Nelly Sachs
Nelly Sachs, née le à Schöneberg et morte le à Stockholm, est une poétesse suédoise, juive, de langue allemande du XXe siècle.
Citations
[modifier]Dans les demeures de la mort, 1999
[modifier]Nous que le noir soleil de la peur
Transperça comme des cribles -
Échappés de la sueur à la minute d'agonie.
Fanées sur notre corps sont les morts à nous infligées
Telles les fleurs des champs fanées sur une colline de sable.
Ô vous qui saluez doué de parole, dites au sable:
Je t'aime.
- Éclipse d'étoile, Nelly Sachs (trad. Mireille Gansel), éd. Verdier, 1999 (ISBN 2-86432-280-3), partie Dans les demeures de la mort, Chœur des morts, p. 54
Dans le secret d'un soupir
Peut germer le chant inchanté de la paix
- Éclipse d'étoile, Nelly Sachs (trad. Mireille Gansel), éd. Verdier, 1999 (ISBN 2-86432-280-3), partie Dans les demeures de la mort, Chœur des choses invisibles, p. 59
Éclipse d'étoile, 1999
[modifier]Ô LES COULEURS APATRIDES du ciel vespéral!
Ô les corolles de l'agonie dans les nuages
tel le blémissement des nouveaux-nés!
Ô l'énigme que posent au mystère
les hirondelles -
le cri déshumanisé des mouettes
surgi du temps de la création -
- Éclipse d'étoile, Nelly Sachs (trad. Mireille Gansel), éd. Verdier, 1999 (ISBN 2-86432-280-3), partie Éclipse d'étoile, Survivants, p. 103
QUEL bel au-delà
est peint dans ta poussière.
À travers le noyau de flammes de la terre,
à travers son écorce de pierre
tu fus offert,
tissage d'adieu à la mesure de l'éphémère.
- Éclipse d'étoile, Nelly Sachs (trad. Mireille Gansel), éd. Verdier, 1999 (ISBN 2-86432-280-3), partie Éclipse d'étoile, Papillon, p. 130
Ce ne sont pas des chants de combat
que je veux vous chanter,
mes bien-aimés,
seulement apaiser le sang
et faire fondre les larmes
prises dans les glaces des chambres mortuaires.
- Éclipse d'étoile, Nelly Sachs (trad. Mireille Gansel), éd. Verdier, 1999 (ISBN 2-86432-280-3), partie Éclipse d'étoile, En terre d'Israël, p. 134
Peuples de la terre,
ne détruisez pas l'univers des paroles,
ne découpez pas avec les couteaux de la haine
le son qui fut enfanté en même temps que le souffle.
- Éclipse d'étoile, Nelly Sachs (trad. Mireille Gansel), éd. Verdier, 1999 (ISBN 2-86432-280-3), partie Éclipse d'étoile, Peuple de la terre, p. 135
Exode et métamorphose
[modifier]LORSQUE L'ÉCLAIR
embrasa l'édifice de la foi
des pieds marchèrent sur l'eau
et des bras passèrent telles des ailes dans l'air
Seul reflua dans la terre
la mélancolie
ce vin pressé
pour les anges funéraires
qui enfin dormiront tout leur saoul
- Exode et Métamorphe (1961), Nelly Sachs (trad. Mireille Gansel), éd. Verdier, coll. « Der Doppelgänger », 2002 (ISBN 2-86432-361-3), p. 30
DANS LE CRÉPUSCULE DU MATIN,
quand est retournée la pièce de monnaie de la nuit
frappée au sceau du rêve
et que côtes, peau, pupilles
sont entraînées vers leur naissance-
que le coq à la blanche crête chante,
l'effroyable instant
de l'indigence vide de Dieu est là,
un carrefour est atteint-
Le tambour de la nuit a nom démence-
un sang apaisé coule-
- Exode et Métamorphe (1961), Nelly Sachs (trad. Mireille Gansel), éd. Verdier, coll. « Der Doppelgänger », 2002 (ISBN 2-86432-361-3), p. 47
ISRAËL N'EST PAS SEULEMENT UN PAYS!
De la soif à la nostalgie
de la racine incandescente des minuits
à travers les portes des blés en champ
jusqu'à l'azur éthéré des buveurs du souffle
derrière les tressaillements de la grâce sur les yeux aveuglés.
Ailes de la prophétie
contre l'épaule des sables du désert.
Le galop de ton pouls dans l'orage nocturne,
les pieds d'airain
de tes montaignes s'ébrouant d'éternité
et leur course
jusque dans l'écume laiteuse
des prières des enfants.
- Exode et Métamorphe (1961), Nelly Sachs (trad. Mireille Gansel), éd. Verdier, coll. « Der Doppelgänger », 2002 (ISBN 2-86432-361-3), p. 52
ABRAHAM l'ange!
Il obéit autrement
et dans un terrible commandement
comme avec des cordes lancées à travers la nuit
Et la lumière telle une palme arrachée
broyée dans la main.
Le rêve lui est soumis,
il le perce-
météore de la nostalgie-
et parvient toujours près de Dieu
- Exode et Métamorphe (1961), Nelly Sachs (trad. Mireille Gansel), éd. Verdier, coll. « Der Doppelgänger », 2002 (ISBN 2-86432-361-3), p. 55