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Mona Chollet

Une page de Wikiquote, le recueil des citations libres.
Mona Chollet en 2020.

Mona Chollet, née en 1973, est une femme de lettres, journaliste et féministe française.

Sorcières, 2018

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La sorcière incarne la femme affranchie de toutes les dominations, de toutes les limitations : elle est un idéal vers lequel tendre, elle montre la voie.
  • Sorcières : La puissance invaincue des femmes, Mona Chollet, éd. éditions Zones, 2018  (ISBN 978-2-3552-2122-4), p. 11


À vrai dire, c'est précisément parce que les chasses aux sorcières nous parlent de notre monde que nous avons d'excellentes raisons de ne pas les regarder en face. S'y risquer, c'est se confronter au visage le plus désespérant de l'humanité.
  • Sorcières : La puissance invaincue des femmes, Mona Chollet, éd. éditions Zones, 2018  (ISBN 978-2-3552-2122-4), p. 14


Aujourd’hui, l’indépendance des femmes, même quand elle est possible juridiquement et matériellement, continue de susciter un scepticisme général. Leur lien avec un homme et des enfants, vécu sur le mode du don de soi, reste considéré comme le cœur de leur identité. La façon dont les filles sont élevées et socialisées leur apprend à redouter la solitude et laisse leurs facultés d'autonomie largement en friche. Derrière la fameuse figure de la « célibataire à chat », laissée-pour-compte censée être un objet de pitié et de dérision, on distingue l'ombre de la redoutable sorcière d'autrefois, flanquée de son « familier » diabolique.
  • Sorcières : La puissance invaincue des femmes, Mona Chollet, éd. éditions Zones, 2018  (ISBN 978-2-3552-2122-4), p. 35


L’idée que les femmes sont des individus souverains, et non de simples appendices, des attelages en attente d’un cheval de trait, peine à se frayer un chemin dans les esprits – et pas seulement chez les politiciens conservateurs.
  • Sorcières : La puissance invaincue des femmes, Mona Chollet, éd. éditions Zones, 2018  (ISBN 978-2-3552-2122-4), p. 47


... la connaissance de soi n'est pas un "égoïsme", un repli sur soi, mais une voie royale vers les autres.
  • Sorcières : La puissance invaincue des femmes, Mona Chollet, éd. éditions Zones, 2018  (ISBN 978-2-3552-2122-4), p. 56


Celles qui refusent la maternité sont aussi confrontées au préjugé selon lequel elles détestent les enfants, telles les sorcières dévorant à belles dents de petits corps rôtis durant le sabbat ou jetant un sort mortel au fils du voisin.
  • Sorcières : La puissance invaincue des femmes, Mona Chollet, éd. éditions Zones, 2018  (ISBN 978-2-3552-2122-4), p. 110


Il reste que, face aux femmes volontairement sans descendance, on brandit toujours cette menace : « Un jour, tu le regretteras ! » Cela traduit un raisonnement très étrange. Peut-on se forcer à faire quelque chose qu'on n'a aucune envie de faire uniquement pour prévenir un hypothétique regret situé dans un avenir lointain ? Cet argument ramène les personnes concernées précisément à la logique que nombre d'entre elles cherchent à fuir, cette logique de prévoyance à laquelle incite la présence d'un enfant et qui peut dévorer le présent dans l'espoir d'assurer l'avenir : prendre un crédit, se tuer au travail, se soucier du patrimoine qu'on lui léguera, de la façon dont on paiera ses études…
  • Sorcières : La puissance invaincue des femmes, Mona Chollet, éd. éditions Zones, 2018  (ISBN 978-2-3552-2122-4), p. 120-121


Réinventer l'amour, 2021

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La perversité de nos sociétés est de nous bombarder d'injonctions à hétérosexualité tout en éduquant et socialisant méthodiquement les hommes et les femmes de façon qu'ils soient incapables de s'entendre.


Parler d'amour oblige à assumer sa vulnérabilité, ses désirs, ses faiblesses, ses doutes - sa sentimentalité, aussi, ce trait fâcheusement féminin que l'on apprend à mépriser et à censurer.
  • Réinventer l'amour, Mona Chollet, éd. La Découverte, 2021  (ISBN 978-2-35522-174-3), partie Introduction, p. 18


Installer la relation dans la durée implique aussi d'accepter l'autre dans sa réalité d'être humain.
  • Réinventer l'amour, Mona Chollet, éd. La Découverte, 2021  (ISBN 978-2-35522-174-3), partie Prologue, p. 35


Une femme qui existe d'abord par sa personnalité, avec son univers, ses projets, ses opinions, ses réussites, court le risque d'effrayer certains hommes. Mais, une femme qui correspond aux fantasmes masculins, qui existe amoureusement et socialement d'abord par sa beauté, court le risque d'être ballotée au gré du désir des hommes, avec l'insécurité permanente, dévorante, que cela suppose.


Quand on est amoureux de quelqu'un, on peut bien sûr aimer sa culture ou sa culture d'origine, que ce goût préexiste à la rencontre ou qu'il en découle. Le problème survient quand le fantasme oblitère la personne et quand il implique - consciemment ou pas - l'attente d'un certain type de comportement.


L'habitude d'occuper une position dominante, et la conviction que cette position est naturelle, empêchent de voir la personnalité d'une femme comme une richesse.


La violence au sein du couple profite de la fragilité de la position des femmes dans la société.


Les hommes violents font souvent en sorte de couper leur partenaire de sa famille et de ses amis, qu'ils peuvent éloigner en se montrant odieux ou en manifestant une jalousie et possessivité maladives.


Beaucoup d'hommes violents considèrent qu'ils ont le droit de se comporter comme ils font en vertu de leur statut de mari et de père, comme si celui-ci leur conférait une forme de toute-puissance.


Le monde tourne beaucoup trop grâce au dévouement féminin, et beaucoup trop de gens en abusent. Il serait temps que le dévouement devienne une qualité mieux répartie.


Dans mon esprit, l'amour vaut la peine, il mérite qu'on lui consacre de la place, du temps, de l'attention.


Si les femmes peuvent si souvent passer pour des créatures capricieuses et tyranniques, aux demandes affectives exorbitantes, et les hommes pour des êtres solides, autonomes, à la tête froide, c'est parce que les besoins émotionnels des seconds, contrairement à ceux des premières, sont pris en charge et comblés de manière aussi zélée qu'invisible.


Quand une femme est cataloguée comme trop exigeante, elle ne fait bien souvent que réclamer la réprocité des attentions qu'elle prodigue.


Les besoins affectifs les plus élémentaires des femmes sont stigmatisés, présentés comme outranciers et déraisonnables.


Il n'y a pas que les voix qu'on fait taire, qu'on enterre, qu'on disqualifie: il y a aussi celles qu'on détourne, qu'on utilise, qu'on trahit, celles qu'on couvre en parlant plus fort qu'elles.


Ces muettes millénaires que sont les femmes, muettes par prudence, muettes par décence, toutes ont dans la tête un univers de l'amour qui n'est pas nécessairement celui d'O, certes non - et même celui d'O peut leur faire horreur, mais elles en ont un.
Elles se taisaient. Eh bien, c'est fini. Elles vont parler, elles parlent.
  • À propos des femmes

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