Arturo Pérez-Reverte
Arturo Pérez-Reverte, né le 25 novembre 1951 à Cartagène en Espagne, est un écrivain, scénariste espagnol et ancien correspondant de guerre.
Citations
[modifier]Le Tableau du maître flamand, 1990
[modifier]- Le Tableau du maître flamand, Arturo Pérez-Reverte (trad. Jean-Pierre Quijano), éd. Le livre de poche, 1994 (ISBN 2-253-07625-2), p. 308
- Le Tableau du maître flamand, Arturo Pérez-Reverte (trad. Jean-Pierre Quijano), éd. Le livre de poche, 1994 (ISBN 2-253-07625-2), p. 317
L'Ombre de l'Aigle, 1993
[modifier]- Incipit
- L'Ombre de l'Aigle (1993), Arturo Pérez-Reverte (trad. Simon Vialle), éd. Le Temps des Cerises, 2022 (ISBN 978-2-37071-250-9), p. 27
La longue-vue tomba aux bottes de l'Illustre. Une paire de maréchaux de France se précipitèrent pour la ramasser, ce qui constituait bien une présence d'esprit admirable mais complètement stérile puisque le nain était trop ébaudi pour y prêter attention.
– Répétez-moi cela, Alaix.
Alaix sortit un mouchoir pour s'éponger le front. Des gouttes de sueur grosses comme des poings en dégoulinaient.
- L'Ombre de l'Aigle (1993), Arturo Pérez-Reverte (trad. Simon Vialle), éd. Le Temps des Cerises, 2022 (ISBN 978-2-37071-250-9), p. 33
- L'Ombre de l'Aigle (1993), Arturo Pérez-Reverte (trad. Simon Vialle), éd. Le Temps des Cerises, 2022 (ISBN 978-2-37071-250-9), p. 44
- L'Ombre de l'Aigle (1993), Arturo Pérez-Reverte (trad. Simon Vialle), éd. Le Temps des Cerises, 2022 (ISBN 978-2-37071-250-9), p. 69, 70
- L'Ombre de l'Aigle (1993), Arturo Pérez-Reverte (trad. Simon Vialle), éd. Le Temps des Cerises, 2022 (ISBN 978-2-37071-250-9), p. 103
– Et vous savez ce que j'en dis, les Cases. Que ça, ils ne me le prendront jamais.
- L'Ombre de l'Aigle (1993), Arturo Pérez-Reverte (trad. Simon Vialle), éd. Le Temps des Cerises, 2022 (ISBN 978-2-37071-250-9), p. 104
- L'Ombre de l'Aigle (1993), Arturo Pérez-Reverte (trad. Simon Vialle), éd. Le Temps des Cerises, 2022 (ISBN 978-2-37071-250-9), p. 127, 128
- L'Ombre de l'Aigle (1993), Arturo Pérez-Reverte (trad. Simon Vialle), éd. Le Temps des Cerises, 2022 (ISBN 978-2-37071-250-9), p. 137
- L'Ombre de l'Aigle (1993), Arturo Pérez-Reverte (trad. Simon Vialle), éd. Le Temps des Cerises, 2022 (ISBN 978-2-37071-250-9), p. 137
- L'Ombre de l'Aigle (1993), Arturo Pérez-Reverte (trad. Simon Vialle), éd. Le Temps des Cerises, 2022 (ISBN 978-2-37071-250-9), p. 138
Le Club Dumas, 1994
[modifier]Comme vous pouvez le voir, c'est une affaire à la fois érudite et un peu infantile ; un jeu littéraire et nostalgique qui nous fait retrouver d'anciennes lectures et nous retrouver nous-mêmes comme nous étions alors ; avec notre innocence de l'époque. Plus tard, on mûrit, on devient flaubertien ou stendhalien. On penche pour Faulkner, Lampedusa, García Márquez, Durrell ou Kafka… On devient différents les uns des autres ; on devient même adversaires. Mais nous nous faisons tous un clin d'œil complice quand nous parlons de certains auteurs, de certains livres magiques qui nous firent découvrir la littérature sans nous attacher à des dogmes ni nous donner des leçons équivoques. Telle est notre authentique patrie commune ; des écrits fidèles non pas à ce que les hommes voient, mais à ce que les hommes rêvent.
- Le Club Dumas, Arturo Pérez-Reverte (trad. Jean-Pierre Quijano), éd. JC Lattès, 1994 (ISBN 2-7096-1398-0), p. 353
Le Maître d'escrime, 1994
[modifier]- L’escrime est comme la communion, l’admonesta-t-il avec un sourire. Il faut s’y rendre dans une convenable disposition de corps et d’esprit. Contrevenir à cette loi suprême implique le châtiment.
- Diable, maître, il faut que je note ceci.
- Le Maître d'escrime, Arturo Pérez-Reverte (trad. Florianne Vidal), éd. Seuil, 1994 (ISBN 2-02-020896-2), p. 20
– Peut-être qu'un jour il n'y aura plus de maîtres d'escrime, dit-il.
Un long silence se fit. Jaime Astarloa regardait au loin, l'air absorbé, comme s'il observait le monde au-delà des murs de la salle d'armes.
– Peut-être, murmura-t-il, pris dans la contemplation d'images que lui seul pouvait voir. Mais laissez-moi vous dire une chose… Le jour où s’éteindra le dernier maître d'armes, tout ce que la lutte ancestrale de l'homme contre l'homme a encore de digne et de noble descendra dans la tombe avec lui… Car il n'y aura plus de place que pour le trébuchet et le poignard, le guet-apens et le coup de couteau.
- Le Maître d'escrime, Arturo Pérez-Reverte (trad. Florianne Vidal), éd. Seuil, 1994 (ISBN 2-02-020896-2), p. 41
Madame, dit-il sereinement, avec une courtoisie glaciale. Le prix de cette botte qui vous intéresse tant correspond exactement à la valeur que je lui attribue, pas un centime de plus. D’autre part, moi seul décide à qui il convient de l’enseigner, et ce droit je pense continuer à le conserver avec la plus grande jalousie. Il ne m’est jamais venu à l’esprit de spéculer avec vous, et je me trouve encore moins enclin à discuter ce prix comme un vulgaire marchand. Bonsoir.
Il reprit chapeau, gants et canne des mains de la soubrette, et descendit les escaliers d’un air taciturne. Du deuxième étage lui parvenaient les notes de la Polonaise de Chopin, arrachées au piano par des mains qui frappaient le clavier avec une furieuse détermination.
- Le Maître d'escrime, Arturo Pérez-Reverte (trad. Florianne Vidal), éd. Seuil, 1994 (ISBN 2-02-020896-2), p. 49
La Reine du Sud, 2003
[modifier]Teresa s'était retournée en l'entendant parler. Elle était maintenant si lucide et si sereine qu'elle sentait que sa gorge était sèche et que son sang circulait plus lentement, battement après battement. Elle mit son sac sur son épaule, en souriant pour la première fois de la journée : un sourire qui se dessina sur sa bouche comme une pulsion nerveuse, inattendue. Et ce sourire, ou quel que soit le nom qu'on pouvait lui donner, devait être étrange, car don Epifanio la regarda avec une certaine surprise, parfaitement visible sur son visage. Teresita Mendoza. Bon Dieu ! La femme du Güero. La compagne d'un narco. Une fille comme bien d'autres, plutôt discrète, ni trop éveillée ni trop jolie. Et pourtant il l'observa de cette façon pensive et prudente, avec beaucoup d'attention, comme s'il avait soudain devant lui une inconnue.
- La Reine du Sud, Arturo Pérez-Reverte (trad. François Maspero), éd. Seuil, 2003 (ISBN 2-02-057358-X), p. 74
Un jour de colère, 2008
[modifier]– Tu as une mère, León.
- Un jour de colère, Arturo Pérez-Reverte (trad. François Maspero), éd. Seuil, 2008 (ISBN 978-2-02-097965-8), p. 101
Ayant appris le désordre qui se manifeste dans le peuple et que par les balcons l'on jette des armes et des munitions pour la défense de la Patrie et du Roi, le soussigné Francisco Cayón, supplie sous serment en son nom et en celui de ses camarades de revenir tous à la prison que nous soyons mis en liberté pour aller exposer notre vie contre les étrangers et pour le bien de la Patrie.
- Un jour de colère, Arturo Pérez-Reverte (trad. François Maspero), éd. Seuil, 2008 (ISBN 978-2-02-097965-8), p. 118
- Un jour de colère, Arturo Pérez-Reverte (trad. François Maspero), éd. Seuil, 2008 (ISBN 978-2-02-097965-8), p. 128
– Autre chose, Arango. Essayer d'évacuer ces femmes avant que les Français n'arrivent… Ce n'est point un endroit pour elles. Le lieutenant pousse un profond soupir.
- Un jour de colère, Arturo Pérez-Reverte (trad. François Maspero), éd. Seuil, 2008 (ISBN 978-2-02-097965-8), p. 159
La figure salie par la fumée de la poudre, la fille se noue un foulard autour de la tête pour rassembler ses cheveux et esquisse un sourire. Daoiz observe que la sueur met des taches sombres à sa chemise et ses aisselles.
– Tant que vous resterez ici, mon général, Ramona García ne vous lâchera pas Comme dit une cousine à moi qui n'est pas mariée, un homme, ça se suit jusqu'à l'autel, et un homme courageux jusqu'à la fin du monde.
– Elle dit vraiment ça, votre cousine ?
– Juré craché, cœur de ma vie.
- Un jour de colère, Arturo Pérez-Reverte (trad. François Maspero), éd. Seuil, 2008 (ISBN 978-2-02-097965-8), p. 217
Le Hussard, 2005
[modifier]- Le Hussard, Arturo Pérez-Reverte (trad. François Maspero), éd. Seuil, 2005 (ISBN 2-02-067985-X), p. 47
- Le Hussard, Arturo Pérez-Reverte (trad. François Maspero), éd. Seuil, 2005 (ISBN 2-02-067985-X), p. 108
- Le Hussard, Arturo Pérez-Reverte (trad. François Maspero), éd. Seuil, 2005 (ISBN 2-02-067985-X), p. 117
- Le Hussard, Arturo Pérez-Reverte (trad. François Maspero), éd. Seuil, 2005 (ISBN 2-02-067985-X), p. 120
- Le Hussard, Arturo Pérez-Reverte (trad. François Maspero), éd. Seuil, 2005 (ISBN 2-02-067985-X), p. 137/138
- Le Hussard, Arturo Pérez-Reverte (trad. François Maspero), éd. Seuil, 2005 (ISBN 2-02-067985-X), p. 161
- Le Hussard, Arturo Pérez-Reverte (trad. François Maspero), éd. Seuil, 2005 (ISBN 2-02-067985-X), p. 190
Le Peintre de batailles, 2007
[modifier]- Le Peintre de batailles, Arturo Pérez-Reverte (trad. François Maspero), éd. Seuil, 2007 (ISBN 978-2-02-088807-3), p. 264
Le Tango de la Vieille Garde, 2013
[modifier]Il tâte les manchettes de sa chemise pour s'assurer qu'elles dépassent correctement des manches de la veste. Il déteste la manière moderne de montrer la quasi-totalité de son poignet, comme aussi les tailles trop ajustées, les cravates trop voyantes, les chemises à col en pointe et les pantalons moulants qui s'évasent vers le bas.
– Durant toutes ces années, est-ce que tu as réellement pensé quelquefois à moi ?
Il pose la question en regardant les iris dorés de la femme.
– Oui, je l'avoue. Quelquefois.
Max fait appel au plus efficace de ses moyens : le trait blanc qu illumine son visage, en apparence spontané, et qui jadis produisait des effets dévastateurs sur la résistance de ses destinataires.
– Tango de la Vieille Garde mis à part ?
– Mais oui.
- Le Tango de la Vieille Garde, Arturo Pérez-Reverte (trad. François Maspero), éd. Seuil, 2013, p. 182, 183
– Mon Dieu… C'est vrai. Tu étais la plus belle femme que j'ai jamais vue.
Mecha Inzunza ouvre son sac, sort un paquet de Muratti et en porte une à ses lèvres. Se penchant au-dessus de la table, Max l'allume avec le Dupont en or qui était quelques jours plus tôt dans le bureau du docteur Hungentobler. Elle exhale la fumée et se redresse.
- Le Tango de la Vieille Garde, Arturo Pérez-Reverte (trad. François Maspero), éd. Seuil, 2013, p. 184
– Et toi ? s'enquit Max. Tu ne seras pas non plus toujours jeune et belle.
– Moi, j'ai de l'argent. J'en avais déjà avant de me marier. Aujourd'hui c'est de l'argent qui me vient de si loin qu'il est devenu pour moi comme une seconde nature.
Elle avait répondu sans la moindre hésitation : le ton était tranquille, objectif. Elle avait souligné ces mots d'une moue de mépris.
– Tu serais étonné de ce que l'argent peut simplifier les choses.
Il éclata de rire.
– Je peux m'en faire une idée.
– Non. Je doute que tu y parviennes.
- Le Tango de la Vieille Garde, Arturo Pérez-Reverte (trad. François Maspero), éd. Seuil, 2013, p. 192
– Il y a des hommes qui rêvent de partir et qui osent le faire, je suis de ceux-là.
- Le Tango de la Vieille Garde, Arturo Pérez-Reverte (trad. François Maspero), éd. Seuil, 2013, p. 502
- Le Tango de la Vieille Garde, Arturo Pérez-Reverte (trad. François Maspero), éd. Seuil, 2013, p. 504
- Le Tango de la Vieille Garde, Arturo Pérez-Reverte (trad. François Maspero), éd. Seuil, 2013, p. 414
La Patience du franc-tireur, 2014
[modifier]- Incipit
- La Patience du franc-tireur, Arturo Pérez-Reverte (trad. François Maspero), éd. Seuil, 2014, p. 9
- La Patience du franc-tireur, Arturo Pérez-Reverte (trad. François Maspero), éd. Seuil, 2014, p. 97
Cadix, ou la diagonale du fou, 2011
[modifier]- Cadix, ou la diagonale du fou, Arturo Pérez-Reverte (trad. François Maspero), éd. Seuil, 2011, p. 262
– J'envie votre liberté, monsieur Lobo.
Un ton plus froid. Neutre. Le monsieur remet beaucoup de choses à leur place.
– Je ne définirais pas cela ainsi, répond le corsaire.
– Vous ne comprenez pas, capitaine.
Ils sont arrivés à la porte principale de la maison, à l'abri du vaste couloir obscur qui mène au patio et à ses grands pots de fougères. Pepe Lobo ôte son chapeau et le secoue pendant qu'elle ferme le parapluie. Il sent la veste humide peser sur ses épaules. Ses souliers à boucle d'argent, transformés en éponges, répandent une flaque sur les dalles.
- Cadix, ou la diagonale du fou, Arturo Pérez-Reverte (trad. François Maspero), éd. Seuil, 2011, p. 486
- Cadix, ou la diagonale du fou, Arturo Pérez-Reverte (trad. François Maspero), éd. Seuil, 2011, p. 619
– Cadix, l'entend-elle dire tout bas.
– Oui. Cadix.
- Cadix, ou la diagonale du fou, Arturo Pérez-Reverte (trad. François Maspero), éd. Seuil, 2011, p. 691-692
- Cadix, ou la diagonale du fou, Arturo Pérez-Reverte (trad. François Maspero), éd. Seuil, 2011, p. 701
Deux hommes de bien, 2017
[modifier]Dancenis sourit, presque avec reconnaissance.
– Vous savez de quoi vous parlez, monsieur. Une bibliothèque est un endroit où l'on trouve ce qu'il nous faut au moment opportun.
– C'est à mon avis bien davantage… Quand nous sommes tentés de trop mépriser nos semblables, il suffit, pour nous réconcilier avec eux, de contempler une bibliothèque comme celle-ci, riche en monuments dressés à la grandeur de l'homme.
- Deux hommes de bien, Arturo Pérez-Reverte (trad. Gabriel Iaculli), éd. Seuil, 2017 (ISBN 978-2-02-128804-9), p. 276
– Vous êtes fous, répète-t-il, admiratif.
- Deux hommes de bien, Arturo Pérez-Reverte (trad. Gabriel Iaculli), éd. Seuil, 2017 (ISBN 978-2-02-128804-9), p. 490
- Deux hommes de bien, Arturo Pérez-Reverte (trad. Gabriel Iaculli), éd. Seuil, 2017 (ISBN 978-2-02-128804-9), p. 501
Falcó, 2018
[modifier]- Falcó, Arturo Pérez-Reverte (trad. Gabriel Iaculli), éd. Seuil, 2018 (ISBN 978-2-02-136733-1), p. 22
- Falcó, Arturo Pérez-Reverte (trad. Gabriel Iaculli), éd. Seuil, 2018 (ISBN 978-2-02-136733-1), p. 24
– Je préfère l'assainir sur le front. Ce que nous voyons là pue la revanche et l'ignominie.
– J'ai bien peur que nous n'en soyons qu'au commencement d'après ce que l'on dit à la radio et dans les journaux, les rouges détalent et se rendent en masse.
– C'est un mensonge. j'en viens… Ils se battent avec acharnement. Défendent pied à pied leurs positions et, même quand ils doivent en céder un pouce , ils le font en luttant avec beaucoup de courage.
Falcó l'observait avec un intérêt renouvelé.
– Ça ne sera pas fini pour Noël ?
– Bien sûr que non. C'est de la propagande.
– Alors, ce sera long et sanglant ?
- Falcó, Arturo Pérez-Reverte (trad. Gabriel Iaculli), éd. Seuil, 2018 (ISBN 978-2-02-136733-1), p. 66
- Falcó, Arturo Pérez-Reverte (trad. Gabriel Iaculli), éd. Seuil, 2018 (ISBN 978-2-02-136733-1), p. 90
- Falcó, Arturo Pérez-Reverte (trad. Gabriel Iaculli), éd. Seuil, 2018 (ISBN 978-2-02-136733-1), p. 103, 104
– Vous parlez du courage.
– C'est l'une d'entre elles.
– Au-dessus des idéologies ?
– Ça se pourrait.
Falcó but une gorgée de vin.
– Fascistes et antifascistes inclus ?
Le regard rivé sur lui était à présent différent, pénétrant ; il y décela de l'inquiétude.
– Nous sommes-nous déjà rencontrés ? Demanda Portela avec brusquerie.
– Je ne crois pas ?
- Falcó, Arturo Pérez-Reverte (trad. Gabriel Iaculli), éd. Seuil, 2018 (ISBN 978-2-02-136733-1), p. 145
- Falcó, Arturo Pérez-Reverte (trad. Gabriel Iaculli), éd. Seuil, 2018 (ISBN 978-2-02-136733-1), p. 149
- Juste ce qu'il faut. Comme on l'aura fait pour vous à mon sujet, je présume.
- Il faut savoir avec qui on embarque.
- Falcó, Arturo Pérez-Reverte (trad. Gabriel Iaculli), éd. Seuil, 2018 (ISBN 978-2-02-136733-1), p. 70
Eva, 2019
[modifier]Je ne voudrais pas être tué cette nuit, se dit Lorenzo Falcó. Pas de cette manière.
- Incipit
- Eva, Arturo Pérez-Reverte (trad. Gabriel Iaculli), éd. Seuil, 2019 (ISBN 978-2-02-139802-1), p. 11
Ils formaient un ensemble curieux : les hommes en tenu du Martín Álvarez, et ceux en civil du Mount Castle restaient groupés, tête basse, visages et poings marqués par les coups de la récente bagarre, l'un d'entre-eux encore soutenu par ses camarades. Quelques-uns commentaient les circonstances du combat. El Negus et le sous-officier de l'artillerie se tenaient côte-à-côte ; le regard de l'un courait d'abord sur ses propres hommes, pour les passer en revue, aurait-on dit, puis sur ceux de son voisin, tandis que que le regard de l'autre en faisait autant, puis ils se rencontraient comme se croisent ceux des écoliers qui se sont battus dans la cours de récréation et que l'on a forcés à faire la paix. Il n'y avait plus trace d'hostilité sur leurs visages remarqua Falcó. Seulement de la curiosité. Une sorte de reconnaissance muette et sereine. Ils s'étudiaient avec l'expression de ceux qui se voient pour la première fois et comptent bien s'en souvenir un jour.
- Eva, Arturo Pérez-Reverte (trad. Gabriel Iaculli), éd. Seuil, 2019 (ISBN 978-2-02-139802-1), p. 177
– Le désir profond d'une femme unique est de survivre à elle-même, dit-elle, en se touchant le visage avec précaution. Et tu vois… On finit par monter la garde dans un château où il n'y a plus rien à défendre.
- Eva, Arturo Pérez-Reverte (trad. Gabriel Iaculli), éd. Seuil, 2019 (ISBN 978-2-02-139802-1), p. 210
Il s'agissait, trancha Falcó après un moment de réflexion, de mondes opposés, de façons différentes de concevoir la vie, la mort et les liens inévitables qui les lient l'une à l'autre. Froide méthode et foi d'un côté, égoïsme assumé et lucide de l'autre. Qui n'étaient absolument pas conciliables. Et pourtant, il savait — certain qu'elle le savait aussi — qu'il existait encore entre eux un lien singulier et fort, fait de vieille complicité et d'un vague respect de quelque chose d'impossible à définir. Une étrange combinaison de souvenirs, de sexe, de danger et de tendresse.
- Eva, Arturo Pérez-Reverte (trad. Gabriel Iaculli), éd. Seuil, 2019 (ISBN 978-2-02-139802-1), p. 263
Il y a une monde dont tout le monde abuse et qui te sied à merveille : psychopathe. Parce que c'est ce que tu es, mon garçon, n'en doute pas. C'est un natif de Betanzos qui te le dit. Un putain de psychopathe. Il y a des guerres où l'on tue, c'est l'évidence même, mais dans la nôtre, on assassine. Autant de nôtre bord que de l'autre. En un clin d’œil, le bourreau peut devenir la victime et vice-versa. Voilà pourquoi c'est une guerre qui nous va à merveille, à nous, Espagnols, et plus encore à toi. Elle est parfaite pour les criminels sans conscience, sans décence et sans gloire.
- Eva, Arturo Pérez-Reverte (trad. Gabriel Iaculli), éd. Seuil, 2019 (ISBN 978-2-02-139802-1), p. 285
Moïra regardait le visage de Falcó. Quand il glissa le papier dans sa poche, elle eut un petit sourire.
– Je connais cette expression, chéri.
Alors, ce fut à lui de sourire. Ce qu'il faisait pour la première fois ce matin.
– Et que dit-elle, mon expression ?
– Que le succès ou l'échec, en réalité, t'importent peu. N'ont jamais beaucoup compté pour toi… Tout ce à quoi tu tiens vraiment, c'est que jamais ne manque une lettre à décacheter.
- Eva, Arturo Pérez-Reverte (trad. Gabriel Iaculli), éd. Seuil, 2019 (ISBN 978-2-02-139802-1), p. 321
– Et ses hommes ?
– Ils iraient avec lu en enfer, s'il leur en donnait l'ordre. Et il va le faire.
– Tous ? Un équipage entier de héros ? … Ça m'étonnerait beaucoup.
– Tu ne connais pas Quirós, lui dit-elle au bout d'un moment. Ni ses liens avec ses marins.
À bord du Mount Castle, la République était encore ce qui comptait le moins. Même les communistes et les anarchistes, parce qu'il y en avait aussi à bord, lui obéissaient aveuglément, du maître d'équipage au dernier des chauffeurs. Pendant toute la durée des pérégrinations, les dangers courus ensemble avaient tissé entre eux des liens particuliers. Qui ne reposaient pas sur des idées, mais sur la loyauté. Il y avait des hommes capables de susciter de telles choses autour d'eux, et le capitaine Quirós était de ceux-là.
- Eva, Arturo Pérez-Reverte (trad. Gabriel Iaculli), éd. Seuil, 2019 (ISBN 978-2-02-139802-1), p. 356
Sabotage, 2020
[modifier]– Mon tour viendra peut-être un des ces jours, dit Malena au bout d’un moment, pensive.
– De tuer ?
Il l’entendit rire doucement, tandis qu’elle changeait de vitesse. Maintenant, elle tenait la cigarette entre deux doigts de la main droite appuyée sur le volant.
- De mourir.
- Sabotage, Arturo Pérez-Reverte (trad. Gabriel Iaculli), éd. Seuil, 2020 (ISBN 978-2-02-142796-7), p. 23
Pour le moment, reprit l’Amiral, nous avons passé par les armes quelques prêtres nationalistes basques, pour leur faire savoir de quoi il retourne.
La nouvelle fit sourire Falcó.
– Qu’on n’aille pas croire, au Vatican, remarqua-t-il, amusé, que l’assassinat des curés est le monopole des rouges.
– C’est cela même. Tu n’es pas si bête, quand tu y mets du tien.
- Sabotage, Arturo Pérez-Reverte (trad. Gabriel Iaculli), éd. Seuil, 2020 (ISBN 978-2-02-142796-7), p. 35
La colère des idiots gagne le monde, ajouta-t-il, courroucé. Et notre guerre est une répétition générale exemplaire. Un prologue aux grandes hécatombes qui s’annoncent.
- Sabotage, Arturo Pérez-Reverte (trad. Gabriel Iaculli), éd. Seuil, 2020 (ISBN 978-2-02-142796-7), p. 47
Elle tendit la main pour lui rajuster le nœud de cravate.
– Tu laisses toujours un bon souvenir aux femmes ?
– Je ne sais pas, répondit-il, puis il réfléchit pendant un instant, ou le donna à croire. Pas toujours je suppose.
Nouvel éclat blanc. Autre lueur de jais. María riait de nouveau.
– Je dirai presque toujours, le corrigea-t-elle. Et je crois savoir pourquoi.
- Sabotage, Arturo Pérez-Reverte (trad. Gabriel Iaculli), éd. Seuil, 2020 (ISBN 978-2-02-142796-7), p. 192