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Poète

Une page de Wikiquote, le recueil des citations libres.
Orphée ramenant Eurydice des Enfers.

Un poète est quelqu'un qui dit ou écrit un ou plusieurs poèmes. Le féminin est poète ou poétesse. C'est une personne pratiquant l'art de combiner les mots, les sonorités, les rythmes pour évoquer des images, suggérer des sensations, des émotions. Homère, Sophocle, Pindare et Sappho furent des poètes dans leur genre respectif : poésie épique, poésie dramatique, poésie lyrique.

Citations

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Le poète, c'est celui qui invente son monde et qui peint le monde de la manière dont il voudrait qu'il soit


le Poète qui semble ne rien faire et qui néanmoins règne sur l’Humanité quand il a su la peindre.


Le Poète est semblable au princes des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.

  • Les Fleurs du mal (1857), Charles Baudelaire, éd. Librairie Garnier Frères, 1949, partie Spleen et idéal, II (L'Albatros), p. 12 (texte intégral sur Wikisource)


Réaliser dans l’âge d’homme les rêves de la jeunesse, c’est ainsi qu’un poète a défini le bonheur.


La musique doit vaincre le bruit. La poésie, elle, doit vaincre le mot, qui, fortifié par les règles de la prosodie, devient aussi résistant que le marbre. Et voici, maintenant, la victoire définitive de l’artiste, et la plus belle : le musicien, le poète, dépassant le monde et se retrouvant eux-mêmes, dans une émouvante confrontation, luttent contre leur propre moi, le dominent.
  • « Alain et l’esthétique », Tropiques, 2, juillet 1941.
  • Le grand camouflage : écrits de dissidence (1941-1945), Suzanne Césaire, éd. Seuil, 2009  (ISBN 978-2-02-099908-3), p. 45


Le poète transforme indifféremment la défaite en victoire, la victoire en défaite, empereur prénatal seulement soucieux du recueil de l'azur.
  • Fureur et mystère (1948), René Char, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1962  (ISBN 2-07-030065-X), partie SEULS DEMEURENT (1938-1944), Partage formel, p. 66


Le poète en traduisant l'intention en acte inspiré, en convertissant un cycle de fatigues en fret de résurrection, fait entrer l'oasis du froid par tous les pores de la vitre de l'accablement et crée le prisme, hydre de l'effort, du merveilleux, de la rigueur et du déluge, ayant tes lèvres pour sagesse et mon sang pour retable.
  • Fureur et mystère (1948), René Char, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1962  (ISBN 2-07-030065-X), partie SEULS DEMEURENT (1938-1944), Partage formel, p. 75


Le logement du poète est des plus vagues ; le gouffre d'un feu triste soumissionne sa table de bois blanc.
La vitalité du poète n'est pas une vitalité de l'au-delà mais un point diamanté actuel de présences transcendantes et d'orages pèlerins.

  • Fureur et mystère (1948), René Char, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1962  (ISBN 2-07-030065-X), partie SEULS DEMEURENT (1938-1944), Partage formel, p. 75


Si le poète a pu écrire :

— Partir, c’est mourir un peu.

Les prisonniers ont pu rêver :

— Mourir, c’est partir un peu.


Le poète n’est pas celui qui est inspiré, mais celui qui inspire.
  • « Avec Édouard Roditi, 1967 », dans Écritures, Max Ernst, éd. Gallimard, 1970, partie Interviews et déclarations, p. 416


Le poète a toujours raison
Qui voit plus haut que l'horizon
Et le futur est son royaume
Face à notre génération
Je déclare avec Aragon
La femme est l'avenir de l'homme

Le poète a toujours raison
Qui détruit l'ancienne oraison
L'image d’Ève et de la pomme.
Face aux vieilles malédictions,
Je déclare avec Aragon :
La femme est l'avenir de l'homme !

  • Le titre est une célèbre maxime du poète Louis Aragon, auquel cette chanson, La femme est l'avenir de l'homme, qui donne son titre à l'album, rend hommage.


Le poète est ainsi dans les Landes du monde;
Lorsqu'il est sans blessure il garde son trésor.
Il faut qu'il ait au cœur une entaille profonde
Pour épancher ses vers, divines larmes d'or!


Le poète est le peintre du monde invisible.
  • (pt) O poeta é um pintor do mundo invisível.
  • (pt) « Citacoes », Ana Hatherly (trad. Wikiquote), site de l'autrice, inconnue (avant 2015) (lire en ligne)


Le poète éprouve le métier de poète au sens d'une vocation au mot, entendu comme la source de l'être.
  • Acheminement vers la parole (1959), Martin Heidegger (trad. Jean Beaufret, Wolfgang Brokmeier & François Fédier), éd. Gallimard, coll. « TEL », 1976, p. 153


Les tyrans renversés ressemblent souvent aux ombres affranchies qui n'en finissent plus de briser les miroirs de leur propre vie pour perdre la mémoire du passé. Mais le poète est toujours là pour rappeler leur barbarie dans la transhumance des mots de la langue.
  • Au-delà de Dieu, au-delà des chimères. Essai, Kama Sywor Kamanda, éd. L'Age d'Homme, 2007, p. 60


O poète ! Si tu veux peindre la moisissure de ton antre et que l’inspiration si nécessaire à cette effet te vienne à manquer, achète-toi un camembert et, le reniflant de temps en temps, tu réussiras.


Dépassant le mur du son
je me libère de toute mesure
la voix perd la parole
Le poète
devenu l'homme
qu'il ne voulait pas être
vend au rabais
une vérité sans loi

  • Le Mur du son, Anise Koltz, éd. PHI, coll. « G.R.A.P.H.T..I », 1997, p. 9-10


Nul ne peut être mathématicien s'il n'a l'âme d'un poète.
  • Dans une lettre à Mme Schabelskoy


Les pères blancs nous ont inculqué : je pense, donc je suis. La mère Noire, en chacune de nous – la poète – vient murmurer dans nos rêves « Je ressens, donc je peux être libre ». La poésie cisèle la parole pour qu’elle exprime et guide cette exigence révolutionnaire, l’accomplissement de cette liberté.
  • « Poetry Is Not a Luxuary », Chrysalis, 3, 1977.
  • Sister Outsider : essais et propos sur la poésie, l’érotisme, le racisme, le sexisme…, Audre Lorde (trad. Magali C. Calise ainsi que Grazia Gonik, Marième Hélie-Lucas et Hélène Pour), éd. Mamamélis, 2018  (ISBN 9782940116133), chap. La poésie n’est pas un luxe, p. 35


Le poète, s’il n’est pas réaliste, est un écrivain mort. Mais le poète qui ne serait que réaliste serait lui aussi un écrivain mort. Le poète irrationnel ne peut espérer être compris que de lui-même et de son égérie, ce qui est plutôt affligeant. Le poète rationaliste sera compris même des ânes, ce qui est également triste. Pour les équations poétiques il n’y a pas de table de logarithmes, ni d’ingrédients imposés par Dieu ou par le diable, mais ces deux personnages capitaux s’affrontent à l’intérieur de la poésie et l’emportent à tour de rôle, sans qu’elle soit pour autant jamais vaincue.
  • J’avoue que j’ai vécu, Pablo Neruda (trad. Claude Couffon), éd. Gallimard, 1987  (ISBN 2-07-037822-5), chap. La poésie est un métier, p. 398


(...)le problème du vrai poète est toujours le même. S'il est heureux pendant une longue période, il devient ordinaire. S'il est malheureux pendant une longue période, il ne peut plus trouver en lui la force de tenir en vie sa poésie... La vraie poésie ne cohabite avec le bonheur que pour une durée très courte. Au bout d'un certain temps, soit le bonheur banalise la poésie et le poète, soit alors la vraie poésie gâche le bonheur.
  • Neige (2002), Orhan Pamuk (trad. Jean-François Pérouse), éd. Folio, 2005  (ISBN 978-2-07-034454-3), chap. 14, p. 189


Le poète est un kaléidoscope. Il entre peu de chose dans l’infinie diversité de ses combinaisons.
  • « Le Livre de mon bord, notes 1930-1936 », dans Œuvres complètes, Pierre Reverdy, éd. Flammarion, coll. « Mille & une pages », 2010  (ISBN 978-2-0812-2201-4), t. II, p. 686


Le poète, semblable au pigeon voyageur, porte dans sa plume un message, que d’autres devront, pour en extraire le vrai sens, déchiffrer.
  • « Le Livre de mon bord, notes 1930-1936 », dans Œuvres complètes, Pierre Reverdy, éd. Flammarion, coll. « Mille & une pages », 2010  (ISBN 978-2-0812-2201-4), t. II, p. 710


Contre le poète et pour la poésie, une seule source, un seul secret, un seul remède – être contrarié.
  • « En vrac », dans Œuvres complètes, Pierre Reverdy, éd. Flammarion, coll. « Mille & une pages », 2010  (ISBN 978-2-0812-2201-4), t. II, p. 833


Le poète se dégage dans la mesure où l'homme s'engage, et l'homme dégagé permet au poète de s'engager. Que le poète aille à la barricade, c'est bien – c'est mieux que bien – mais il ne peut aller à la barricade et chanter la barricade en même temps. Il faut qu'il la chante avant ou après. Avant, c'est plus prudent, ce qui revient bien à dire que l'homme est d'autant plus engagé que le poète l'est moins. Non, il n'y a pas de poésie dans la nature, mais elle est le sceau particulier, l'empreinte indélébile que l'homme impose aux choses – une marque de fabrique suprême – un cachet de noblesse et de propriété.
  • « Circonstances de la poésie », dans Œuvres complètes, Pierre Reverdy, éd. Flammarion, coll. « Mille & une pages », 2010  (ISBN 978-2-0812-2201-4), t. II, p. 1236-1237


[L]es mathématiciens sont un peu comme les poètes : les poètes aussi retournent dans leur esprit, consciemment ou inconsciemment, des vers jusqu’à obtenir une formulation parfaite.


Est-ce que ta haute destinée te faisait peur ? Est-ce que l'esprit de Dieu était passé devant toi sous des traits trop sévères ? L'ange de la poésie, qui rayonne à sa droite, s'était penché sur ton berceau pour te baiser au front ; mais tu fus effrayé sans doute de voir si près de toi le géant aux ailes de feu. Tes yeux ne purent soutenir l'éclat de sa face, et tu t'enfuis pour lui échapper. A peine assez fort pour marcher, tu voulus courir à travers les dangers de la vie, embrassant avec ardeur toutes ses réalités et leur demandant asile et protection contre les terreurs de ta vision sublime et terrible. Comme Jacob, tu luttas contre elle, et comme lui tu fus vaincu. Au milieu des fougueux plaisirs où tu cherchais vainement ton refuge, l'esprit mystérieux vint te réclamer et te saisir. Il fallait que tu fusses poète, tu l'as été en dépit de toi-même.


Le poète contemporain est un être sceptique et méfiant, même, sinon surtout, à l'égard de lui-même. Il hésite à se déclarer poète, comme s'il en avait honte. À notre époque si tonitruante, il est beaucoup plus facile d'avouer ses défauts, s'ils sont spectaculaires et pittoresques, que ses qualités, plus profondément cachées celles-ci, et auxquelles, en outre, on ne croit guère soi-même...
  • Je ne sais quelles gens, Wisława Szymborska (trad. Piotr Kaminski), éd. Fayard, coll. « Poésie », 1997, p. 7


Pour le poète qui a saisi au cœur l’essence de son art, il n’est rien qui paraisse étranger, rien qui semble contradictoire ; les énigmes lui sont résolues, et il peut, par la magie de son imagination, enchaîner tous les temps, associer tous les mondes ; il n’y a plus de miracles, et tout devient miracle.
  • « Notice de Tieck sur la suite du roman dans la première édition (posthume) des œuvres de Novalis (1802) », Ludwig Tieck (trad. Armel Guerne), dans Henri d’Ofterdingen, Novalis, éd. Gallimard, coll. « L’Imaginaire », 2011  (ISBN 978-2-07-013622-3), p. 238


Le poète se consacre et se consume donc à définir et à construire un langage dans le langage.
  • Œuvres I (1924), Paul Valéry, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1957, chap. Situation de Baudelaire, p. 611


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