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Henry Bogdan

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Henry Bogdan, né le 9 janvier 1936 est un historien français d'origine hongroise.

La guerre de Trente Ans, 1997

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Depuis la rupture avec l'Espagne, la France se trouvait maintenant totalement impliquée dans le conflit qui, depuis près de vingt ans, faisait rage en Europe centrale. Les deux grands souverains catholiques d'Occident, le roi « Très-Chrétien » et le « Roi Catholique », malgré les tentatives de la papauté pour les en dissuader, se faisaient la guerre. Cette guerre de Trente Ans, qui trouvait son origine dans la révolte des protestants de Bohême attachés à leurs privilèges contre leur souverain catholique et absolutiste, se transformait à présent en un affrontement entre deux souverains catholiques, l'un et l'autre symboles de la monarchie absolue. La guerre de Trente Ans qui, jusque-là, pouvait encore être considérée comme le prolongement des guerres de religion du XVIe siècle, se métamorphosait désormais en une guerre moderne où s'opposaient des intérêts nationaux contradictoires.

  • La guerre de Trente Ans, Henri Bogdan, éd. Perrin, 1997  (ISBN 2-262-01069-2), p. 185


Après bien des tergiversations, après tant d'espoirs déçus, alors que les populations de l'Europe centrale et de ses confins subissaient dans leur chair et dans leurs biens les « malheurs de la guerre », les diplomates de toute l'Europe, avec une lenteur calculée, et presque à contrecœur, avaient pris enfin en ordre dispersé le chemin de la Westphalie pour y rejoindre Münster et Osnabrück, les deux villes qui avaient été choisies d'un commun accord par les belligérants pour la tenue du congrès de la paix.

  • La guerre de Trente Ans, Henri Bogdan, éd. Perrin, 1997  (ISBN 2-262-01069-2), p. 246


La paix de Wesphalie portait un coup mortel à la vieille idée d'Empire. Deux grandes puissances étrangères pénétraient profondément dans l'Empire, la France sur le Rhin ; la Suède dans la Baltique. La Maison d'Autriche — domus Austriae, comme on l'appelle aussi à cette époque — se repliait de plus en plus sur ses possessions héréditaires et tournait toutes ses forces vers la construction de son État danubien.

  • La guerre de Trente Ans, Henri Bogdan, éd. Perrin, 1997  (ISBN 2-262-01069-2), p. 264


La guerre de Trente Ans et les traités de Westphalie ont accéléré le processus en cours qui devait aboutir à la naissance de l'État moderne. Comme l'a remarqué Pierre Chaunu, le XVIIe siècle fut « funeste aux empires archaïques. Le Saint Empire en témoigne qui achève sa décomposition pendant la guerre de Trente ans ». À la vieille conception héritée du Haut Moyen Age d'un Empire chrétien universel — c'est-à-dire européen — dont le souverain, l'empereur, exerce une sorte de primauté sur les autres monarques se substitue la notion d'État. L'Europe devient ainsi un ensemble d'États disposant de frontières précises et reconnues par les autres États, et sur lesquels le prince ou le monarque exerce sa pleine et entière souveraineté. Ce modèle politique, qui était déjà largement enraciné en France et en Espagne depuis le XVIe siècle, s'affirme maintenant en Europe centrale où, sur les ruines du Saint Empire, « des Allemagnes se reconstituent autour des États ».

  • La guerre de Trente Ans, Henri Bogdan, éd. Perrin, 1997  (ISBN 2-262-01069-2), p. 281


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