Iain Pears
Iain Pears, né le 8 août 1955 à Coventry en Angleterre, est un historien de l'art et un romancier britannique, auteur de romans policiers historiques.
Le Portrait
[modifier]As-tu constaté que mon style a changé ? Evidemment, puisque rien ne t'échappe jamais. En même temps que les pinceaux, j'ai mis l'ancienne méthode au rancart. Que nous avait-on appris ? Le trait, encore le trait, toujours le trait. L'impression immédiate devait primer sur tout. Voilà les deux grands préceptes irréconciliables qui ont détruit une génération de peintres anglais, si ce n'est plus.
- Le Portrait, Iain Pears (trad. Georges-Michel Sarotte), éd. Belfond, 2006 (ISBN 2-7144-4165-3), p. 97
C'était, oserais-je le dire ? un chef-d’œuvre. Le premier de ma main et peut-être le seul. Cela n'a pas tellement d'importance, mais pour la première fois, j'ai compris ce qu'était la prière. Non pas les sinistres supplications auxquelles je me prêtais chaque soir, au pied de mon lit, mais une véritable communion. Mon esprit, mon corps et mon âme étaient engagés dans le même processus. Ils étaient en totale harmonie. Ç'a été un moment privilégié, qui a peut-être duré deux heures, et quand j'ai eu fini, mes yeux me brûlaient, mon dos me faisait mal, et d'avoir si longtemps tenu le pinceau, je souffrais d'une si forte crampe dans les doigts que j'ai dû les saisir et les redresser avec l'autre main. Mais j'étais plus heureux que je ne l'avais jamais été dans ma vie.
- Le Portrait, Iain Pears (trad. Georges-Michel Sarotte), éd. Belfond, 2006 (ISBN 2-7144-4165-3), p. 133, 134
Un peintre est précisément ceci : un être qui prie avec son pinceau. Ce que le critique ne pourra jamais faire, ni même comprendre. Depuis, j'ai cherché à retrouver l'instant de paradis goûté dans cet atelier froid et bruyant. J'ai passé le reste de ma vie à le pourchasser, réussissant presque parfois à l'attraper, mais échouant le plus souvent.
- Le Portrait, Iain Pears (trad. Georges-Michel Sarotte), éd. Belfond, 2006 (ISBN 2-7144-4165-3), p. 135