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Achille Mbembe

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Achille Mbembe en 2015

Achille Mbembe, né en 1957, est un philosophe, politologue, historien et universitaire camerounais.

Citations

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Sortir de la grande nuit, 2010

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De certains crimes dans l’histoire, il ne résulta que souillure et profanité, la splendide stérilité d’une existence atrophiée, bref, l’impossibilité de « faire communauté » et de réarpenter les chemins de l’humanité. De la colonisation, peut-on dire qu’elle fut justement le spectacle par excellence de l’impossible communauté – tétanique convulsion en même temps que vain sifflement ?
  • Sortir de la grande nuit : essai sur l'Afrique décolonisée (2010), Achille Mbembe, éd. La Découverte, coll. « Poche/Essais », 2013  (ISBN 978-2-7071-7664-6), chap. Avant-propos, p. 9


La décolonisation est un événement dont la signification politique essentielle résida dans la volonté active de communauté – comme d’autres parlaient autrefois de volonté de puissance. Cette volonté de communauté était l’autre nom de ce que l’on pourrait appeler la volonté de vie. Elle avait pour but la réalisation d’une œuvre partagée : se tenir debout par soi-même et constituer un héritage.
  • Sortir de la grande nuit : essai sur l'Afrique décolonisée (2010), Achille Mbembe, éd. La Découverte, coll. « Poche/Essais », 2013  (ISBN 978-2-7071-7664-6), chap. Avant-propos, p. 9-10


Au lieu d’agir comme un signe intensif qui force l’ex-colonisé à penser par et pour lui-même, et au lieu d’être le lieu d’une genèse renouvelée du sens, la décolonisation – surtout là où elle fut octroyée – prit l’allure d’une rencontre par effraction avec soi-même : non point le résultat d’un désir fondamental de liberté, quelque chose que le sujet se donne et qui devient la source nécessaire de la morale et de la politique, mais une extériorité, une greffe apparemment dénuée de toute puissance de métamorphose.
  • Sortir de la grande nuit : essai sur l'Afrique décolonisée (2010), Achille Mbembe, éd. La Découverte, coll. « Poche/Essais », 2013  (ISBN 978-2-7071-7664-6), chap. Avant-propos, p. 12


Le soulèvement (notamment armé) organisé pour mettre un terme à la domination coloniale et à la loi de la race qui en était le pilier n’eût guère été possible sans la production consciente, de la part des insurgés, d’un pouvoir étrange – sublime illusion ou pouvoir du songe ? –, d’une puissance énergétique et incendiaire, d’une structure d’affects faite de raison calculatrice et de colère, de foi et d’opportunisme, de désirs et d’exaltation, de messianisme, voire de folie, et sans une traduction de ce feu en langage et en praxis : la praxis du surgissement, du jaillissement, de l’émergence. Renverser les vieux liens de sujétion et occuper une nouvelle place dans le temps et la structure du monde, tel était l’horizon. Et si, au cours de cette montée vers les limites, l’explication avec la mort devait s’imposer, surtout ne point mourir à la manière d’un rat ou d’un animal domestique, pris au piège dans la basse-cour, aux écuries, à l’étable, sous le marteau ou, simplement, en plein air.
  • Sortir de la grande nuit : essai sur l'Afrique décolonisée (2010), Achille Mbembe, éd. La Découverte, coll. « Poche/Essais », 2013  (ISBN 978-2-7071-7664-6), chap. Introduction, p. 18


L’Afrique est désormais en majorité peuplée de passants potentiels. Confrontés au pillage, à maintes formes de rapacité, à la corruption et à la maladie, à la piraterie et à maintes expériences de viol, ils sont prêts à se détourner du lieu natal, dans l’espoir de se réinventer et de se réenraciner ailleurs. Quelque chose est en train de jaillir, bouillonnant, violent, du rouet que constitue le désœuvrement des forces vives du continent, la fuite forcenée devant la terrible alternative : rester là, dans l’éclat du dessèchement, et courir le risque de devenir de la simple viande humaine, ou se déplacer, s’en aller, à tout risque.
  • Sortir de la grande nuit : essai sur l'Afrique décolonisée (2010), Achille Mbembe, éd. La Découverte, coll. « Poche/Essais », 2013  (ISBN 978-2-7071-7664-6), chap. Introduction, p. 22


Bientôt, il faudra sortir de l’alternative perverse : fuir ou périr. Ce à quoi il faudrait arriver, c’est une sorte de « New Deal » continental collectivement négocié par les différents États africains et par les puissances internationales – un « New Deal » en faveur de la démocratie et du progrès économique qui viendrait compléter et clore une fois pour toutes le chapitre de la décolonisation.
  • Sortir de la grande nuit : essai sur l'Afrique décolonisée (2010), Achille Mbembe, éd. La Découverte, coll. « Poche/Essais », 2013  (ISBN 978-2-7071-7664-6), chap. Introduction, p. 27


Critique de la raison nègre, 2013

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De l’acharnement colonial à diviser, à classifier, à hiérarchiser et à différencier, il est resté quelque chose, des entailles, voire des lésions. Pis, une faille a été érigée, qui demeure.
  • Critique de la raison nègre, Achille Mbembe, éd. La Découverte, 2013  (ISBN 978-2-7071-7747-6), chap. Introduction, p. 19


Autres citations

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S'il y a chez Fanon quelque chose qui ne vieillira jamais, c'est bien la possibilité, pour chaque sujet humain et pour chaque peuple, de se mettre debout, d'écrire par son travail, dans sa langue, avec son corps, sa part de l'histoire de ce monde que nous avons tous en commun.
  • « Frantz Fanon, au nom des damnés de la terre », Achille Mbembe (Propos recueillis par Valérie Marin La Meslée), Le Point, 5 décembre 2011 (lire en ligne)


Citations rapportées

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Citations sur

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Voir aussi

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