Maylis de Kerangal
Apparence
Maylis de Kerangal est une femme de lettres française, née le 16 juin 1967 à Toulon.
Citations
[modifier][Ce] qu’est le cœur de Simon Limbres, ce qu’il a filtré, enregistré, archivé, boîte noire d’un corps de vingt ans, personne ne le sait au juste, seule une image en mouvement créée par ultrason pourrait en renvoyer l’écho, en faire voir la joie qui dilate et la tristesse qui resserre, seul le tracé papier d’un électrocardiogramme déroulé depuis le commencement pourrait en signer la forme, en décrire la dépense et l’effort, l’émotion qui précipite, l’énergie prodiguée pour se comprimer près de cent mille fois par jour et faire circuler chaque minute jusqu’à cinq litres de sang, oui, seule cette ligne-là pourrait en donner un récit, en profiler la vie, vie de flux et de reflux, vie de vannes et de clapets, vie de pulsations, quand le cœur de Simon Limbres, ce cœur humain, lui, échappe aux machines, nul ne saurait prétendre le connaître
- Réparer les vivants, Maylis de Kerangal, éd. Gallimard, 2014, p. 5 (lire en ligne)
[Quand] surgira enfin celle qu’ils attendaient, cette onde venue du fond de l’océan, archaïque et parfaite, la beauté en personne, alors le mouvement et la vitesse les dresseront sur leur planche dans un rush d’adrénaline quand sur tout leur corps et jusqu’à l’extrémité de leurs cils perlera une joie terrible, et ils chevaucheront la vague, rallieront la terre et la tribu des surfeurs, cette humanité nomade aux chevelures décolorées par le sel et l’éternel été, aux yeux délavés,
- Réparer les vivants, Maylis de Kerangal, éd. Gallimard, 2014, p. 9 (lire en ligne)
[Cette] seconde-là est décidément celle que Simon préfère, celle qui lui permet de ressaisir en un tout l’éclatement de son existence, et de se concilier les éléments, de s’incorporer au vivant, et une fois debout sur le surf – on estime en cet instant la hauteur crête à creux à plus d’un mètre cinquante –, étirer l’espace, allonger le temps, jusqu’au bout de la course épuiser l’énergie de chaque atome de mer. Devenir déferlement, devenir vague.
- Réparer les vivants, Maylis de Kerangal, éd. Gallimard, 2014, p. 13 (lire en ligne)
Citations rapportées
[modifier]Quand je me suis donné le Golden Gate comme référence pour écrire Naissance d’un pont, j’étais déjà allée deux fois à San Francisco, et j’y suis retournée pour régler sensoriellement les indicateurs de la matérialité du monde, qui comptent beaucoup pour moi : l’expérience physique, la lumière, la qualité de l’air, la configuration des lieux, etc. Cela permet une captation sensible qu’on peut capitaliser et qui fait trace dans l’écriture.
- À propos de son livre : Naissance d'un pont.
- « [Interview] Maylis de Kerangal : L'écriture comme ligne de fuite », Anthony Poiraudeau, Standards and more, 2012 (lire en ligne)
Il s’agit d’une sorte de western, autrement dit d’un roman de fondation, et la référence à ce genre cinématographique opère dans le texte, l’écriture travaille en plan large, brasse du ciel, des paysages, des matières, des hommes, et resserre sa focale sur les héros qui sont toujours pris dans l’action, dans la nécessité de répondre à une situation.
- Au sujet de son livre : Naissance d'un pont.
- « Entretien avec Maylis de Kerangal », nc, Le Western culturel, 2010 (lire en ligne)
Citations sur
[modifier]Jour de Ressac, 2024
[modifier]- « Mon préféré : Jour de ressac », Annie Michelet, Fémina, nº 1171, 9 septembre 2024, p. 12