Isaac Bashevis Singer
Isaac Bashevis Singer (né Yitskhok-Hersh Zynger, en yiddish : יצחק באַשעװיס זינגער) est un écrivain juif polonais naturalisé américain, né à Leoncin dans le Royaume du Congrès (Pologne) le 21 novembre 1902 et décédé le 24 juillet 1991 à Miami en Floride.
Le Magicien de Lublin
[modifier]- Le Magicien de Lublin, Isaac Bashevis Singer (trad. Gisèle Bernier), éd. Stock, coll. « la cosmopolite », 2007, p. 69
Satan à Goray
[modifier]Tôt le lendemain matin, un traineau tiré par deux chevaux attendait devant la maison. On habilla Rabbi Benish, on l'enroula dans plusieurs couvertures, on le recouvit de bottes de paille. Son épouse et Gronam l'accompagnèrent pour le suivre jusqu'au pont. Les femmes pleuraient et se tordaient les mains, comme à un enterrement. L'une d'elles se jeta à la tête des chevaux, en criant d'une voix brisée :
- Satan à Goray, Isaac Bashevis Singer (trad. Marie-Pierre Bay), éd. Stock, coll. « la cosmopolite », 2010, p. 115
De nouveau au tribunal de mon père
[modifier]Un peu à l'écart, le serrurier l'observait, le visage inondé d'une joie qui n'était pas de ce monde. On aurait dit qu'il fondait de plaisir comme le bronze dans lequel il semblait coulé, et sous ses épais sourcils, ses yeux luisaient. Un bonheur pareil devait ressembler à celui des Juifs au mont Sinaï quand Dieu y est descendu sous forme de feu.
- De nouveau au tribunal de mon père, Isaac Bashevis Singer, éd. Gallimard, coll. « folio », 2007 (ISBN 978-2-07-031688-5), p. 10
Une année passa. Le chohet partit pour l'Amérique. Son ex-femme quitta notre cour. Puis, un jour, elle envoya de ses nouvelles par l'intermédiaire d'une voisine qui nous raconta qu'elle s'était remariée avec un jeune boucher vulgaire et grossier. Elle ne portait plus de coiffe démodée mais arborait une perruque bouclée de femme mariée. En tablier blanc, elle paradait dans la boucherie comme si elle avait fait cela toute sa vie. Ma mère écouta ce récit en silence. Ses yeux exprimait une grande tristesse.
« Nu, voilà ce que sont les êtres humains », observa-t-elle.
- De nouveau au tribunal de mon père, Isaac Bashevis Singer, éd. Gallimard, coll. « folio », 2007 (ISBN 978-2-07-031688-5), p. 30
Cette nuit-là, je souhaitai devenir un rebbe que seuls des fidèles très choisis iraient consulter. Et je ne les ferai pas payer, Dieu m'en préserve ! Et j'aurai du tabac à priser dans une petite tabatière en bois, exactement comme mon père.
- De nouveau au tribunal de mon père, Isaac Bashevis Singer, éd. Gallimard, coll. « folio », 2007 (ISBN 978-2-07-031688-5), p. 205
Ces histoires étaient à la fois excitantes et repoussantes. Il se passait tant de choses dans le monde. Il y avait d'incroyables secrets du ciel, certes, mais aussi sur cette terre. Je brûlais du désir de grandir vite, vite, de façon à pouvoir apprendre tous ces secrets que les petits garçons n'ont pas le droit de connaître…
- De nouveau au tribunal de mon père, Isaac Bashevis Singer, éd. Gallimard, coll. « folio », 2007 (ISBN 978-2-07-031688-5), p. 245
Le petit monde de la rue Krochmalna
[modifier]Dans cette maison régnait une atmosphère de tranquillité comme il n'en avait éprouvé nulle part ailleurs, même dans les musées de Paris, de Londres ou de Berlin. Le monde entier était marqué au sceau de la hâte, de la compétition, de l'aliénation. Ici, tout était tranquille, intime, agréable. Une bonté venue d'un autre monde rayonnait dans les yeux bleus de cet homme. Des taches de soleil dansaient sur les murs, la table, la bibliothèque. La pièce sentait le thé, le citron et la boîte à épices du shabbat.
- Le petit monde de la rue Krochmalna, Isaac Bashevis Singer, éd. Gallimard, coll. « folio », 2007 (ISBN 978-2-07-038733-5), p. 126
Plus on vit, plus on apprend. Vous croyez tout savoir mais soudain vous entendez quelque chose et vous n'êtes pas sûr d'en croire vos oreilles. C'est plus ou moins dit dans un livre sacré, je ne sais plus lequel.
- Le petit monde de la rue Krochmalna, Isaac Bashevis Singer, éd. Gallimard, coll. « folio », 2007 (ISBN 978-2-07-038733-5), p. 203
La destruction de Kreshev
[modifier]Je suis Satan, le Serpent de la Création, le Mauvais. La Kabbale me désigne sous le nom de Samael, et les Juifs m'appellent parfois simplement « celui-là ».
- Incipit
- La destruction de Kreshev, Isaac Bashevis Singer, éd. Gallimard, coll. « folio », 2003 (ISBN 2-07-042870-2), p. 9