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Alain Badiou

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Alain Badiou (2012).

Alain Badiou est un philosophe, romancier et dramaturge français, né à Rabat le 17 janvier 1937.

Peut-on penser la politique ?, 1985

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La proclamation par des États, ou des Partis, ou des intellectuels académiques, de la santé du marxisme est une médecine mortelle.
  • Peut-on penser la politique ? (1985), Alain Badiou, éd. Éditions du Seuil, 1985, chap. destruction, p. 54


Éloge des mathématiques, 2015

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Il est évident que peu à peu les mathématiques révèlent des génies fondateurs dans pratiquement toutes les zones du monde. Mais, à chaque fois, leur œuvre est adoptée avec enthousiasme par la confrérie mondiale des mathématiciens, sans que des questions de langue et de culture interviennent de façon significative. Ainsi, on peut dire que oui, les mathématiques traversent de façon impérieuse et visible les particularités nationales, sans jamais s'y enfermer, comme devraient le faire, et le feront, toutes les procédures de vérité, y compris les plus apparemment « culturelles », telles que les arts, et, bien entendu, les politiques. C'est une raison supplémentaire pour que la philosophie, qui a créé l'universalité comme sa valeur propre, révère l'Internationale mathématicienne.
  • Éloge des mathématiques (2015), Alain Badiou avec Gilles Haéri, éd. Flammarion, coll. « Champs essais », 2017  (ISBN 978-2-0813-9593-0), chap. II. Philosophie et mathématiques ou l’histoire d’un vieux couple, p. 46 (lire en ligne)


Ma conclusion, proprement philosophique, c'est que, en réalité, les mathématiques sont tout simplement la science de l'être en tant qu'être, c'est-à-dire ce que les philosophes appellent classiquement l'ontologie.
  • Éloge des mathématiques (2015), Alain Badiou avec Gilles Haéri, éd. Flammarion, coll. « Champs essais », 2017  (ISBN 978-2-0813-9593-0), chap. De quoi parlent les mathématiques?, p. 74


C'est pourquoi je rejette la théorie selon laquelle les mathématiques dérivent de l'expérience sensible. C'est l'inverse : le réel de l'expérience sensible n'est pensable que parce que le formalisme mathématique pense « à l'avance » les formes possibles de tout ce qui est. Comme le disait Bachelard, même les grands instruments qui servent dans les expériences, depuis les lunettes astronomiques jusqu'aux gigantesques accélérateurs de particules, sont de la « théorie matérialisée », et présupposent, jusque dans leur construction, des formalismes mathématiques extrêmement complexes. Voilà selon moi ce qui élucide la question mystérieuse du rapport entre les sciences formelles que sont les mathématiques et les sciences expérimentales comme la physique.
  • Éloge des mathématiques, Alain Badiou avec Gilles Haéri, éd. Flammarion, coll. « Champs essais », 2017  (ISBN 978-2-0813-9593-0), chap. III. De quoi parlent les mathématiques ?, p. 76-77


Parce que la démonstration mathématique constitue le chemin d'un voir. On récapitule tout quand on a tout compris. Ce ne sont plus les étapes peineuses, les interminables calculs dans lesquels on se perd qui vont constituer la mémoire de la chose. Ce qui va constituer la mémoire de la chose, c'est que vous aurez compris. Or, si vous avez compris et saisi quelque chose, c'est que vous avez vu quelque chose que vous n'aviez jamais vu, et c'est cet ineffable plaisir qui va rester.
  • Éloge des mathématiques (2015), Alain Badiou avec Gilles Haéri, éd. Flammarion, coll. « Champs essais », 2017  (ISBN 978-2-0813-9593-0), chap. V. Les mathématiques font-elles le bonheur ?, p. 102-103


Par exemple, l'amour est la matrice existentielle de la pensée de la différence comme telle. C'est la possibilité de vivre en différence, et pas en indifférence, c'est-à-dire d'expérimenter que le monde peut être abordé ou traité du point de vue du Deux, et pas simplement du point de vue de l'Un. Et donc l'amour est l'apprentissage existentiel de la dialectique, c’est-à-dire de la fécondité de la différence.
  • Éloge des mathématiques (2015), Alain Badiou avec Gilles Haéri, éd. Flammarion, coll. « Champs essais », 2017  (ISBN 978-2-0813-9593-0), chap. V. Les mathématiques font-elles le bonheur ?, p. 111


C'est la simplicité des mathématiques, le fait qu'elles sont univoques, sans rien de caché, d'obscur, sans double sens ou tromperie calculée, qui peut nous émerveiller. Et leur indifférence aux opinions dominantes est un modèle de liberté. En ce sens, oui, parvenir en politique ou dans l'amour à une simplicité et à une universalité comparables peut être accepté comme un idéal de vie.
  • Éloge des mathématiques (2015), Alain Badiou avec Gilles Haéri, éd. Flammarion, coll. « Champs essais », 2017  (ISBN 978-2-0813-9593-0), chap. V. Les mathématiques font-elles le bonheur ?, p. 117


À cet égard, il ne faut pas hésiter à entrer dans l'univers du jeu ; parce que, après tout, résoudre un problème est aussi une donnée du jeu. Ça n'engage pas nécessairement une conception ludique des mathématiques, mais ça suscite un intérêt. Vous trouvez du reste dans certains journaux des énigmes mathématiques, et je ne crois pas qu'il faille mépriser cet abord, pas plus du reste qu'il n'est sage de critiquer les mots croisés, lesquels apprennent à la fois l'orthographe et une sémantique assez fine.
  • Éloge des mathématiques (2015), Alain Badiou avec Gilles Haéri, éd. Flammarion, coll. « Champs essais », 2017  (ISBN 978-2-0813-9593-0), chap. Conclusion, p. 120-121


Divers

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Il est tout simplement faux (…) que le vote soit l'expression de la liberté des opinions. Il est en réalité surplombé par ce que j'appellerai le principe de l'homogène : tout le monde peut être candidat, mais ne peuvent venir aux places précodées du pouvoir possible que ceux qui sont conforme à une norme. En vérité, ceux dont on sait à coup sûr qu'ils ne feront rien d'essentiellement différent de ceux qui les ont précédés (…)
  • À propos de l'élection française d'avril 2002.
  • « Dignité et indignité du philosophe », Alain Badiou in Circonstances, éditions Léo Scheer, cité par A. B., Éléments, nº 111, Décembre 2003, p. 6


Dès que les considérations identitaires sont injectées dans la politique, dans le pouvoir d'État, on est dans une logique qu'il faut bien appeler néo-fasciste. Car une définition identitaire de la population se heurte à ceci que toute population, dans le monde contemporain, étant composite, hétérogène et multiforme, la seule réalité de cette identification va être négative. On ne parviendra nullement à identifier ce qu'est la « civilisation française », entité dont j'ignore ce qu'elle signifie, on va juste clairement désigner ceux qui n'en sont pas.


La réalité historique de l'apogée du nationalisme français, c'est la guerre de 14.


J'ai pu remarquer que ceux qui répètent ce genre de chiffres - objectivement aberrant - ne savent même pas qui tuait qui... En tous cas, ce qui est certain, c'est que très tôt, c'est la contre-révolution antimaoïste, notamment animée par des cadres réactionnaires, des organisations de fils de cadres et des militaires, qui le plus facilement, et de loin, a tiré dans le tas, ordonnée des exécutions, interrogé et malmené les révolutionnaires par centaine de millier. Tout de même que c'est la direction du coup d'État de 1976 [de Deng Xiaoping] qui a ordonné la destruction systématique de tous les documents issus de la Révolution Culturelle sans aucune exception !
  • Préfaces
  • La Commune de Shanghai et la commune de Paris, Hongsheng Jiang, Alain Badiou (préface), éd. La fabrique, 2014, p. 14


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