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Église (institution)

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Une Église est, dans le cadre du christianisme, une assemblée de croyants.

Le véritable adversaire de l'Église latine en tant qu'institution, alors même qu'il démontre qu'elle a produit de grandes infamies, doit savoir qu'elle a produit de grands saints. C'est l'agent de change obtus, qui n'a aucune notion d'histoire et n'accepte aucune religion, qui est néanmoins parfaitement convaincu que tous ces prêtres sont des coquins.


La vérité est que l'Église catholique commença par être platonicienne — peut-être même trop. L'air doré de la Grèce que respirèrent les grands théologiens grecs étaient saturé de Platon. Les Pères de l'Église furent plus authentiquement néo-platoniciens que les néo-néo-platoniciens de la Renaissance. Chrysostome ou Basile pensent tout naturellement Logos ou Sofia, qui est le mot des philosophes, comme n'importe quel tenant d'une religion actuelle pense question sociale, progrès et crise économique mondiale. L'évolution intellectuelle de saint Augustin, qui fut platonicien avant d'être manichéen et manichéen avant d'être catholique, suit une courbe naturelle. C'est ici exactement que l'on peut apercevoir la première faille, le signe avant-coureur du danger d'être trop platonicien.


L'Église aurait-elle honte d'avoir été celle qui a été à l'origine du plus prodigieux trésor visuel connu ?
Cette religion de la représentation, de la réflexion de la figure, et du respect du visage, qui ne prône ni la Loi ritualisée du judaïsme ni le détachement du monde des bouddhistes, ni le dépouillement des réformés, ni l'iconodulie des orthodoxes, la religion catholique m'est apparue longtemps comme la plus respectueuse du témoignage de sens, la plus attentive aux formes et aux parfums du monde. C'est en elle aussi qu'on rencontre la plus profonde et la plus surprenante tendresse. Le catholicisme me semble avant tout une religion non pas du détachement, ni de la conquête, ni d'un Dieu jaloux, mais une religion de la douceur.


Là sans doute a été et demeure aujourd'hui la grandeur de l'Église : elle est née de la contemplation et de l'adoration d'un enfant qui naît, et elle s'est fortifiée de la vision d'un homme qui ressuscite. Entre ces deux moments, la Nativité et Pâques, elle n'a cessé de lutter contre «la culture de la mort», comme elle le dit justement.
Un Dieu sans la présence du Beau est plus incompréhensible qu'un Beau sans la présence d'un Dieu.


L'institution dans l'Église ne peut être valable que s'il y a interférence, choc, bouleversement, initiative de Dieu. S'il y a événement. Sans cette intervention du Saint-Esprit, l'institution d'Église obéit exactement aux lois de toute institution. Elle est un corps purement sociologique.
  • L'Espérance oubliée (1972), Jacques Ellul, éd. La Table Ronde, coll. « Contretemps », 2004, p. 139


L'Église est le groupe ouvert à tout homme en tant qu'homme ; il est le lieu propre de la vie rachetée, le lieu des charismes et de la charité, le lieu du tout pénétré de l'influence d'en haut ; l'institution est au service de la personne qui s'y enrichit et s'y édifie. (...) jadis le groupe était essentiellement limitatif : en soutenant l'individu, il l'emprisonnait. Maintenant il le libère. La communauté et la personne sont ordonnées l'une à l'autre.
  • Les Idées maîtresses de l'Ancien Testament, Albert Gelin, éd. Cerf, 1949, p. 53-54


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