Frédérick Lavoie

Frédérick Lavoie (né en 1983 à Chicoutimi) est un journaliste indépendant et écrivain québécois.

Allers simples (2012)

De manière générale, le réfugié est une mauvaise source d'information pour le reporter. Son témoignage est à écouter avec la plus grande précaution. Le réfugié trompe sans même le savoir. Le plus souvent, il semble de bonne foi, derrière sa vulnérabilité. Ses yeux disent vrai. Il vous raconte les horreurs de la guerre, la cruauté de l'ennemi, les morts, les viols, les bâtiments en feu. Il vous raconte la destruction de sa vie quotidienne telle qu'il l'a ressentie. Ressentie, mais rarement vécue. Car le réfugié n'a souvent pratiquement rien vu. S'il est réfugié, c'est qu'il a préféré sauver sa vie que voir sa mort.

• Allers simples : Aventures journalistiques en Post-Soviétie, Frédérick Lavoie, éd. Éditions La Peuplade, 2012  (ISBN 978-2-89406-384-2), p. 103

Si la première victime de la guerre est la vérité, la deuxième est certainement le simple citoyen. Et pourtant, il est le premier à cautionner l'usage de la violence contre l'Autre.

• Allers simples : Aventures journalistiques en Post-Soviétie, Frédérick Lavoie, éd. Éditions La Peuplade, 2012  (ISBN 978-2-89406-384-2), p. 122

Le photographe a logiquement choisi le plus percutant, celui qui puait la guerre d'un bout à l'autre du cadrage. L'image est honnête. Mais malgré elle, par sa force, elle a déformé le tableau global du conflit. [...] Par sa perfection, une photographie honnête est devenue perverse. Le reporter peut ensuite essayer par mille moyens de nuancer les pertes, de comparer les malheurs des peuples et de répartir les torts, son public aura toujours en tête Zaza et Zviad au milieu des ruines.

• Allers simples : Aventures journalistiques en Post-Soviétie, Frédérick Lavoie, éd. Éditions La Peuplade, 2012  (ISBN 978-2-89406-384-2), p. 137

L'élite géorgienne comprend que les mensonges sont plus susceptibles d'être crus que les silences lorsque tout le monde est à la recherche d'explications.

• Allers simples : Aventures journalistiques en Post-Soviétie, Frédérick Lavoie, éd. Éditions La Peuplade, 2012  (ISBN 978-2-89406-384-2), p. 139

Mais lorsqu'on perd le monopole de l'arbitraire et qu'on est recalé dans le camp des lésés, l'injustice redevient soudainement inacceptable à nos yeux.

• Allers simples : Aventures journalistiques en Post-Soviétie, Frédérick Lavoie, éd. Éditions La Peuplade, 2012  (ISBN 978-2-89406-384-2), p. 263

Comme le veut l'adage, c'est devant l'adversité que ressortent le meilleur et le pire de l'homme. La Russie est une tragédie millénaire qui s'entretient elle-même par son orgueil mal placé, son intransigeance et les passions qui en découlent. « Un pays poétique, poétique comme la douleur! » écrivait déjà en 1839 le marquis français Astolphe de Custine dans son récit La Russie en 1839', fruit de son voyage dans l'empire tsariste. C'est pourquoi l'héroïsme comme la mesquinerie y sont inévitablement poussés à l'extrême.

• Allers simples : Aventures journalistiques en Post-Soviétie, Frédérick Lavoie, éd. Éditions La Peuplade, 2012  (ISBN 978-2-89406-384-2), p. 310-311

Nous avons dépassé les limites de la décence tchétchène. Et c'est une femme qui est venue nous le rappeler. Pas étonnant. Il n'y a pas meilleur gardien de la morale que celui qui partage vos envies mais qui doit vivre avec les mêmes restrictions que vous. Pour s'assurer que vous n'ayez pas droit à plus de libertés que lui, il se chargera de vous rappeler à l'ordre à la première audace.

• Allers simples : Aventures journalistiques en Post-Soviétie, Frédérick Lavoie, éd. Éditions La Peuplade, 2012  (ISBN 978-2-89406-384-2), p. 382