Dante Alighieri
Dante Alighieri (Florence, mai 1265 — Ravenne, 14 septembre 1321) est un poète, un homme politique et un écrivain florentin.
L'Enfer (1308-1321)
[modifier]Chant premier
[modifier]Au milieu du chemin de notre vie
je me retrouvai par une forêt obscure
car la voie droite était perdue.
Ah dire ce qu'elle était est chose dure
cette forêt féroce et âpre et forte
qui ranime la peur dans la pensée !
- (it) Nel mezzo del cammin di nostra vita
mi ritrovai per una selva oscura,
ché la diritta via era smarrita.
Ahi quanto a dir qual era è cosa dura
esta selva selvaggia e aspra e forte
che nel pensier rinova la paura!
- La Divine Comédie : L'Enfer (1308-1321), Dante (trad. Jacqueline Risset), éd. Flammarion, coll. « GF bilingue », 1992 (ISBN 2-08-070725-6), chant I, p. 24-25, vers 1-6 (texte intégral sur Wikisource)
Chant deuxième
[modifier]« Qu’est-ce donc ? Pourquoi, pourquoi t’arrêtes-tu ? Pourquoi héberges-tu tant de lâcheté dans ton cœur ? Pourquoi manques-tu d’ardeur et de courage,
« Quand trois telles dames bénies ont souci de toi dans le ciel, et qu’un bien si grand te promettent mes paroles ? »
Comme les tendres fleurs inclinées et fermées par la gelée nocturne, lorsque le soleil blanchit relèvent leur tige et s’ouvrent :
Ainsi fut-il de mon courage lassé, et une ardeur si vive me revint au cœur
- La Divine Comédie : L'Enfer (1308-1321), Dante (trad. Félicité Robert de Lamennais), éd. Didier, 1863, chant II, p. 232, vers 41-44 (texte intégral sur Wikisource)
Chant seizième
[modifier]Toujours autant qu’il peut, l’homme doit clore ses lèvres à ce vrai qui ressemble au mensonge ; car, sans faute aucune, il attire la honte :
Mais ici je ne puis le taire, et par les vers de cette Comédie, par mon désir que longtemps ils plaisent, je te jure, lecteur,
Qu’à travers l’air épais et sombre, je vis monter, nageant, une figure qui aurait troublé le cœur le plus ferme ;
Semblable à celui qui, ayant plongé pour dégager l’ancre retenue par un rocher ou quelque autre empêchement caché dans la mer,
Étend les bras et le corps, ramenant à soi les pieds.
- La Divine Comédie : L'Enfer (1308-1321), Dante (trad. Félicité Robert de Lamennais), éd. Didier, 1863, chant seizième, p. 334-335, vers 42-45 (texte intégral sur Wikisource)
Chant vingtième
[modifier]Si Dieu permet, lecteur, que de cette lecture tu retires du fruit, pense toi-même si d’un œil sec
Je pus voir de près notre image tellement déformée, que, des yeux coulant le long du dos, les pleurs baignaient la croupe.
Certes, appuyé contre un fragment du dur rocher, tant je pleurais que mon Guide me dit : « Es-tu, toi aussi, comme les autres insensés ?
« Ici vit la pitié, lorsque bien elle est morte [2]. Qui plus coupable est que celui qu’émeut de compassion le jugement divin ?.
- La Divine Comédie : L'Enfer (1308-1321), Dante (trad. Félicité Robert de Lamennais), éd. Didier, 1863, chant vingtième, p. 361, vers 7-10 (texte intégral sur Wikisource)
Chant vingt-quatrième
[modifier]dit mon maître : « ce n'est pas assis sous la plume
ni sous la couette, qu'on arrive à la gloire ;
or qui consume sa vie sans elle
laisse de soi, sur terre, trace pareille à celle
de la fumée dans l'air, et de l'écume dans l'eau.
Lève-toi donc ; vaincs cette angoisse
par le courage qui gagne les batailles,
s'il ne fléchit pas sous le poids du corps. [...] »
- (it) « Omai convien che tu cosi ti spoltre »,
disse 'l maestro ; « ché, seggendo in piuma,
in fama non si vien, né sotto coltre ;
sanza la qual chi sua vita consuma,
cotal vestigio in terra di sé lascia,
qual fummo in aere e in acqua la schiuma.
E pero leva su ; vinci l'ambascia
con l'animo che vince ogne battaglia,
se col suo grave corpo non s'accascia. [...] »
- L'Enfer, Dante Alighieri (trad. Jacqueline Risset), éd. Flammarion (ISBN 978-2080712165), p. 219 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
que par l'action ; car la juste requête
doit être suivie par l'acte sans discours. »
- (it) « Altra risposta », disse, « non tu rendo
se non lo far ; ché la dimanda onesta
si de' seguir con l'opera tacendo. »
- L'Enfer, Dante Alighieri (trad. Jacqueline Risset), éd. Flammarion (ISBN 978-2080712165), p. 221 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
Le Purgatoire (1308-1321)
[modifier]Chant premier
[modifier]- (it) Dolce color d'orïental zaffiro,
- La Divine Comédie : Le Purgatoire (1308-1321), Dante (trad. Jacqueline Risset), éd. Flammarion, coll. « GF bilingue », 1992 (ISBN 2-08-070724-8), chant I, p. 16-17, vers 13 (texte intégral sur Wikisource)
Chant onzième
[modifier]- La Divine Comédie : Le Purgatoire (1308-1321), Dante (trad. Félicité Robert de Lamennais), éd. Didier, 1863 (ISBN 2-08-070725-6), chant onzième, p. 76, vers 31 (texte intégral sur Wikisource)
Chant seizième
[modifier]« S’il en était ainsi, en vous serait détruit le libre arbitre, et point ne serait-ce justice de recueillir pour le bien la joie, pour le mal les pleurs.
« Du ciel vos mouvements ont leur commencement, je ne dis pas tous ; mais supposé que je le dise, pour discerner le bien et le mal une lumière vous est donnée,
« Et le libre vouloir. Qui ne se refuse point à la fatigue des premiers combats contre le ciel, résiste, puis vainc tout, s’il se nourrit bien [2].
« À une force plus grande et à une nature meilleure, libres, vous êtes soumis[3], et celle-ci en vous crée l'esprit, que le ciel n'a pas sous sa dépendance.
« Si donc le monde présent dévie, en vous en est la cause, en vous doit-elle être cherchée
- La Divine Comédie : Le Purgatoire (1303-1321), Dante (trad. Félicité Robert de Lamennais), éd. Didier, 1863 (ISBN 2-08-070725-6), chant seizième, p. 117, vers 23-28 (texte intégral sur Wikisource)
Chant dix-septième
[modifier]Tel, en opprimant son prochain, espère l’excellence, et pour cela seul il souhaite que de sa grandeur il soit jeté bas ;
Tel craint de perdre pouvoir, faveur, honneurs, renommée, si un autre s’élève ; et d’autant plus il s'en attriste, qu’il aime plus le contraire.
Tel d’une injure parait tant s’irriter qu’il devient avide de vengeance ; et celui-ci force est qu’il cherche le mal d’autrui.
Cet amour triforme ici-dessous se pleure[4].
- La Divine Comédie : Le Purgatoire (1308-1321), Dante (trad. Félicité Robert de Lamennais), éd. Didier, 1863 (ISBN 2-08-070725-6), chant dix-septième, p. 127-128, vers 38-42 (texte intégral sur Wikisource)
Le Paradis (1308-1321)
[modifier]Chant deuxième
[modifier]« Point, certes, ne devrais-tu désormais être frappé d’étonnement, voyant que, même à la suite des sens, court est le vol de la raison.
- La Divine Comédie : Le Purgatoire (1308-1321), Dante (trad. Félicité Robert de Lamennais), éd. Didier, 1863 (ISBN 2-08-070725-6), chant deuxième, p. 270, vers 18-19 (texte intégral sur Wikisource)
Chant onzième
[modifier]Qui suivant le droit, qui les aphorismes[6] et qui le sacerdoce, s’en allait, et qui à régner par force ou par sophismes,
Qui à voler, qui aux affaires civiles, qui enfoncé dans les plaisirs de la chair, se fatiguait, et qui se plongeait dans l’oisiveté,
Tandis que moi, dégagé de toutes ces choses, en haut avec Béatrice j’étais si glorieusement accueilli dans le ciel.
- La Divine Comédie : Le Purgatoire (1308-1321), Dante (trad. Félicité Robert de Lamennais), éd. Didier, 1863 (ISBN 2-08-070725-6), chant onzième, p. 341, vers 1-4 (texte intégral sur Wikisource)
Sur Dante
[modifier]Félicité Robert de Lamennais
[modifier]- La Divine Comédie : L'Enfer (1314), Dante (trad. Félicité Robert de Lamennais), éd. Didier, 1863, Introduction, p. 63-64 (texte intégral sur Wikisource)
Notes et références
[modifier]- ↑ « Combien courte est la gloire de ceux qui paraissent avoir atteint le sommet de l’art, si la barbarie, en arrêtant le progrès, n’empêche pas que d’autres s’élèvent au-dessus d’eux. »
- ↑ « Contre l’influence des astres. » Il s’agit du ciel matériel, et des vaines doctrines, alors si répandues, de l’astrologie judiciaire.
- ↑ S’il continue de combattre avec courage.
- ↑ Ces trois sortes d’amours vicieux sont punies dans les cercles situés au-dessous de celui-ci, le cercle des Superbes, le cercle des Envieux et le cercle des Colères.
- ↑ « Lorsque les sens ne nous apprennent pas ce que sont réellement les choses dont nous jugeons. »
- ↑ Les aphorismes d’Hippocrate, la médecine.