Guide de haute montagne
Le Guide de haute montagne est un alpiniste professionnel, qui conduit, contre rémunération, des alpinistes amateurs dans des courses en montagne, plus particulièrement en haute montagne ou encadre les sorties en ski de randonnée. Le guide est non seulement celui qui montre le chemin et conduit le groupe, mais il peut aussi être celui qui enseigne les techniques d'escalade et les connaissances du milieu montagnard.
Citations
[modifier]Joseph Peyré, Matterhorn, 1939
[modifier]Auprès de tels pèlerins, de ceux du moins qui ne se fient pas à leurs forces, un guide d’aujourd’hui a encore sa mission à remplir, la mission héritée de ses pères, et à laquelle la noblesse intacte de l’adversaire réserve toujours sa vertu.
- Avertissement de l'auteur
- Matterhorn (1939), Joseph Peyré, éd. Grasset, coll. « Les cahiers rouges », 1992 (ISBN 978-2-246-15542-3), p. 13
De nouveau liée à Jos-Mari, Kate sentait le regard de son guide la parcourir et tourner autour d’elle comme le regard maternel d’une bête lèche et enveloppe son petit. Pour le contact d’une telle sollicitude, sans doute valait-il d’entreprendre l’épreuve, l’aventure dont la nuit dérobait le terme, le but illusoire et confus, au dernier moment refusé.
- Matterhorn (1939), Joseph Peyré, éd. Grasset, coll. « Les cahiers rouges », 1992 (ISBN 978-2-246-15542-3), p. 193
Ce furent des heures de grâce. Tandis que le Matterhorn s’éclairait peu à peu sur les abîmes bleus du ciel, plus insondables que les plus profonds abîmes de la terre, et dont le croassement des corbeaux, si loin qu’il se perdît, ne donnait pas la vertigineuse hauteur, le glacier, la vallée avait sombré au-dessous du royaume de Kate et de Jos-Mari. Ce fut également la durée d’une vie. Indifférent à tant de mystères, transfiguré par son retour au bon métier de guide, Jos-Mari s’affairait, disputant pour deux leur existence de Robinsons. Sur le chevalet installé devant la porte de la cabane, il sciait le bois pour le feu, car le froid devenait dur. A l’intérieur chauffait le poêle rouge. Ce bonheur aurait pu durer.
- Matterhorn (1939), Joseph Peyré, éd. Grasset, coll. « Les cahiers rouges », 1992 (ISBN 978-2-246-15542-3), p. 234
Il mena donc celle-ci jusqu’à la Croix qui domine de son signe les chemins des croix invisibles. Kate s’agenouilla dans le vent, tandis que Jos-Mari restait debout derrière elle, à regarder les nuages accourir, et le soleil pâlir. L’obligation qui le tenait là, contre toute prudence, excédait sa mission de guide elle-même. Elle relevait, Jos-Mari le sentait, de l’église, de ses prières et de ses chants, de sons encens, de sa pénombre, et elle passait avant les autres. Du moins Jos-Mari la comprit-il, la remplit-il ainsi.
- Matterhorn (1939), Joseph Peyré, éd. Grasset, coll. « Les cahiers rouges », 1992 (ISBN 978-2-246-15542-3), p. 251
Mais Jos-Mari n’entendait plus les mystères.
Rendu à son métier, à sa simplicité, rappelé à la condition essentielle du guide, il agissait comme les siens le lui avait montré. Le guide dans la tempête de neige n’écoute pas la supplication de l’épuisé de le laisser. Il le ramène. Contre les malentendus, les pensées obscures, les imaginations d’une femme, d’un Davidsen, des autres, Jos-Mari avait été là, dans la modestie de ses pouvoirs, la calme lumière, le secours, le héros qui ne voit ni ombres, ni fantômes, qui accepte et craint la montagne selon sa loi, et sans terreurs surnaturelles. Le mauvais temps du Matterhorn crevait sui lui, et sur celle dont il avait la charge. Il se battait pour elle.
- Matterhorn (1939), Joseph Peyré, éd. Grasset, coll. « Les cahiers rouges », 1992 (ISBN 978-2-246-15542-3), p. 253
Tout entier à l’héroïque, au sourd devoir du guide, qui lui avait été enseigné et qu’il transmettait – là, plus d’hésitations ni de de doutes : « sauveteurs, sauveteurs de vivants » disait Mathias – Jos-Mari livrait donc son combat, défendant Kate pied à pied, la ramenant au prix du cœur, au prix du sang, vers les terres du salut. Dès la grande corde, déjà gainée de glace, elle avait plusieurs fois lâché prise, ouvrant se mains à la mort. Pour lui faire sa trace, Jos-Mari l’avait précédée sur l’Épaule, puis il était remonté la recueillir. La brume de la neige étouffait la présence béante de la Paroi nord, verglacée et noire. Mais le monstre courait sous eux.
- Matterhorn (1939), Joseph Peyré, éd. Grasset, coll. « Les cahiers rouges », 1992 (ISBN 978-2-246-15542-3), p. 253
Ni la neige, ni la tourmente, ni les éclairs, ni le vent terrifiant sifflant comme une sirène de bouée à un paroxysme de détresse, ni les avalanches de grêle et d’eau des cheminées, ni les prises disparues sous le verglas, ni la menace de la nuit n’empêcheraient Jos-Mari de descendre et de ramener Kate. Descendre tout ce qu’on peut, tout ce qu’on peut, loi du guide. Gagner sur la poursuite de la neige, du gel qui raidit les vêtements mouillés, et, déjà, fabrique ses planches, du froid qui cherche les parcours, les sources cachées de la vie.
- Matterhorn (1939), Joseph Peyré, éd. Grasset, coll. « Les cahiers rouges », 1992 (ISBN 978-2-246-15542-3), p. 254