Omar Khayyam
Ghiyath ed-din Abdoul Fath Omar Ibn Ibrahim al-Khayyām Nishabouri, plus connu sous le nom d'Omar Khayyām (persan : غياث الدين ابو الفتح عمر بن ابراهيم خيام نيشابوري [ḡīyāṯ ad-dīn abū al-fatḥ ʿumar ben ibrāhīm ḫayām nīšābūrī]) ou de Khayyām (du persan: خيام [ḫayām], en arabe : خَيَّميّ [ḫayyamī] : fabricant de tentes), probablement né en 1048, à Nichapur en Perse (actuel Iran), et mort en 1131, était un mathématicien, astronome, poète et philosophe persan.
Rubayat, xiie siècle
[modifier]J'ai lancé contre une pierre un bol cette nuit ;
L'acte brutal, j'étais ivre quand je l'ai commis ;
Le bol m'a dit en son langage de bol :
« J'ai été ce que tu es ! tu seras toi aussi ce que je suis ! »
- Rubayat (xiie siècle), Omar Khayyam (trad. Armand Robin), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 2013 (ISBN 978-2-07-032785-0), p. 18
- Citation choisie pour le 28 décembre 2020.
Pour parler selon le vrai, pas de métaphores,
Nous sommes les pièces d'un jeu, le Ciel est le joueur ;
Nous jouons un petit jeu sur l'échiquier de l'existence ;
Puis, un par un, nous rentrons dans la boîte de la non-existence.
- Rubayat (xiie siècle), Omar Khayyam (trad. Armand Robin), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 2013 (ISBN 978-2-07-032785-0), p. 44
Avant-hier, je passais près d'un potier habile
dont les doigts modelaient, malléable, l'argile.
Étais-je le seul à voir que c'étaient nos aïeux
dont la poussière allait de main en main agile ?
- Quatrains. Hâfez. Ballades (xiie siècle), Omar Khayyam (trad. Vincent-Monsour Monteil), éd. Actes Sud, coll. « Babel », 1998 (ISBN 978-2-7427-4744-3), p. 42
Les roses et le pré réjouissent la terre.
Profite de l'instant : le temps n'est que poussière.
Bois du vin et cueille des roses, échanson,
car déjà, sous tes yeux, roses et pré s'altèrent.
- Quatrains. Hâfez. Ballades (xiie siècle), Omar Khayyam (trad. Vincent-Monsour Monteil), éd. Actes Sud, coll. « Babel », 1998 (ISBN 978-2-7427-4744-3), p. 44
Hier au soir, j'étais ivre et j'ai jeté mon bol
par terre : il s'est brisé aussitôt sur le sol.
Et c'était comme si montait une prière :
« J'étais un homme, et tu redeviendras poussière. »
- Quatrains. Hâfez. Ballades (xiie siècle), Omar Khayyam (trad. Vincent-Monsour Monteil), éd. Actes Sud, coll. « Babel », 1998 (ISBN 978-2-7427-4744-3), p. 64
À qui donc puis-je révéler le grand mystère
de la nature humaine et de notre destin ?
L'homme est né façonné d'argile et de chagrin
puis fait quelques pas et quitte cette terre.
- Quatrains. Hâfez. Ballades (xiie siècle), Omar Khayyam (trad. Vincent-Monsour Monteil), éd. Actes Sud, coll. « Babel », 1998 (ISBN 978-2-7427-4744-3), p. 82
Regarde le potier qui façonne la glaise.
Pourquoi est-il brutal ? A-t-il raison ou tort ?
Irait-il triturer cette argile à son aise,
s'il pensait que c'est la poussière de ses morts ?
- Quatrains. Hâfez. Ballades (xiie siècle), Omar Khayyam (trad. Vincent-Monsour Monteil), éd. Actes Sud, coll. « Babel », 1998 (ISBN 978-2-7427-4744-3), p. 92
Nous sommes des jouets entre les mains du Ciel
qui nous déplace comme Il veut : c'est notre maître.
Au jeu d'échec, nous sommes des pions éternels
qui tombent un-à-un tout au fond du non-être.
- Quatrains. Hâfez. Ballades (xiie siècle), Omar Khayyam (trad. Vincent-Monsour Monteil), éd. Actes Sud, coll. « Babel », 1998 (ISBN 978-2-7427-4744-3), p. 92
Quand nos deux corps perdront mon âme avec la tienne,
les os des morts seront ma tombe avec la tienne.
Et plus tard, des maçons, pour bâtir un tombeau,
viendront déterrer ma poussière avec la tienne.
- Quatrains. Hâfez. Ballades (xiie siècle), Omar Khayyam (trad. Vincent-Monsour Monteil), éd. Actes Sud, coll. « Babel », 1998 (ISBN 978-2-7427-4744-3), p. 98
Venus purs du néant, nous en partons impurs.
Venus heureux, nous repartons pleins de misère.
L'eau des pleurs dans les yeux, au cœur un feu obscur,
nous rendons l'âme à l'air et mourrons dans la terre.
- Quatrains. Hâfez. Ballades (xiie siècle), Omar Khayyam (trad. Vincent-Monsour Monteil), éd. Actes Sud, coll. « Babel », 1998 (ISBN 978-2-7427-4744-3), p. 120
Citations rapportées
[modifier]Ceux qui par la science vont au plus haut du monde
Qui par l'intelligence, scrutent le fond des cieux
Ceux-là, pareils aussi à la coupe du ciel
La tête renversée, vivent dans leur vertige.
- Citation tirée du Ruba'iyat.
- (fr) Le Théorème du Perroquet, Denis Guedj, éd. Points, Septembre 2000 (ISBN 978-2-02-042785-2), chap. 12 (« Les obscurs secrets de l’IMA »), p. 258 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
Je ne me suis jamais privé de donner mon temps aux sciences
Par la science j'ai dénoué les quelques nœuds d'obscurs secrets
Après soixante-douze années de réflexion sans jour de trêve
Mon ignorance, je la sais...
- Citation tirée du Ruba'iyat.
- (fr) Le Théorème du Perroquet, Denis Guedj, éd. Points, Septembre 2000 (ISBN 978-2-02-042785-2), chap. 12 (« Les obscurs secrets de l'IMA »), p. 260 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
- Citation choisie pour le 16 septembre 2021.
Pour parler clairement et sans paraboles,
Nous sommes les pièces d'un jeu que joue le Ciel.
On s'amuse avec nous sur l'échiquier de l'Être,
Puis nous retournons un par un dans la boîte du Néant.
- Guy Debord, Œuvres, Guy Debord, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2014 (ISBN 978-2-07-077374-9), partie In girum imus nocte et consumimur igni, édition critique, p. 1776