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Armand de Caulaincourt

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Armand de Caulaincourt
Armand de Caulaincourt

Armand de Caulaincourt, 5e marquis de Caulaincourt, 1er duc de Vicence, né le 9 décembre 1773 à Caulaincourt et mort le 19 février 1827 à Paris, est un général et diplomate français.

Citations

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Mémoires du général de Caulaincourt, tome 2, 1933

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L'Empereur montait à cheval, la nuit comme le jour, sans prévenir ; il se plaisait même à sortir à l'improviste et à mettre tout le monde en défaut. Ses chevaux de selle étaient divisés par brigade. Chaque brigade avait deux chevaux pour lui, un cheval pour le Grand écuyer et le nombre nécessaire pour les autres personnes de service que l'Empereur montait. Une brigade de chevaux de selle était toujours bridée, la nuit comme le jour. Tous les officiers devaient avoir aussi un cheval bridé. Le piquet de service, composé d'un officier et vingt chasseurs était toujours bridé. Les escadrons de service le fournissaient et le relevaient. Dans les autres campagnes, un seul escadron était de service. Dans celle de Russie, il y en avait quatre, moitié cavalerie légère, moitié grenadiers (?) et dragons. Le piquet ne quittait pas l'Empereur ; les escadrons suivaient en échelon ; ils ne bridaient que quand l'Empereur demandait ses chevaux, ce qui était toujours si imprévu et si prompt qu'il partait toujours avec trois ou quatre personnes ; les autres rejoignaient. Depuis Moscou, comme depuis Smolensk, les escadrons étaient quelquefois de service deux ou trois jours de suite ; les hommes et les chevaux étaient harassés. Habituellement l'Empereur rentrait tard, à nuit close. Les escadrons se jetaient au bivouac le mieux qu'ils pouvaient dans l'obscurité. Quand l'empereur montait à cheval à l'armée, il partait ordinairement au galop, ne fût-ce que pendant deux ou trois cent pas.

  • Mémoires du général de Caulaincourt, tome 2 (1933), Armand de Caulaincourt, éd. éditions des équateurs, 2012  (ISBN 978-2-84990-223-3), t. 2, p. 97


L'Empereur dut donner le commandement de l'arrière-garde au maréchal Ney dont l'énergie, la valeur s'accroissaient avec les dangers et les difficultés. L'Empereur s'occupa de rédiger une instruction sur la manière de faire la retraite.

  • retraite de Russie
  • Mémoires du général de Caulaincourt, tome 2 (1933), Armand de Caulaincourt, éd. éditions des équateurs, 2012  (ISBN 978-2-84990-223-3), t. 2, p. 119


Hélas ! L'Empereur se faisait illusion, et cette erreur entraînait notre perte. Les chefs voyaient le salut de l'avenir dans l'excès même du mal et l'Empereur ne voyait pas ce mal aussi grand qu'il était. Il croyait réellement toucher au terme de ses sacrifices, pouvoir s'arrêter, pouvoir établir l'armée comme le prouve assez sa fatale insistance pour tout emmener, pour tout conserver, qui fut cause qui perdit tout. La fortune l'avait trop longtemps comblée de ses faveurs ; il ne put se croire tout à fait abandonné d'elle.

  • retraite de Russie
  • Mémoires du général de Caulaincourt, tome 2 (1933), Armand de Caulaincourt, éd. éditions des équateurs, 2012  (ISBN 978-2-84990-223-3), t. 2, p. 137


Il faut dire, à la gloire du duc d’Elchingen, qu'il n'y avait qu'une opinion sur lui dans l'armée. On regardait sa jonction par la route de Krasnoe comme impossible, mais si l'impossible est possible à quelqu'un Ney nous rejoindra disait-on. Toutes les cartes étaient déployées, chacun y cherchait, y traçait la route, la marche qu'il suivrait, si le courage ne pouvait lui ouvrir un passage. « La bonne infanterie peut tout avec un tel chef quand elle sacrifie son artillerie », disait-on. Il reviendra plutôt par Kiew que de « capituler ». Depuis le soldat jusqu'à l'Empereur, personne ne doutait qu'il ne ramenât son corps, s'il n'était pas tué. Si quelqu'un conservait un doute, il ne portait que sur la pensée que ce maréchal, croyant que nous l'attendrions et que nous seconderions son attaque dès que nous entendrions son feu, s’obstinerait à vouloir passer et qu'il trouverait une mort glorieuse en cherchant à s'ouvrir un passage. Quel plus bel éloge pour le guerrier que cette opinion générale qu'il exécuterait ce que tout autre oserait à peine ?

  • retraite de Russie
  • Mémoires du général de Caulaincourt, tome 2 (1933), Armand de Caulaincourt, éd. éditions des équateurs, 2012  (ISBN 978-2-84990-223-3), t. 2, p. 162


Il semblait que la fortune voulait nous faire éprouver dans cette cruelle campagne tout ce que ses revers ont de plus fâcheux. Tout ce qui pouvait le plus déranger les combinaisons de l'Empereur se succédait. Après s’être vu enlever les magasins qui auraient pourvu à tous les besoins et donner le moyen de réorganiser l'armée, il perdait encore, au moment où il n'avait pas d'autre salut, le seul passage sur lequel il comptait. Tout autre eût été accablé. L’Empereur se montra plus grand que son malheur. Ces adversités, au lieu de l’abattre, firent ressortir davantage toute l’énergie de ce grand caractère ; il montra ce que peut un noble courage et une brave armée contre l'excès même de l'adversité. Il est certain que l'Empereur se montra supérieur à tous les événements, et, par conséquent, fait pour les maîtriser encore tous, s'il n'eût plus abusé de la fortune, des hommes et de la gloire. L'espoir, même l'apparence d'un succès l'enivrait plus que le plus grand revers ne l’abattait.

  • retraite de Russie
  • Mémoires du général de Caulaincourt, tome 2 (1933), Armand de Caulaincourt, éd. éditions des équateurs, 2012  (ISBN 978-2-84990-223-3), t. 2, p. 174, 175


C'est l'Angleterre qui m'a poussé, forcé à tout ce que j'ai fait. Si elle n'avait pas rompu le traité d'Amiens, si elle avait fait la paix après Austerlitz, après Tilsit, je serais resté tranquille chez moi. La crainte de compromettre les capitaux de mon commerce m’eût maintenu. Je n'aurais rien entrepris au-dehors car ce n'était pas dans mon intérêt. Je ne me serais occupé que de la prospérité intérieure ; je me serais rouillé, accoutumé au repos. Rien n'est plus doux. Je ne suis pas plus ennemi qu'un autre des douceurs de la vie. Je ne suis pas un Don Quichotte qui a besoin de quêter les aventures. Je suis un être de raison qui ne fait que ce qu'il croit utile. La seule différence entre moi et les autres souverains, c'est que les difficultés les arrêtent et que j'aime à les surmonter, quand il m'est démontré que le but est grand, noble, digne de moi et de la nation que je gouverne.

  • propos rapportés de l'Empereur
  • Mémoires du général de Caulaincourt, tome 2 (1933), Armand de Caulaincourt, éd. éditions des équateurs, 2012  (ISBN 978-2-84990-223-3), t. 2, p. 217


L'Empereur fit la réflexion que l'empereur Alexandre avec ses formes doucereuses et l'apparence de la modération, avait plus fait dans l'intérêt de la Russie que l'ambitieuse Catherine que les Russes prônaient tant, et que la Finlande était d'une bien autre importance pour un empire dont la capitale est à Pétersbourg que la Crimée sans habitants et toutes les conquêtes de Catherine sur les Turcs.

  • Mémoires du général de Caulaincourt, tome 2 (1933), Armand de Caulaincourt, éd. éditions des équateurs, 2012  (ISBN 978-2-84990-223-3), t. 2, p. 226


Je me fais plus méchant que je ne suis, me dit-il en plaisantant, parce que j'ai remarqué que les Français sont toujours prêts à vous manger dans la main. C'est le sérieux qui leur manque et, par conséquent, ce qui leur en impose le plus. On me croit sévère, même dur. Tant mieux ; cela me dispense de l'être. Ma fermeté passe pour de l'insensibilité ; comme c'est à cette opinion que l'on doit en partie l'ordre qui règne et de n'avoir rien à réprimer, quoi que nous soyons encore bien prêts de la Révolution et que nous vivions avec des générations élevées au milieu des troubles, sans idée de morale ou de religion, je ne m'en plains pas. Allez, Caulaincourt, je suis homme. J'ai aussi, quoi qu'en disent certaines personnes, des entrailles, un cœur, mais c'est un cœur de souverain. Je ne m'apitoie pas sur les larmes d'une duchesse, mais je suis touché des maux des peuples. Je les veux heureux et les Français le seront. L’aisance sera partout si je vis dix ans. Croyez-vous donc que je n'aime pas aussi à faire plaisir ? Un visage content me fait du bien à voir, mais je suis obligé de me défendre de cette disposition naturelle, car on en abuserait. Je l'ai éprouvé plus d'une fois avec Joséphine, qui me demandait toujours et me faisait même tomber dans des embuscades de larmes auxquelles j'accordais ce que j'aurais dû refuser.

  • propos rapportés de l'Empereur
  • Mémoires du général de Caulaincourt, tome 2 (1933), Armand de Caulaincourt, éd. éditions des équateurs, 2012  (ISBN 978-2-84990-223-3), t. 2, p. 278


Il me faut des conseillers d'État, des préfets, des officiers, des ingénieurs, des professeurs. Il faut donc donner un grand développement à l'instruction et tremper un peu ces jeunes têtes des Grecs et des Romains. L'important est de diriger monarchiquement l'énergie de ces souvenirs, car voilà la seule histoire. Je m'occuperai encore de l'instruction, et ce sera mon premier soin à la paix, car c'est la garantie de l'avenir. Je veux qu'elle soit publique pour tous, même pour une partie de celle de mon fils. J'ai un grand projet sur cela.

  • propos rapportés de l'Empereur
  • Mémoires du général de Caulaincourt, tome 2 (1933), Armand de Caulaincourt, éd. éditions des équateurs, 2012  (ISBN 978-2-84990-223-3), t. 2, p. 281, 282


Au reste, si l'on a à demander compte des malheurs de ce temps à quelqu'un, ce ne serait pas aux conventionnels qui furent entraînés par la frénésie du temps, par la Révolution qui avait été faite par la Cour elle-même. En réalité, en bonne justice, il ne faut demander compte de nos malheurs passés qu'aux princes et aux hommes de la Cour qui ont fait cette révolution. Les Montmorency, les Lameth, les d'aiguillon, les Talleyrand, les Lafayette, les La Rochefoucauld, Monsieur, frère du roi, et tant d'autres en étaient les vrais fauteurs.

  • propos rapportés de l'Empereur
  • Mémoires du général de Caulaincourt, tome 2 (1933), Armand de Caulaincourt, éd. éditions des équateurs, 2012  (ISBN 978-2-84990-223-3), t. 2, p. 303, 304


Citations sur Armand de Caulaincourt

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Armand de Caulaincourt, Mémoires du général de Caulaincourt, tome 1, 1933

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La duchesse d’Abrantès, qui l’a bien connu, a fait, à plusieurs reprises, son éloge. Il « avait, dit-elle une bonté de caractère qui le faisait aimer de tous ses amis, mais cette bonhomie apparente cachait une force qui n’était connue que ce ceux qui vivaient habituellement avec lui. » Ailleurs, elle ajoute : « Pour ceux qui ont connu cet excellent homme, dire son nom, c’est rappeler tout ce qui est bon, honorable et honoré. »

  • Préface du premier tome
  • Mémoires du général de Caulaincourt, tome 1 (1933), Armand de Caulaincourt, éd. éditions des équateurs, 2012  (ISBN 978-2-84990-222-6), t. 1, p. 11


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