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Enki Bilal

Une page de Wikiquote, le recueil des citations libres.
Enki Bilal au Saon du livre de Paris (France) en 2010.

Enes Bilanović, de son nom d'auteur Enki Bilal (né le 7 octobre 1951 à Belgrade en Yougoslavie, actuellement en Serbie) est un réalisateur, dessinateur et scénariste de bande dessinée français. Son œuvre relève en partie du genre de la science-fiction et aborde les thèmes du temps ou de la mémoire. En 1987, il obtient le Grand prix du festival d'Angoulème.

Citations

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La Trilogie Nikopol

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Voir le recueil de citations : La Foire aux immortels

L'Homme est un accident

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Disons-le, l'Homme maltraite le monde animal, le domine éhontément.
Or, pour moi, si nous parlons d'hybridation, elle devrait être équilibrée. Elle devrait nous apporter autant qu'elle apporte à l'animal. C'est pourquoi dans ma création je fais de l'hybridation une arme poétique et philosophique sur la complémentarité qu'il faudrait retrouver entre l'humain et l'animal. Car l'hybridation pourrait être vue comme le moyen de rétablir une sorte d'équité entre les être vivants.


Avec ces outils et le tissage de cette toile numérique, la remise en cause de l'existant est totale. Les notions d'identité, d'amitié ou d'amour, les relations sexuelles, les transactions commerciales, la politique, les croyances, notre rapport au monde... Tout est en réinvention.


Cela me fait penser à cette célèbre phrase de Goya: "Le sommeil de la raison engendre des monstres." Nous sommes prévenu·e·s et nous connaissons donc l'ennemi! Nous ne devons pas oublier notre passé, il faut l'interroger et y revenir constamment. Je dirai même qu'il faut croire qu'il peut nous apprendre des choses sur aujourd'hui et demain. C'est un combat qui commence maintenant pour sauver notre culture.


Si chaque communauté vit dans son propre monde, en se fermant aux autres, aucune n'aura de vision sur le monde dans son ensemble. Et donc, j'ai le sentiment que le futur ne sera pas pris en considération dans toute sa complexité. On va avoir des règlements de compte sur ce qui a été et sur ce qui est, mais pas sur ce qui sera ou devrait être à l'échelle globale, pour nous tous, la grande communauté des humains.


Et je me rends compte que le carburant qui permet de regarder devant, c'est le passé. Cela aussi est une forme de lucidité qui ne me quittera plus. C'est un véritable effort de regarder derrière pour se projeter devant. Or, celui-ci est trop souvent oublié. Je me souviens par exemple, bien plus tard, en tant que dessinateur, d'avoir eu la chance de pénétrer dans la grotte de Lascaux. C'est un voyage d'environ 19 000 ans qui prend aux tripes. C'est indescriptible. Je me souviens de la puissance de cet endroit, des larmes qui montent aux yeux. Je mentionne cela car cette émotion participe aussi à relativiser la marche du monde et notre épopée humaine. Difficile de dire les implications concrètes que cela a eues dans ma vie mais il est évident que cela a été une vrai claque de lucidité. Cette idée qu'il faut toujours mettre les choses en perspective, qu'il faut éviter de réagir à chaud à chaque évènement ou de s'emballer pour la moindre nouveauté aussi. De la modestie face au temps long.


On voit bien que penser le monde de demain relève d'un effort, un effort qui sera d'autant plus important que le réel semble tout droit sorti d'un mauvais film... de science-fiction, précisément. Il ne faut pas cesser de marcher à ces côtés et de lui poser des questions, vraiment. Si on s'arrête, si on baisse les bras, le chaos pointera rapidement le bout de son nez car on se laissera déborder par le réel, c'est à dire qu'il nous dominera. La resistance doit s'organiser à partir de nos imaginaires!


Interviews

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Je porte cette guerre en moi, mais je ne pouvais pas, je ne voulais pas la montrer en images. J'ai donc eu l'idée d'un texte parallèle à la BD elle-même, dans lequel Nike, qui est doué d'une mémoire exceptionnelle, raconte la guerre à travers les quinze premiers jours de sa vie. Plus que la guerre, c'est la mémoire qui me préoccupe, cette faillite perpétuelle de la mémoire qui fait que l'Histoire ne cesse de se répéter. La Shoah n'a pas empêché la purification ethnique, et Sarajevo est pour moi la ville-emblème de cette faillite de la mémoire. Et la mémoire, c'est avant tout du texte, ce n'est pas de l'image, même si ce texte peut à son tour faire naître des images : la chair rouge et vibrante d'un cadavre, ça ne se dessine pas, ça se nomme.
  • À propos de la guerre en Yougoslavie et de son album Le Sommeil du monstre.
  • « Interview », Enki Bilal (propos recueillis par Antoine De Gaudemar), Libération, 23 septembre 1998 (lire en ligne)


Repères : Du point de vue géopolitique, que penses-tu de ce "nomadisme", à l'heure du repli des nations sur elles mêmes, en même temps que du mondialisme et de l'Europe ?
Enki Bilal : L'Europe est heureusement en train de se faire ! Ceux qui veulent en rester à la nation sont les conservateurs, les rétrogrades ou les obsolètes (et là, je pense au Front National). En Yougoslavie, ce qui nous ramène au Sommeil du Monstre, ceux qui ont provoqué ce conflit l'ont fait pour fermer les frontières sur de petites parcelles de territoire, pour sortir de vieux drapeaux usés, des hymnes nationaux... c'est vraiment de l'obscurantisme. Je ne dis pas qu'il faille ouvrir les frontières, je sais très bien qu'il y a des problèmes d'immigration, mais l'Europe c'est vraiment un progrès, c'est une stabilité. Je ne suis pas technicien, c'est vrai que c'est dur à construire... il faut que la culture européenne s'ouvre sur elle-même, que les cinémas français ou italien, celui-ci particulièrement moribond, ou allemand, arrêtent de focaliser sur eux. La culture européenne est une des cultures les plus riches qui soient et je n'y vois pas matière à repli sur les nations.

  • « Interview », Enki Bilal (propos recueillis par Daniel et Philippe Gerber), Repères, nº 184, 28 octobre 1998 (lire en ligne)


Repères : Tu penses vraiment, comme dans ton album, que les intégristes des trois grands monothéismes vont se rejoindre ?
E.B. : On sait déjà que les Fous de Dieu les plus véhéments et virulents, les plus extrémistes d'Israël ont des relations très suivies avec les islamistes les plus tordus. Les extrêmes se rencontrent, je pousse certes le bouchon un peu loin dans Le Sommeil du Monstre, mais l'intégrisme poussé à l'extrême se détache complètement de la substance du monothéisme. L'intégrisme est quelque chose qui va au-delà de la foi, de la croyance, c'est une recherche de pouvoir, c'est un fascisme intellectuel !

  • « Interview », Enki Bilal (propos recueillis par Daniel et Philippe Gerber), Repères, nº 184, 28 octobre 1998 (lire en ligne)


Je suis étonné qu'un thème pareil n'ait pas été encore abordé, alors qu'il s'agit de la plus grosse catastrophe qui puisse nous arriver, à part le nucléaire ou un virus tueur déferlant sur le monde. On est tellement dedans, je crois, qu'on ne le voit pas.

  • À propos de son diptyque Bug qui relate les conséquences d'une panne informatique à l'échelle mondiale.
  • « Entretien avec Enki Bilal pour la sortie du premier volume de sa BD apocalyptique "Bug" », Arnaud Devillard, Sciences et Avenir, 8 décembre 2017 (lire en ligne)


Je ne voulais pas donner d'explication scientifique. Si j'avais fait intervenir un expert, j'aurais dû me rendre à ses connaissances et nous aurions produit un récit réaliste. Or, il fallait rester dans le fantasme.

  • À propos de son diptyque Bug qui relate les conséquences d'une panne informatique à l'échelle mondiale.
  • « Entretien avec Enki Bilal pour la sortie du premier volume de sa BD apocalyptique "Bug" », Arnaud Devillard, Sciences et Avenir, 8 décembre 2017 (lire en ligne)


Certains lecteurs m'ont demandé si je n'avais pas peur d'être taxé de réactionnaire, sur le mode "C'était mieux avant". Ce n'est absolument pas le cas. Le numérique est arrivé, il y a eu une fracture, il faut l'assumer mais je n'ai pas de nostalgie.

  • À propos de son diptyque Bug qui relate les conséquences d'une panne informatique à l'échelle mondiale.
  • « Entretien avec Enki Bilal pour la sortie du premier volume de sa BD apocalyptique "Bug" », Arnaud Devillard, Sciences et Avenir, 8 décembre 2017 (lire en ligne)


Articles connexes

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Liens externes

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