Emmanuel Kant
Apparence
Emmanuel Kant (Immanuel Kant en allemand) (Königsberg, 22 avril 1724 - Königsberg, 22 février 1804) est un philosophe allemand.
Critique de la raison pure (Kritik der reinen Vernunft), 1781-1787
[modifier]Dialectique transcendantale
[modifier]Et ainsi l'effectif ne contient rien de plus que le simplement possible. Cent thalers effectifs ne contiennent rien de plus que cent thalers possibles. Car, comme les thalers possibles signifient le concept, et les thalers effectifs l'objet et sa position en lui-même, au cas où celui-ci contiendrait plus que celui-là, mon concept n'exprimerait plus l'objet tout entier, et par conséquent, il n'en serait pas non plus le concept adéquat. Mais dans mon état de fortune, il y a plus dans cent thalers effectifs qu'avec leur simple concept (c'est-à-dire leur possibilité). En effet, dans l'effectivité, l'objet n'est pas simplement contenu d'une manière analytique dans mon concept, mais il s'ajoute synthétiquement à mon concept (qui est une détermination de mon état), sans que ces cent thalers conçus soient eux-mêmes le moins du monde augmentés par cette existence en dehors de mon concept. Quand donc je pense une chose, quels que soient et si nombreux que soient les prédicats au moyens desquels je la pense (même dans la détermination complète), par cela seul que je pose en outre que cette chose existe, je n'ajoute absolument rien à la chose.
- Critique de la raison pure (1785), Emmanuel Kant (trad. Alexandre J.-L. Delamarre et François Marty), éd. Gallimard, coll. « folio/essais », 2012 (ISBN 978-2-07-032575-7), partie Dialectique transcendantale, chap. 3, 4 De l'impossibilité d'une preuve ontologique de l'existence de Dieu, p. 521
Fondation de la métaphysique des mœurs, 1785
[modifier]Première section
[modifier]De tout ce qu'il est possible de concevoir dans le monde, et même en général hors du monde, il n’est rien qui puisse sans restriction être tenu pour bon, si ce n'est seulement une BONNE VOLONTÉ.
- Fondements de la métaphysique de mœurs (1785), Immanuel Kant (trad. Victor Delbos), éd. Le Livre de Poche, 2006 (ISBN 2-253-06514-5), p. 57
…il n'est besoin ni de science ni de philosophie pour savoir ce qu’on a à faire, pour être honnête et bon, même sage et vertueux.
- Fondements de la métaphysique de mœurs (1785), Immanuel Kant (trad. Victor Delbos), éd. Le Livre de Poche, 2006 (ISBN 2-253-06514-5), p. 71
Deuxième section
[modifier]Agis de façon telle que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne que dans tout autre, toujours en même temps comme fin, et jamais simplement comme moyen.
- Métaphysique de mœurs (1785), Emmanuel Kant (trad. Alain Renaut), éd. Flammarion, 1994 (ISBN 2-08-070715-9), t. 1, p. 108
- Citation choisie pour le 6 août 2011.
Troisième section
[modifier]Agis selon la maxime qui peut en même temps se transformer en loi universelle.
- Métaphysique de mœurs (1785), Emmanuel Kant (trad. Alain Renaut), éd. Flammarion, 1994 (ISBN 2-08-070715-9), t. 1, p. 118
- Citation choisie pour le 2 juin 2017.
Agis selon des maximes qui puissent en même temps se prendre elles-mêmes pour objet comme lois universelles de la nature.
- Métaphysique de mœurs (1785), Emmanuel Kant (trad. Alain Renaut), éd. Flammarion, 1994 (ISBN 2-08-070715-9), t. 1, p. 119
Critique de la faculté de juger, 1790
[modifier]Penser par soi-même.
- La Critique de la faculté de juger (1790), Emmanuel Kant (trad. Alain Renaut), éd. Flammarion, 1994 (ISBN 2-08-070715-9), t. 1, p. 108
Une beauté naturelle est une belle chose ; la beauté artistique est une belle représentation d’une chose.
- La Critique de la faculté de juger (1790), Emmanuel Kant (trad. Alexis Philonenko), éd. Librairie philosophique J. Vrin, 1993 (ISBN 2-7116-1160-4), p. 209
Métaphysique des mœurs, 1797
[modifier]Doctrine du droit
[modifier]L'homme acquiert la femme, le couple acquiert des enfants et la famille des domestiques.
- Métaphysique de mœurs (1797), Emmanuel Kant (trad. Alain Renaut), éd. Flammarion, 1994 (ISBN 2-08-070716-7), t. 2, p. 77
Théorie et pratique - D'un prétendu droit de mentir par humanité, 1797
[modifier]Un gouvernement qui serait fondé sur le principe de la bienveillance envers le peuple, tel celui du père envers ses enfants, c’est-à-dire un gouvernement paternel, où par conséquent les sujets tels des enfants mineurs, incapables de décider de ce qui leur est vraiment utile ou nuisible, sont obligés de se comporter d’une manière purement passive, afin d’attendre uniquement du jugement du chef de l’État la façon dont ils doivent être heureux, et uniquement de sa bonté qu’il le veuille également -un tel gouvernement, dis-je, est le plus grand despotisme que l’on puisse concevoir.
- Théorie et pratique - D'un prétendu droit de mentir par humanité (1797), Emmanuel Kant (trad. Louis Guillermit), éd. Vrin, 1990 (ISBN 2-71-160438-1), p. 31
D'autres auteurs le concernant
[modifier]Un mot, encore, contre Kant moraliste. Il faut qu'une vertu soit notre propre invention, notre recours, notre besoin le plus personnel : en tout autre sens, elle n'est qu'un danger. Ce qui n'est pas une condition de notre vie ne peut que lui nuire. Une vertu est nuisible que si elle ne naît que d'un sentiment de respect pour le mot «vertu», le «devoir», le «bien en soi», le bien doté du caractère de l'impersonnalité et de l'universalité — ce ne sont là qu'élucubrations qui expriment le déclin, le dernier degré d'affaiblissement de la vie, la chinoiserie koenigsberienne. C'est le contraire que commandent les lois les plus profondes de la conservation et du développement : que chacun invente sa propre vertu, son impératif catégorique bien à lui. Un peuple est perdu lorsqu'il confond son devoir avec l'idée du devoir en général.
- L’Antéchrist (1888), Friedrich Nietzsche, éd. Gallimard, coll. « Folio Essais », 2006 (ISBN 978-2-07-032557-3), Aphorisme 22, p. 11
Qu'est-ce qui détruit plus rapidement que de travailler, de penser, de sentir sans nécessité intérieure, sans un choix profondément personnel, sans plaisir, comme un automate mû par le «devoir» ? C'est, tout bonnement, la recette de la décadence, et même de l'idiotie... Kant en est devenu idiot...
- L’Antéchrist (1888), Friedrich Nietzsche, éd. Gallimard, coll. « Folio Essais », 2006 (ISBN 978-2-07-032557-3), Aphorisme 23, p. 11
Kant conçoit le rôle de la philosophie comme une apologie chargée de défendre la foi raisonnable. Il ne s’agit pas du problème théologique plus ancien de la compatibilité entre la foi et la raison, mais de montrer la cohérence et l'unité de la raison, aussi bien théorique que pratique, avec elle-même ; la question est de savoir comment nous devons voir dans la raison la cour d'appel ultime, seule compétente pour régler toutes les questions concernant les limites et la portée de sa propre autorité. Kant essaie, dans les deux premières Critiques, de défendre à la fois notre connaissance de la nature et notre connaissance de la liberté à travers la loi morale ; il veut aussi essayer de trouver une façon de concevoir la loi de la nature et la liberté morale de manière qu'elles ne soient pas incompatibles. Sa manière de voir la philosophie comme défense rejette toute doctrine qui détruirait l'unité et la cohérence de la raison pratique et théorique ; elle s'oppose au rationalisme, à l'empirisme et au scepticisme dans la mesure où ceux-ci tendent à ce résultat. Kant déplace la charge de la preuve : le soutien pour la raison est enraciné dans la pensée et la pratique de la raison humaine (sensée) ordinaire par lesquelles la réflexion philosophique doit débuter. Tant que cette pensée et cette action ne paraissent pas être en conflit avec elles-mêmes, elles n'ont pas à être défendues.
- Libéralisme politique (1993), John Rawls, éd. PUF, coll. « Quadrige Essais », 2006 (ISBN 978-2130786078), Le constructivisme politique, p. 136