Jacques Le Goff
Apparence
Jacques Le Goff, né à Toulon le 1er janvier 1924 et mort à Paris le 1er avril 2014, est un historien français spécialiste du Moyen Âge.
Sur la « pureté ethnique »
[modifier]La « pureté ethnique » [...] est, en général, stérile et limitée dans ses aptitudes. Les peuples issus de mélanges sont au contraire en général plus riches et plus féconds du point de vue de la civilisation et des institutions. Le croisement des hommes est une source de progrès.
- L'Europe expliquée aux jeunes, Jacques Le Goff, éd. Seuil, 2007, p. 47
Sur les emprunts culturels à l’islam
[modifier]Malgré une hostilité le plus souvent très vive des Français à l'égard des musulmans, la France a fait du Moyen Age à nos jours des emprunts culturels et humains à l'islam qui ont enrichi et continuent d'enrichir sa vie sociale et intellectuelle.
- Jacques Le Goff, 2007, Préface, dans Histoire de l'islam et des musulmans en France, paru Albin Michel, 2007, p.13, Ouvrage collectif.
Sur l’Europe
[modifier]On ne peut faire l’Europe sans s’appuyer sur la géographie et l’Histoire. Certes, les frontières géographiques de l’Europe ne sont pas données une fois pour toutes. Mais, si on fait aller l’Europe jusqu’à l’Irak, pourquoi ne pas y intégrer le Proche-Orient, l’Afrique du Nord, l’Europe de l’Est au moins jusqu’au Caucase ? La considération géographique laisse une marge aux Européens mais leur montre aussi ce qui serait une absurdité. Quant à l’Histoire, elle permet de faire de l’Europe autre chose qu’un espace de libre-échange. Une communauté culturelle qui vient de loin s’est lentement constituée. L’Europe n’est pas vieille, elle est ancienne. Et l’ancienneté bien utilisée est un atout pour construire un avenir. Évoquer l’Histoire pour promouvoir une Europe culturelle n’est pas revenir à la religion. La Turquie est à maintenir en dehors de l’Europe non pas parce qu’elle est musulmane, laïcisée d’ailleurs, mais parce qu’elle n’est pas européenne. La Bosnie, l’Albanie, musulmanes, sont européennes et feront partie de l’Europe dans un avenir plus ou moins proche.
- Jacques Le Goff, 3 mai 2004, Interview de Jacques Le Goff recueillie par Jean Quatremer, dans Libération, paru aux Champs Histoire, 2004, p.7.
Distinction entre civilisation et culture
[modifier]— (Le Monde) Qu’est-ce qui distingue une civilisation d’une culture ?
— (Jacques Le Goff) La civilisation repose sur la recherche et l’expression d’une valeur supérieure, contrairement à la culture qui se résume à un ensemble de coutumes et de comportements. La culture est terrestre quand la civilisation est transcendante. La beauté, la justice, l’ordre... Voilà sur quoi sont bâties les civilisations. Prenez le travail de la terre, la culture va produire de l’utile, du riz, là où la civilisation engendrera de la beauté, en créant des jardins.
— (Jacques Le Goff) La civilisation repose sur la recherche et l’expression d’une valeur supérieure, contrairement à la culture qui se résume à un ensemble de coutumes et de comportements. La culture est terrestre quand la civilisation est transcendante. La beauté, la justice, l’ordre... Voilà sur quoi sont bâties les civilisations. Prenez le travail de la terre, la culture va produire de l’utile, du riz, là où la civilisation engendrera de la beauté, en créant des jardins.
- L’historien, qui a accepté de parrainer en France la collection en 30 volumes « Histoire & Civilisations » publiée hebdomadairement de janvier à août 2014 par les éditions National Geographic, est interrogé par le quotidien Le Monde — qui promeut cette collection —, dans le cadre d'un supplément de quatre pages publié le jour de la parution du premier volume de la collection.
- « La beauté, la justice, l’ordre... Voilà sur quoi sont bâties les civilisations », Nicolas Truong (journaliste) et Jacques Le Goff, Le Monde supplément Histoire & Civilisations, nº 21465, 23 janvier 2014, p. 2
Le Moyen Âge et la passion de la globalité
[modifier]L’histoire proprement dite ou générale a été coupée de l’histoire de l’art et de l’archéologie, de l’histoire de la littérature, de l’histoire du droit. Or aucune société, aucune civilisation n’a peut-être eu plus fortement la passion de la globalité, du tout. Le Moyen Age a été, pour le meilleur et pour le pire, totalitaire. Reconnaître son unité, c’est d’abord lui restituer sa globalité.
- Jacques Le Goff, 1964, Introduction, dans La civilisation de l'Occident médiéval, paru 2004.