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Matador

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Enrico Ponce
Enrico Ponce

Le matador (tueur, de l'espagnol matar : tuer) est le personnage central de la corrida. Torero principal et chef de la cuadrilla, c'est lui qui est chargé de mettre à mort le taureau.

Citations[modifier]

Joseph Peyré, Sang et Lumières, 1935[modifier]

Ce qui me serrait le cœur, c’était le drame de l’homme, ce jour-là celui du Niño, demain celui de Ricardo, prélude et déclin d’une vie de champion dans l’arène. Et, pour la première fois depuis que j’en connaissais le danger, le pouvoir meurtrier, par tant de tragédies, de blessures touchées du doigt, j’aillais voir paraître le taureau.


Il avait la sueur de l’angoisse. Il prit des mains trop baguées du valet d’épée la cape de travail rose et jaune. Et, sous les insultes qui continuaient à pleuvoir, il s’adossa à la palissade, face à l’arène, la montera sur les sourcils. L’heure où, selon la formule tragique, « le tueur s’enferme avec le taureau », l’heure qui le menaçait depuis des semaines et des mois était venue.


Les acclamations unanimes, étouffantes, qui accueillirent l’écroulement du taureau gris-fer foudroyé par Villareño, et qui escortèrent le tour du cabotin sous les outres, les mouchoirs, les hurlements d’ivrognes et les cigares, préparèrent, durant de longues secondes, creusèrent le grand, le mortel remous où Ricardo coulait, avec la lourdeur de plomb des noyés.


Pourtant, après la deuxième pique, au moment où tous les yeux suivaient la forme bleu et or, le quite fut pour Ricardo. Et je crus que le ciel fondait, dans une inoubliable nappe de soleil. La cape unique, la cape de Ricardo, les ailes étendues au ras du sol, venait de s’ouvrir pour le quite à la véronique, emmenant le taureau avec une négligence, un abandon mortel. Ce ne fut qu’un éclair, la fulguration de quelques secondes, mais sur un champ si sombre qu’elle prenait un éclat de miracle.

  • Sang et Lumières (1935), Joseph Peyré, éd. Grasset, coll. « Les Cahiers Rouges », 1989  (ISBN 978-2-246-15572-0), p. 303


Il faut avoir comme moi regretté l’image blanc et or du quite qui fixait le souvenir de la plus pure gloire de Ricardo, l’image d’un passé interdit, et avoir vécu pareille résurrection, pour aimer comme il le mérite un spectacle capable de pareils retours, en connaître l’émotion poignante. Lentement, les mains si basses qu’elle paraissaient trainer l’étoffe lourde de la cape sur le sable, les pieds condamnés, l’immobilité détendant le jarret jusqu’au reins, tout le salut abandonné aux seuls poignets miraculeux, Ricardo attirait vers lui, sur lui la masse fauve de « Reversero », l’armure monstrueuse, et, les yeux fixés sur la corne qu’il ne perdit pas de vue une seconde, conduisant, dirigeant son voyage dans un enchaînement de passes étouffantes, il emmenait le « colorado », l’enroulait à ses flancs, de plus en plus étroitement, avec un mépris de la mort, un air de négligence, un abandon éperdus.

  • Sang et Lumières (1935), Joseph Peyré, éd. Grasset, coll. « Les Cahiers Rouges », 1989  (ISBN 978-2-246-15572-0), p. 309, 310


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