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Élisabeth Badinter

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Élisabeth Badinter, née Bleustein-Blanchet, le 5 mars 1944 à Boulogne-Billancourt, est une femme de lettres, philosophe, féministe et femme d'affaires française.

Essais

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Si la masculinité s'apprend et se construit, nul doute qu'elle peut changer. Au XVIIIe siècle, un homme digne de ce nom pouvait pleurer en public et avoir des vapeurs ; à la fin du XIXe, il ne peut plus sous peine d'y laisser sa dignité masculine.
  • XY, de l'identité masculine, Élisabeth Badinter, éd. Odile Jacob, 1992  (ISBN 978-2-738-10179-2), p. 55


Il faut être ignorant des problèmes identitaires pour croire qu'une même génération d'hommes, élevée dans l'ancien modèle, réussirait d'un coup le triple saut périlleux : la remise en question d'une virilité ancestrale, l'acceptation d'une féminité redoutée et l'invention d'une autre masculinité compatible avec elle.
  • XY, de l'identité masculine, Élisabeth Badinter, éd. Odile Jacob, 1992  (ISBN 978-2-738-10179-2), p. 192


Les critères cartésiens de la vérité n'ont plus cours depuis longtemps. A l'idée claire et distincte nous préférons l'analogie et la généralisation. Bref, l'amalgame [...].Or l'amalgame est moins l'outil du savant que du politique.


Interviews

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Il faut s'accrocher et il ne faut pas avoir peur de se faire traiter d'islamophobe, qui a été pendant pas mal d'années le stop absolu, l'interdiction de parler et presque la suspicion sur la laïcité. À partir du moment où les gens auront compris que c'est une arme contre la laïcité, peut-être qu'ils pourront laisser leur peur de côté pour dire les choses.

  • France Inter, le 6 janvier 2016
  • « Élisabeth Badinter : “Il ne faut pas avoir peur de se faire traiter d'islamophobe” », Louis Hausalter, Marianne, 6 janvier 2016 (lire en ligne)


On ferme le bec de toute discussion sur l'islam en particulier ou d'autres religions avec la condamnation absolue que personne ne supporte : « Vous êtes raciste ou vous êtes islamophobe, taisez-vous ! » Et c'est cela que les gens ne supportent plus : la peur, pour des gens de bonne foi, qu'on puisse penser que vous êtes raciste ou anti-musulman fait que vous vous taisez. C'est la meilleure arme qu'on pouvait trouver à l'égard des gens de bonne foi.

  • France Inter, le 6 janvier 2016
  • « Élisabeth Badinter : “Il ne faut pas avoir peur de se faire traiter d'islamophobe” », Louis Hausalter, Marianne, 6 janvier 2016 (lire en ligne)


Les associations qui luttent contre le racisme sont fort utiles car on ne peut nier l'existence d'un racisme anti-maghrébin, anti-africain mais aussi antisémite. C'était un combat juste et nécessaire. La lutte s'est peu à peu focalisée non plus sur une origine géographique ou ethnique, mais sur la religion. Les personnes défendues n'étaient plus des Arabes mais des musulmans. Nous avons clairement confondu les deux. Là se situe le dévoiement, une glissade intellectuelle détestable. La reconnaissance de l'altérité n'implique pas que nous soyons contraints d'entériner des coutumes et des traditions qui sont contraires à nos valeurs.

  • « La gauche n'a jamais été aussi soumise aux injonctions religieuses », Entretien avec Élisabeth Badinter réalisé par Valérie Toranian, Revue des Deux Mondes, Juin 2016, p. 14, 15


La bonne conscience des différentialistes, de ceux qu ont défendu le relativisme culturel et le communautarisme jusqu'à l'absurde, m'a toujours frappée. Je me souviens à quel point nous étions considérés comme intolérants, il y a trente ans, lorsqu'on se permettait de critiquer la polygamie. Dans les années quatre-vingt, j'entendais maintes personnalités du Parti socialiste et de l'extrême gauche dire qu'il fallait admettre ces traditions étrangères à nos valeurs. Voir par exemple le discours de Danielle Mitterrand, de Jack Lang ou de Lionel Jospin. Ils ont sincèrement cru qu'ils incarnaient un progrès de la tolérance. Leurs propos étaient commandés par toute cette philosophie du relativisme culturel et surtout par ce désir absolu de ne pas se comporter comme les coloniaux pouvaient le faire cinquante ans plus tôt.
La reconnaissance nécessaire de l'égalité de tous et de la liberté de chacun est devenu une arme que les plus radicaux retournent contre nous. Peu à peu s'est imposée l'idée qu'on n'avait pas à intervenir dans cette montée en puissance du religieux dans les quartiers. On n'a jamais vu la gauche si soumise aux injonctions religieuses...

  • « La gauche n'a jamais été aussi soumise aux injonctions religieuses », Entretien avec Élisabeth Badinter réalisé par Valérie Toranian, Revue des Deux Mondes, Juin 2016, p. 15, 16

Voir aussi

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