoire.
- (la)
Quaeritis, unde mihi totiens scribantur amores,
unde meus ueniat mollis in ora liber.
Non haec Calliope, non haec mihi cantat Apollo :
ingenium nobis ipsa puella facit.
Siue illam Cois fulgentem incedere uidi,
hoc totum e Coa ueste uolumen erit ;
seu uidi ad frontem sparsos errare capillos,
gaudet laudatis ire superba comis ;
siue lyrae carmen digitis percussit eburnis,
miramur, facilis ut premat arte manus ;
seu compescentis somnum declinat ocellos,
inuenio causas mille poeta nouas ;
seu nuda erepto mecum luctatur amictu,
tum uero longas condimus Iliadas :
seu quidquid fecit siue est quodcumque locuta,
maxima de nihilo nascitur historia.
- Début de la première élégie du livre II.
- (la) Élégies, Properce (trad. Simone Viarre), éd. Les Belles Lettres, coll. « Collection des universités de France », 2005, II, 1, p. 30
La médecine guérit toutes les douleurs humaines, seul l'amour n'aime pas le médecin de sa maladie.
- (la)
Omnis humanos sanat medicina dolores :
solus amor morbi non amat artificem.
- (la) Élégies, Properce (trad. Simone Viarre), éd. Les Belles Lettres, coll. « Collection des universités de France », 2005, II, 1, p. 32, vers 57-58